Mon cher René

René Lévesque — 25e anniversaire

Mon cher René,
Il y a vingt-cinq, sans prévenir, tu quittais cette terre pour les cieux éternels. Sept ans avant ton décès, tu avais perdu le référendum portant sur la souveraineté-association, ou, comme tu le disais à Claude Morin en visite à Paris, sur la création d’une « authentique Confédération canadienne ». Le Québec, très majoritairement, te disait « NON » à une simple négociation avec Ottawa. Tu ne demandais que ça et on t’a refusé de faire uniquement ça!
Malgré l’échec référendaire, le départ de plusieurs de plusieurs de tes ministres, ton remplacement par un chef qui nous ramenait à l’Union nationale, tu as continué à parler du Québec, de l’aimer, d’écrire sur lui, de le faire vivre et de tenter de le faire avancer. À la fin, désabusé sans doute de l’inertie de ton peuple, tu t’es résigné à lui parler du « beau risque fédéraliste ». Mais, de cela je te pardonne. Mais cela n’a en rien changé mes opinions politiques personnelles et mes opinions sur toi. Je RESTE UN SÉPARATISTE. Tu resteras éternellement sans doute un CONFÉDÉRALISTE.
Tu restes cependant pour moi un homme exceptionnel. Tu as été un politicien hors du commun. Tu restes et tu resteras encore pour longtemps le plus grand chef d’État que le Québec a produit.
Nous avons eu la joie de nous croiser surtout durant les campagnes électorales de 1970 et 1973. Tu me trouvais un peu trop séparatiste à ton goût – j’étais dans la foulée de Pierre Bourgault. À part cette divergence, nos rapports ont toujours simples et amicaux. Je reste l’homme que tu as connu, avec les mêmes convictions. Malheureusement, ton parti a dévié de sa trajectoire initiale. Tu disais qu’un parti qui n’arrive pas à réaliser ses objectifs en trente-cinq ans devrait se saborder. Ton parti vient de prendre le pouvoir, avec sensiblement le même pourcentage de suffrages qu’en 1973. Il est sans doute temps qu’il se réaligne ou disparaisse.
Tu as laissé sur le Québec une marque indélébile. Une façon d’être chef d’État qui n’a jamais été imitée. Tu étais un homme simple, généreux, attaché à ton peuple, le guidant, l’éduquant, lui donnant souffle et courage. Lorsque tu visitais les régions – ce que tu faisais sans cesse –, des foules immenses t’attendaient, habituellement dans des salles enfumées, pleines à craquer. On t’écoutait en silence. On s’abreuvait à tes paroles martelées, scandées, généreusement lancées. On te citait. On t’aimait parce que tu étais près de ton peuple et on sentait que tu aimais ton peuple. Tu ne lui donnais pas tout ce qu’il voulait. Tu lui donnais ce que tu étais. Et le peuple était content.
Ton discours touchait les coeurs, ouvrait à l’espérance, chamboulait nos existences. À la sortie de tes rencontres annoncées à l’avance, les gens se parlaient, se soutenaient, s’engageaient. Tu étais notre bougie d’allumage, notre fer de lance, notre poussée vers l’avant.
Dois-je parler de toi comme le plus grand de tous nos leaders québécois? Il ne fait aucun doute dans mon esprit que tu as été le plus grand d’entre nous tous. Originaire de ma Gaspésie natale, tu restes et tu resteras encore longtemps l’homme phare, l’homme rassembleur, l’homme qui fait germer l’inédit, la prise en charge, l’accomplissement à venir d’un peuple. Merci, mon cher René. Salutations à mon bon ami Doris Lussier. Un vrai. Un authentique. Un unique, comme toi! Nous avons mené ensemble la bataille de l’indépendance. Doris dans Matapédia. Moi, dans Matane. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait. On a travaillé visière levée. Maintenant, on travaille si peu pour l’indépendance que je me demande si jamais elle se fera. On préfère la gouvernance souverainiste (une expression qui ne veut rien dire) à l’indépendance tout simplement.
J’ai écouté hier le discours inaugural. J’espère que tu en as pris connaissance sur RDI. Tu as dû être drôlement déçu. Pas une fois, je crois, le mot souveraineté ou indépendance a été prononcé. Il faut le faire!
Je quitterai cette séparatiste. Je ne peux me convaincre du contraire. Les gens de ton parti ont troqué cet idéal naturel pour un peuple, pour quelques heures de pouvoir.
On se voit bientôt.
***
Nestor Turcotte, ancien candidat de ton parti dans Matane (1970-1973)


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9 commentaires

  • Nestor Turcotte Répondre

    4 novembre 2012

    Monsieur Gignac,
    Je viens de relire pour une nième fois le très beau livre ÉGALITÉ ou INDÉPENDANCE de Daniel Johnson.
    Si j'étais un peu plus riche, j'en ferais imprimer un numéro pour chaque député péquiste. Afin de leur rappeler qu'ils sont à des années-lumière de son discours politique.
    Il faut vite changer de véhicule. Je le redis. REDIS cent fois si c'est possible, car dans quelques mois, il sera trop tard. Pauline Marois aura donné le coup de grâce au mouvement indépendantiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 novembre 2012

    Monsieur Turcotte
    Moi qui suis allé à l'école de Pierre Bourgault et qui regarde le PQ aller aujourd'hui; c'est une vraie honte nationale! Quelle est la différence entre l'autonomie provinciale de l'ancienne Union nationale et la gouvernance souverainiste de Marois? Aucune. J'en suis venu à souhaiter la disparition du PQ comme celle arrivée à l'Union Nationale; les indépendantistes se sont faits rouler carrément dans la farine. Il est urgent que l'Action Nationale prenne du gallon et qu'elle remplace ce parti devenu moribond.
    André Gignac 4/11/12

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2012

    @ Pierre Girard
    Un gros merci pour vos références sur les "chemtrails" que j'ai regardées avec beaucoup d'attention. Lorsque j'en parle avec des gens ou des amis, il m'arrive souvent qu'on me regarde avec un air perplexe qui en dit long. Ici dans les Laurentides, ces avions bourrés de produits chimiques survolent régulièrement le ciel. Pas surprenant du tout, ces maladies de la peau qu'on nous montre dans les vidéos. Vous connaissez la chanson: "What goes up must come down"; les vrais criminels ne sont pas tous en prison. Sur "google", inscrivez le mot "chemtrails". vous aurez beaucoup d'informations sur ce sujet de plus en plus préoccupant pour la santé publique.
    André Gignac 2/11/12

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2012

    Monsieur Turcotte
    Je ne fus pas toujours d'accord avec les gestes politiques posés par René Lévesque mais par contre, par son charisme, il avait le don de nous stimuler, de nous donner confiance en l'avenir. Aujourd'hui, nous sommes gouvernés par des politiciens froids, cyniques, des carriéristes quoi! Dans mes derniers commentaires, je leur ai laissés vraiment savoir ce que je pensais réellement d'eux. Jamais de toute ma vie, je n'aurais pensé que le Québec, dans toute son histoire, ne descendrait aussi si bas avec toute cette corruption, cette magouille et cette assimilation qui est à nos portes.
    La question que je me pose,est celle-ci: " Le peuple québécois s'est-il définitivement écrasé pour de bon?" J'en suis venu à penser que seule une révolution par le peuple et pour le peuple peut changer les choses; ne comptons pas sur quelques petites réformettes par nos politiciens qui ne sont, en réalité, que les marionnettes de l'establisment économique ou des oligarques si vous voulez. Il va falloir qu'il se passe rapidement quelque chose sinon nous risquons d'imploser. Seule une pression continuelle par n'importe lequel moyen peut forcer nos dirigeants politiques à apporter des changements majeurs et ça passe par l'indépendance. J'ai bien aimé vous relire.
    André Gignac 2/11/12

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2012

    René Lévesque était au coeur de l'arme climatologique à ses débuts - l'ensemencement de nuages.
    Aujourd'hui, si une personne ose parler des chemtrails, on la regarde de travers.
    Dossier détaillé sur : http://rene-levesque.pierregirard.org
    Honnêtement, personnellement, je ne sais pas trop quoi penser de René Lévesque. C'était un politicien dans un monde trouble, et, trop souvent, les politiciens sont des pions du système, des corporations et de l'oligarchie qui domine ce monde. En tout cas, je ne m'embarquerais pas dans ce genre « de grand hommage » à donner le Bon Dieu sans confession. MAIS, je vous comprends tout de même, M Turcotte, puisque vous avez connu de près ce grand homme. Cela fait qu'il vit toujours dans votre coeur et votre esprit.

    Tristement, maintenant, avec ces trucs occultes qu'on nous cache, on en est rendu à des horreurs du genre :
    VIDÉO : Morgellons a TVA : http://youtu.be/3n-F5DaCxtw (vidéo retirée sur TVA, certainement trop dégueux et cela ferait poser trop de questions)
    Margellons, la maladie qui fair regarder le ciel et les étoiles : http://youtu.be/dWy2zGLwyZo
    Bonne fin de journée
    Pierre Girard - http://pierregirard.org/

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    1 novembre 2012

    Monsieur Turcotte,
    Concernant René Lévesque, vous affirmez : « … Tu restes et tu resteras encore pour longtemps le plus grand chef d’État que le Québec a produit. »
    Le verdict du peuple ne fait que confirmer cette vérité par ce sondage réalisé aujourd’hui par Cyberpresse (01-11-2012)
    Question du jour
    René Lévesque est mort il y a 25 ans aujourd'hui. Selon vous, a-t-il été le plus grand premier ministre de l'histoire du Québec?
    Oui -------------------- 60 %
    Non -------------------- 33 %

    Je ne sais pas ---------- 7 %
    Nombre de votes : 15 386 (à 23 : 45 )
    ***
    JLPM

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2012

    M. René Lévesque était contre la simple souveraineté du Québec, son indépendance totale ou sa séparation du Canada, contrairement à Messieurs Parizeau, Michaud, Aussant et aux Caribous qui veulent encore se jeter rapidement dans la séparation du Québec, malgré la forte minorité de séparatistes québécois.

    M. Lévesque a été lâché par les Parizeau et Laurin à cause de ce qui précède. M. Lévesque, contre M. Laurin, ne souhaitait pas la loi 101, il aurait préféré se contenter de convaincre, pour faire la place au français, à la place de forcer le français par cette loi 101.

    La dollar à adopter, dans un Québec souverain, a été le talon d'Achille des souverainistes, ce qui a retenu M. Robert Bourassa dans les rangs fédéralistes. Ça devrait être aussi le talon d'Achille de la séparation de l'Écosse, dont le référendum est prévu pour 2014, qui devrait changer de la Livre à l'Euro, si elle quittait l'Angleterre. L'Écosse ne pourrait plus imprimer ses propres billets de banque, comme elle est autorisée à le faire maintenant, comme partie du Royaume-Uni.
    En passant, c'est M. Bouchard qui a tiré le référendum près du 50 % en 1995, pas M. Parizeau qui s'en allait vers 40 % de OUI quand il a fait appel à ses services et à la souveraineté-partenariat.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2012

    (correction dernier paragraphe)
    Je quitterai cette terre, toujours séparatiste.
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2012

    Mon cher Nestor,
    Tu présentes un bel hommage à René Lévesque de qui tu relèves beaucoup de qualités associées à son charisme d'homme près du peuple.
    Étant donné qu'il y a toujours un revers à une médaille, pour moi, c'est Jacques Parizeau qui est le plus grand Premier ministre parce qu'il a mené le Québec à la souveraineté, n'eut été le vol du référendum du 30 octobre 1995.
    Quelqu'un écrivait récemment qu'au soir du 30 octobre 1995, Jacques Parizeau n'aurait pas dû démissionner, mais plutôt prendre le temps d'analyser le scrutin, et analyser les malversations orchestrées par le camp du NON. Il y a eu plus de noms qui ont voté qui n'étaient pas inscrits sur la liste des bénéficiaires de l'assurance-maladie du Québec qu'il y a eu de votes établissant la fausse victoire du NON.
    UN grand défaut de René Lévesque est de n'avoir pas compris l'importance d'une monnaie québécoise et d'une Banque du Québec et d'avoir omis d'expliquer aux Québécois la nécessité pour un pays d'avoir sa monnaie. Il faut relire, maintenant en traduction française, le livre magistral de Jane JACOBS, intitulé LA QUESTION DU SÉPARATISME publié chez VLB Éditeur en 2012. Ce livre a été édité originalement en anglais en 1980.
    Être près du peuple est un atout que René Lévesque a mal utilisé.
    François A. Lachapelle, retraité et actionnaire minoritaire d'H.-Q.