Lettre ouverte du ministre Lebel dans La Presse

Mettre fin à la dépendance, c'est l'indépendance!

Tribune libre

Denis Lebel, le ministre des Affaires intergouvernementales et de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, a signé une lettre ouverte aux Québécois intitulée «Mettre fin à la dépendance» le jeudi 30 janvier dans La Presse. Dans cette dernière, il affirme ressentir un certain embarras face à ce qu’il juge être une dépendance économique du Québec (notamment sur la question de la péréquation) envers le reste de la fédération canadienne. Comme il le dit lui-même, «[j]e suis un père de famille et grand-père de merveilleux petits-enfants. Je rêve pour eux du jour où le Québec créera plus de richesse et sera assez prospère pour devenir financièrement et économiquement autonome (…). Malheureusement, au Québec, nous semblons être «encarcanés» dans une époque de moratoires, de manifestations et de peur d’avoir peur.» Il souligne également que nous n’exploitons pas suffisamment nos ressources naturelles et, évidemment, que la priorité des conservateurs fédéraux est l’économie via la création d’emplois et les baisses d’impôts, le tout dans la visée ultime «d’un Québec plus fier, plus fort et plus autonome au sein d’un Canada uni.»
Ce texte de monsieur Lebel est révélateur d’une manière de penser qui est méprisante envers le peuple québécois et qui devrait nous faire réfléchir sur notre place dans le Canada. N’en déplaise à monsieur Lebel, le Québec ne ressemblera jamais au reste du Canada et c’est justement, à mon sens, ce qui constitue sa richesse nationale. Par exemple, le fait de manifester et de militer sur divers fronts (notamment pour mettre en place des moratoires, comme le souligne le ministre avec un grand manque de respect) est une grande force de la démocratie québécoise. À cet effet, il est aberrant que de telles actions soient rejetées du revers de la main de façon aussi arrogante et méprisante par le ministre Lebel qui les réduit à des mesures contre-productives et vides de sens. Je suis fier du Québec justement parce qu’il ne se lance pas aveuglément dans des projets qui soulèvent toutes sortes d’enjeux nuisibles notamment sur le plan environnemental, identitaire, social et moral.
Par ailleurs, pour répondre directement à monsieur Lebel, je pense qu’il est tout à fait légitime que certaines questions sociales nous fassent peur et les luttes qui en découlent ne devraient pas être considérées comme inutiles, mais essentielles à l’édification d’une société plus juste et humaine qui valorise le bien commun. N’ayons pas peur d’affirmer que nous refusons les sermons des conservateurs fédéraux en matière de progressisme, plus particulièrement par rapport à la question environnementale. Qu’ils nous reconnaissent comme nous sommes et non comme ils voudraient que nous soyons, c’est-à-dire comme des partenaires d’affaires qui se conforment à leur vision strictement économique de la réalité.
Je conclurai en notant que monsieur Lebel et ses collègues ne semblent vraisemblablement pas réaliser que leur discours paternaliste et moralisateur a comme effet paradoxal de renforcer cette impression que le Québec dépend effectivement du cadre fédéral pour survivre. D’une part, ils défendent la redistribution économique par le fédéral, mais de l’autre, ils nous font sentir coupables de recevoir cet argent qui nous revient. Que ceux qui tiennent de tels propos fassent un examen de conscience! Assumons notre autonomie jusqu’au bout et refusons de nous plier aux idéaux que cherchent à nous imposer les conservateurs. Si nous ne convenons pas à ce point au Canada, il y a une façon toute simple de mettre fin à la dépendance, c’est l’indépendance!


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 février 2014

    Mon cher Denis. As-tu déjà essayé de lire La Presse dans un restaurant. Pour lire ce journal ça prends un bureau
    de Ministre, une limousine et un chauffeur.
    Nous les Québécois n'avons pas ses moyens, nous sommes
    limités à lire le journal sur le coin de la table.
    Mais le coin de la table nous as appris a avoir du "poignet" des couilles et à savoir s'en servir.
    A bon entendeur salut.
    Bye,
    Michel (Mike)

  • Archives de Vigile Répondre

    1 février 2014

    Pourquoi la Presse M. Lebel. Si vous voulez rejoindre le
    peuple, le vrai, il faut écrire dans le journal de Montréal. Le journal le plus lu dans la belle province.
    J'ai aussi des enfants et des petits-enfants. Se que je veux leurs légués, s'est d'être fier de se qu'ils sont,
    des Québécois et rien d'autre.
    Quand quelqu'un viens sonner chez-nous. Je ne lui réponds
    pas que je suis comme le voisin. Je suis se que je suis
    et si je ne faits pas l'affaire. Il n'a qu'à sonner à une autre porte. Ca ne prends pas la tête à "Papineau" pour comprendre ca. Dans votre quête du pouvoir auriez-vous
    oublié qui est Louis-Joseph Papineau.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    31 janvier 2014

    Oui, pour ces gens-là, qui ont quitté très tôt leur région (les Bleuets, pour Lebel), qui ont "appris l'anglas pour de vraa..." à Ottawa, en admirant tout ce qu'étaient ceux qui n'ont pas eu à faire d'effort pour l'apprendre, le Québec est devenu le passé! Ce qu'ils ont mis tant de temps à apprivoiser, dans l'anglosphère, c'est le progrès! C'est l'univers. Et ce qui le remet en question, c'est l'ignorance.
    Ils conçoivent, comme leur "nouveau monde", le Canada comme un patchwork de personnes venues de partout pour construire dans l'harmonie ce grand territoire entre trois océans. Tous ensemble pour un Canada uni! Et dans leur milieu, nous leur faisons honte quand nous parlons du passé, la période française du Canada.
    Les assimilés, de génération récente ou plus ancienne, se sentent la responsabilité de nous offrir la civilisation, comme Lord Durham: "Pour les sortir de la misère, il faut leur fournir les avantages de l'Empire". Leurs maîtres, à court de patience, seraient prêts à nous placer dans une réserve en nous votant une rente à vie, pendant qu'ils occuperaient tout le territoire, incluant le fleuve. Mais nos anciens congénères semblent réclamer une trêve, le temps de nous faire comprendre que pour conserver la gestion du sol, il faut collaborer, ne parler cette langue désuète qu'à la maison, laisser passer devant, les administrateurs plus expérimentés, s'incorporer à la grande politique, celle du donnant/donnant, partager les us et coutumes des "autres", oublier cette foutue différence qui agresse nos compatriotes... soyons plus sociables et l'on nous sourira davantage.
    Mais pendant qu'ils s'anglicisaient, ils n'ont pas vu qu'on se québécisait, ici. Ils n'ont pas vu qu'on observe le monde, ici. Les loups déguisés en moutons, on les a vu opérer au Moyen-Orient, en Europe. On les voit arriver ici avec des plans de mondialisation de la violence. Si les assimilés croient que le succès vient par l'uniformité, nous avons appris à demeurer intègres à nous-mêmes, à lutter avec la nature et à lire les signaux de fumée dans le ciel: ne pas légiférer s'il n'y a pas de problème? Au contraire, légiférer pendant qu'on voit venir le problème. Face à une conquête, on a déjà donné. On est prêts.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2014

    J'aurais une suggestion pour M. Lebel...
    1- Abolir la loi sur la clarté
    2- Faire voter une loi à Ottawa interdisant au gouvernement fédéral, ou à toute autre province, d'intervenir dans une campagne référendaire au Québec.
    Si le Québec fait librement le choix de l'indépendance, Ottawa n'aura plus à payer de péréquation au Québec. Voilà qui devrait réjouir M. lebel!