Monsieur Charest, je vous aime

Élection Québec 2012

MONSIEUR CHAREST, JE VOUS AIME, par Nathalie Ragheb

Mister Charest, I love you


Aujourd’hui, c’est devenu évident. Je ne peux plus faire semblant.
En revenant du boulot tout à l’heure, j’ai croisé plein de petits groupes de gens qui faisaient un vacarme épouvantable avec des casseroles. Ça m’a décroché un large sourire. Des jeunes, des moins jeunes, des enfants, tous à leurs casseroles jusqu’au parvis de l’église à côté de chez moi. Je vous dois le plaisir de ce tintamarre et de l’esprit de communauté qui réchauffe le cœur.
Je vous aime, parce que je vous trouve vraiment fort de tenir tête aux étudiants sans broncher, en gardant votre cool comme si de rien n’était. C’est bon pour eux. Comme Ministre de la Jeunesse, vous avez réussi à les mobiliser et à les intéresser à la politique. Vraiment, trop fort. Il y avait si longtemps qu’on la déplorait, vous avez secoué leur apathie et prouvé qu’un politicien peut rejoindre la jeunesse. Vous êtes brillant.
Je vous aime parce que, grâce à vous, ma ville a lancé la saison des festivals beaucoup plus tôt que de coutume. Nous avons eu droit à des marées humaines, des foules joyeuses et unies, pleines de couleurs et de sons, rassemblant des gens de tout âge, de toute origine, de toute appartenance socio-économique. Les automobilistes sourient même aux piétons, et vice versa. Vous êtes un grand rassembleur.
Je vous aime parce que vous avez su donner des rôles de choix aux femmes dans votre caucus et faire la preuve qu’il y a de la place pour les femmes aux plus hautes instances du pouvoir. Vous êtes même allé jusqu’à vous effacer pour qu’elles puissent rayonner de tous leurs feux. Votre façon de lutter contre la discrimination, par l’exemple, est admirable. Vous incarnez le grand principe de l’égalité des sexes.
Je vous aime pour tout ce que vous faites pour la culture. Non seulement stimulez-vous l’économie avec votre Plan Nord, vous stimulez les artistes, acteurs, musiciens, écrivains, à prendre position et à prêter leurs noms à une cause. Bien plus, vous inspirez des chansons, des poèmes, des illustrations, des montages, dont l’ingéniosité est si réjouissante qu’on pourrait passer des heures à s’y baigner. Vous êtes la muse de tant de personnes talentueuses que je rougis d’oser vous avouer mon amour.
Je vous aime parce que vous avez réussi le coup de force de nous sortir du petit débat sur la hausse des frais de scolarité pour l’élargir à la question du sens même de la démocratie. Vous avez ouvert les échanges sur des sujets aussi divers que la pertinence de nos institutions académiques, judiciaires, policières, gouvernementales, la qualité de nos médias et la valeur réelle des sondages d’opinion. Il y avait longtemps qu’on n’avait lu autant de textes intelligents, argumentés, structurés. On avait même oublié l’importance de la pensée critique dans une société. Vous l’avez remise à l’avant-plan et avez redonné aux intellectuels, universitaires ou de salon, leurs lettres de noblesse. Vous êtes un grand debater et votre courage est sans limites.
Je vous aime parce que le mouvement dont vous êtes l’instigateur a des échos à travers le monde. Il fait partout l’envie de ceux qui ont à cœur l’équité, la justice, la démocratie et le bien commun. Vous avez réussi à attirer l’attention de la planète sur le Québec et contribué à donner espoir aux mouvements de contestation de l’idéologie néolibérale qui s’agitent en Occident. Vous êtes un grand bâtisseur.
Je vous aime parce que vous avez su rester humble, malgré toutes ces réalisations. Jamais vous ne courez au devant des caméras pour prendre le mérite de tout ce que vous faites. Jamais vous ne cherchez à voler la vedette à vos ministres. Cette humilité est si touchante, que je rougis encore de mon effronterie.
Au Téléjournal, je vous ai vu travailler à rebâtir le parti progressiste conservateur, tout seul après sa grande débâcle – qu’aucun sondeur de l’époque n’avait prédite. Je vous ai ensuite vu arriver en grande pompe à l’assemblée nationale pour la lutte des titans avec Lucien Bouchard. Après avoir assisté à l’échec du référendum de 1995, je n’osais plus regarder le Téléjournal tant je craignais de tomber sur un reportage vous concernant.
Depuis votre entrée au pouvoir en 2003, ce sont tous les médias que j’évitais.
Je comprends maintenant que c’est à cause de l’émotion que j’avais peur d’éprouver en voyant des images de vous. Je ne vous remercierai jamais assez, Monsieur Charest, d’avoir insisté pour vous rappeler à mon attention. Comme disait Michel Rivard à la grande manifestation du 22 mai, je m’étais endormie sur mes rêves. Vous m’avez réveillée.
D’ailleurs, je me suis interrompue en vous écrivant, pour aller faire un tour à la manifestation de casseroles que j’entendais passer sur la rue d’à côté. J’ai dit bonjour à mes voisins, salué la centaine de manifestants; ça fait beaucoup de bien, vous savez, tout ce que vous faites. Ça crée un sentiment d’appartenance, ça redonne envie de croire en quelque chose de mieux.
Pardonnez mon impertinence, Monsieur Charest. J’avais perdu l’habitude de sortir de ma réserve, de réfléchir sur des questions qui avaient du sens, d’écrire. Je vous semble peut-être malhabile et inconvenante, mais il fallait que je vous le dise. Je vous aime.


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