Nomination d’un ami à la tête d’Investissement Québec: le ministre Pierre Fitzgibbon démissionnera s'il nuit au gouvernement

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Qu'il quitte donc, s'il ne veut pas nuire au gouvernement Legault...


Irrité par les reportages sur la nomination de son ami Guy Leblanc à la tête d’Investissement Québec, le ministre Pierre Fitzgibbon affirme qu’il pourrait quitter ses fonctions si les médias s’acharnent sur lui.


«Si ma présence au Conseil des ministres est perçue comme étant négative ou est une embûche à ce que M. Legault accomplisse au Québec dans les prochains quatre ans ou huit ans, je vais démissionner, c’est clair», a déclaré aujourd'hui le ministre de l’Économie, au terme d’une mêlée de presse où il a donné sa version des faits sur la vente de ses parts dans l’entreprise Move Protéine, dont il était actionnaire avec M. Leblanc.


Du même souffle, M. Fitzgibbon assure toutefois qu’il ne compte pas quitter ses fonctions d’ici peu, soulignant avoir affronté d’autres «tempêtes» dans sa vie professionnelle. Mais les reportages à son sujet «doivent cesser». «À un certain moment, j’ai autre chose à faire que cela», a-t-il déclaré en anglais.



Le nouveau patron d'Investissement Québec, Guy Leblanc, et le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon

CAPTURE D'ÉCRAN, TVA NOUVELLES

Le nouveau patron d'Investissement Québec, Guy Leblanc, et le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon




La semaine dernière, notre Bureau d’enquête révélait que le nouveau PDG d’Investissement Québec est un ami personnel et partenaire d’affaires du ministre Fitzgibbon. De plus, en raison du nouveau mandat d’IQ, le salaire de Guy Leblanc a été bonifié de 50 % par rapport à celui de son prédécesseur.


Pierre Fitzgibbon a également déploré que son adresse personnelle ait été publiée par Le Journal dans une capture d’écran, la semaine dernière. De plus, le ministre nie avoir fait fi des recommandations de la firme de chasseurs de têtes embauchée pour recruter le nouveau PDG d’Investissement Québec, comme le rapportait le quotidien La Presse, récemment. «C’était le choix numéro un, sans aucune équivoque», assure-t-il.


Vendu l’automne dernier


Par ailleurs, le ministre a révélé avoir vendu ses intérêts dans Move Protéine l’automne dernier, alors que le registre des entreprises affirme pourtant que les deux hommes étaient actionnaires de l’entreprise jusqu’au 10 avril. «Celle-là, j’ai fait la transaction à l’automne et on l’a matérialisée présentement, dit Pierre Fitzgibbon. Pourquoi je l’ai fait? Juste pour simplifier la... D’avoir une action dans Move Protéine, qui vend 2000 $ par mois, ça n’a aucun impact sur l’enjeu de Guy Leblanc et Pierre Fitzgibbon. Je l’ai fait pour simplifier, pour ne pas avoir à travailler avec ça. J’ai demandé de la vendre, effectivement.» En anglais, il a précisé que la vente a eu lieu au mois de décembre.


Est-ce à dire que le ministre savait déjà, l’automne dernier, que son ami et partenaire d’affaires serait nommé à la tête d’IQ? Pierre Fitzgibbon a refusé de répondre directement. «Toutes mes sociétés privées sont à vendre, toutes, les 13 que j’ai», s’est-il contenté de déclarer. Si Move Protéine a été vendue parmi les premières, il s’agit d’un simple hasard, dit-il.


Pas de conflit d’intérêts


Malgré l’ouverture d’une enquête de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, Pierre Fitzgibbon affirme qu’il n’a rien à se reprocher en lien avec la vente de ses actions dans Move Protéine. L’«enquête concernera principalement la détention d'intérêts, par le ministre, dans certaines entreprises», a indiqué mardi, par communiqué, l’organisme de surveillance.  


Le ministre Fitzgibbon, lui, assure que les actions qu’il détient dans des entreprises cotées en Bourse ont été confiées dans un mandat sans droit de regard, comme le requiert le code d’éthique de l’Assemblée nationale. Toutefois, les intérêts dans des compagnies privées comme Move Protéine n’ont pas à être confiés à un mandataire sans droit de regard, selon le ministre.


Pourtant, l’attaché de presse du ministre affirmait la semaine dernière que tous les placements et actions détenus par le ministre de l’Économie avaient été transférés dans une fiducie sans droit de regard. C’est cette fiducie qui aurait effectué les récentes transactions «à la demande de M. Fitzgibbon», avait précisé Mathieu St-Amand.   


Le ministre Fitzgibbon dit aujourd’hui avoir l’intention de vendre l’ensemble des participations qu’il possédait quand il a été élu le 1er octobre dernier. «Ces compagnies-là, je ne peux pas les vendre facilement», souligne-t-il, par opposition à des actions boursières.