Où est passée la crise?

Déclaration sur les valeurs communes <br>Contrat d'adhésion


(Québec) La terre n'a pas tremblé cette semaine à Hérouxville ni à l'Assemblée nationale lorsque la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, a présenté son plan global d'intégration des immigrants et de valorisation de la diversité. Et dire que l'an dernier, des Québécois disaient leur identité menacée et souhaitaient que Québec mette un frein à l'immigration!
La commission Bouchard-Taylor, cela vous dit quelque chose? Des mois d'audiences publiques et de recherches, 900 mémoires, 3,7 millions $ et un rapport de 300 pages en mai dernier.
Au début de 2007, le gouvernement Charest avait dû mandater Gérard Bouchard et Charles Taylor pour apaiser une crise autour des pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles. Le Québec était sens dessus dessous.
Rappelez-vous. La soupe aux pois lardée risquait de disparaître du menu des cabanes à sucre, la religion catholique de s'effacer au profit des religions des «étrangers» à l'école, et la culture et les valeurs des Québécois de souche de se dissoudre dans un flot d'immigrants.
L'indifférence manifestée cette semaine par rapport au plan de Mme James montre la justesse de la thèse Bouchard-Taylor voulant que la crise autour des accommodements raisonnables en était une de perceptions.
De mauvaises perceptions alimentées par les dérapages médiatiques et par l'opportunisme politique de l'ADQ et du PQ auquel s'ajoute maintenant celui du Parti libéral à la veille d'élections. Que conclure d'autre?
Le calme est revenu sans que le gouvernement Charest ne procéde à des changements majeurs et n'investisse beaucoup plus dans l'intégration des nouveaux venus.
Comme s'il suffisait de conserver le crucifix à l'Assemblée nationale pour que les craintes identitaires s'apaisent, que les différences s'estompent et que les immigrants que nous souhaitons toujours plus nombreux s'intègrent sans effort au Québec. À moins que les travaux de la commission n'aient eu un effet pédagogique extraordinaire.
Le plan de la ministre James ne change pas le cadre qui existait avant la commission Bouchard-Taylor.
La déclaration que devront dorénavant signer les futurs immigrants a en effet une valeur purement symbolique. Même sans un engagement écrit, les nouveaux arrivants se devaient de respecter les lois et les chartes établies au Québec et au Canada.
La déclaration sur les valeurs communes sera un simple rappel. Elle n'éliminera pas non plus l'obligation d'établir dans certains cas des compromis entre les droits des uns et ceux des autres. Les accommodements raisonnables continueront d'exister.
En fait, pour que les relations entre immigrants et Québécois de souche soient plus harmonieuses, il faut plus qu'une signature sur un bout de papier. Il faut aussi que les personnes nées ou établies ici depuis longtemps aient en tête ce que prescrivent nos lois et nos chartes, et les respectent.
On ne peut promouvoir la liberté de religion dans une charte et réclamer du même souffle que la nôtre ait prépondérance sur celle des autres dans la vie courante.
On ne peut exiger que les nouveaux arrivants maîtrisent notre langue si nous la malmenons nous-mêmes et si nous acceptons aisément de la laisser au vestiaire lorsque nous arrivons dans nos lieux de travail. On ne peut non plus insister sur l'égalité entre les hommes et les femmes si nous acceptons toujours des formes de discrimination.
Nous avons tout faux si nous pensons qu'il appartient aux immigrants de faire l'ensemble du travail. Nous devons tous faire un bout de chemin dans nos écoles, dans nos quartiers, dans nos institutions, dans nos milieux de travail. Le «nous» et le «eux» doivent apprendre à cohabiter, à vivre ensemble.


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