La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, joue les équilibristes avec sa mise à jour de la situation économique et financière du Québec. Avec sa fameuse sacoche en main, l'exercice est certes périlleux, mais non insurmontable devant le parterre d'électeurs.
La ministre a pensé à tout le monde dans le document rendu public hier. Entrepreneurs, investisseurs, salariés, retraités et assistés sociaux obtiendront un petit quelque chose pour rester confiants et faire face au ralentissement qui frappera inexorablement le Québec jusqu'en 2010.
Mme Jérôme-Forget a fouillé dans tous les petits compartiments de son précieux sac à main - la recherche de l'équilibre l'exige - pour rappeler ses engagements passés et répondre aux divers besoins exprimés lorsque les rendements boursiers fluctuent, que les carnets de commandes s'amincissent, que le crédit se raréfie, que les emplois s'envolent et que le pouvoir d'achat diminue.
La ministre a bien sûr aussi pensé à son parti. Il n'est jamais bon de se mettre une "clientèle" à dos en période électorale. Les huées peuvent déstabiliser. Il faut donc être généreux et tendre la main à tous, même aux organisations syndicales.
Le retour possible au déficit décrié par l'opposition ne risque pas de choquer outre mesure les électeurs ni de faire basculer la ministre dans le vide.
Lorsque les gens regardent dans la cour de leur voisin américain, y voient la crise et craignent de subir le même sort, ils se soucient peu que le budget soit en équilibre réel ou fictif. Aux grands maux les grands remèdes. Ils tolèrent une situation fragile si le but est de faire rouler l'économie et de limiter ici les effets de la crise américaine et européenne.
Les citoyens ne sont pas naïfs. Ils savent bien qu'ils auront à se serrer la ceinture si le gouvernement est à nouveau dans le rouge. À court terme, ils apprécient cependant que l'État leur donne un peu d'oxygène en période de turbulences.
Par ailleurs, ceux qui ont vu hier la ministre évoluer sur son fil budgétaire ont compris qu'elle aurait très bien pu faire sa présentation sans que son gouvernement n'appelle les électeurs aux urnes.