L’invention de Facebook aura au moins eu un intérêt, peut-être le seul : être à l’origine d’un très bon film, The social network, de David Fincher, avec Jesse Eisenberg et Justin Timberlake, actuellement sur nos écrans.
Le film ne décrit pas (heureusement) le fonctionnement de Facebook, mais il en donne, en quelque sorte, l’ADN. Il montre comment, en 2004, l’étudiant à Harvard Mark Zuckerberg, "geek" de génie, mais handicapé du sentiment et du coeur a perdu son seul véritable ami, pour créer le réseau aux 500 millions d’"amis" virtuels, tout en amassant une fortune.
Le portrait psychologique de Zuckerberg, assez fin, brossé par le film, en dit long sur la vraie origine de Facebook : une véritable passion malsaine pour la vie des autres, nourrie pas une jalousie et une frustration sociale lancinantes, chez un jeune homme immature aux dons informatiques hors normes.
Evidemment, Zuckerberg parle plus facilement à son ordinateur qu’aux jeunes filles, et c’est parce que l’une d’entre elles le traite sans ménagement d’ "Asshole" qu’il dévoile sur le réseau de l’Université des détails sur son anatomie et fait exploser le serveur avec les premiers échanges de données personnelles.
Très vite, l’argent, grand accélérateur de succès, d’ambition, d’intrigues et de trahison s’en mèle et propulse le créateur de Facebook au pinacle d’Internet et de la gloire.
Facebook, c’est nous
Revenir à l’origine de Facebook, plutôt que tenter de décrypter sa réussite insolente, c’est sans doute l’attaquer sur son seul point faible. Et nous mettre devant notre responsabilité. Facebook ne gagne de l’argent qu’en vendant le profil de ses utilisateurs, en violation de l’esprit (et probablement de la lettre) des lois françaises et européennes sur les données personnelles. Mais nous sommes complices de ce viol, quand nous livrons ces données au réseau. Facebook, c’est nous.
Ainsi, tout revient à une décision personnelle. Inutile de dénoncer le "Big Brother" étatique, totalitaire, extérieur à nous. Il suffit de résister à la tentation d’ouvrir un compte Facebook. Ou bien de le fermer s’il est déjà ouvert (ce qui n’est pas si facile, car il ne suffit pas de désactiver son compte, comme le montre ce mode d’emploi).
Donc, pour rester libre, il faudrait perdre des "amis". Mais qu’est-ce qu’un ami ? Facebook prospère dans une société de solitude, dans laquelle les rapports sociaux ont tendance à s’étioler. Après les mass-médias qui captivent l’attention et l’imagination des individus, les réseaux sociaux donnent l’illusion de recréer du lien transversal, entre les êtres. Mais aucune technologie, aucune entreprise ne peut fabriquer de l’amitié vraie ! L’amitié ne se monnaie pas, ne s’achète pas et n’est pas cotée en Bourse."Si on me presse de dire pourquoy je l’aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en respondant : Par ce que c’estoit luy, par ce que c’estoit moy". Zuckerberg n’est probablement pas un grand lecteur de Montaigne.
No Facebook !
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 novembre 2010Plein de monde ont des idées. C'est le financement qui permet de les réaliser.
C'est le groupe Bilderberg qui a financé Zuckerberg.
Ils aimaient l'idée.
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
31 octobre 2010Très intéressante votre analyse de ce site ( trop) réputé qui fait autant d'adeptes !.. Nous sommes nombreux je pense ( j'espère?) à ne pas y être inscrits et à le rejeter systématiquement malgré le nombre "d'amis" qui nous y invitent.. Il est tellement de bon ton d'être sur facebook et si l'on n'y est pas on passe pour un ringard ..un empêcheur de tourner en rond.. ou pire pour quelqu'un qui voit des complots partout ..
Notre societé aujourd'hui perd tristement ses repères, les valeurs auxquelles elle croyait dans le passé, que ce soit la religion (qu'on soit pour ou qu'on soit contre) ou toutes les valeurs morales laïques qui nous structuraient, mais l'être humain a besoin de s'appuyer sur quelque chose, alors que reste-t-il aujourd'hui à une societé basée sur l'argent et le profit, à part ce grand vide autour de soi ?.. Ce n'est pas étonnant que tant de personnes partent en (vaine) quête d'amitié sur ces sites virtuels .. au lieu de relire Montaigne !