Éléments de réflexion sur le projet de loi 60

Misons sur le bien commun

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Tribune libre

Le projet de loi 60 du PQ, c’est-à-dire la «Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement» soulève un ensemble d’enjeux auxquels sont confrontées les sociétés occidentales contemporaines. Je proposerai ici quelques éléments de réflexion qui me semblent fondamentaux lorsque l’on aborde de telles questions.
Au niveau du projet de charte en général, je pense que c’est une bonne chose de se diriger collectivement vers un projet social à l’intérieur duquel chaque individu accepte de mettre son ou ses identités particulières en suspend et de valoriser la solidarité sociale dans le cadre d’un projet axé sur le «bien commun». Comme le note Jacques Beauchemin dans La société des identités. Éthique et politique dans le monde contemporain (Athéna Éditions, 2007),«[la] marche des identités doit pouvoir se réclamer d’un projet politique de maîtrise des forces centrifuges de la fragmentation de la société, un projet capable d’opposer à la montée de l’individualisme une idée de la solidarité.» (p.221)
Au sujet de l'interdiction des signes religieux ostentatoires, elle devrait s'appliquer seulement pour les employés de l'État qui sont en position d'autorité, ce qui implique, à mon avis, une discussion collective sur ce que signifie l'autorité au Québec. À cet effet, selon moi, il n'y a pas que les gardiens de prisons, les juges, les policiers, etc… qui sont en position d'autorité, mais également les professeurs et les éducatrices de garderie qui incarnent une autorité morale face aux enfants.
Si je considère que certains employés de l'État québécois devraient effectivement enlever leurs symboles religieux ostentatoires en raison de la neutralité qu'ils doivent incarner, tout ce débat ne devrait pas être réduit à la question du «symbole». En effet, c'est quelque chose d'accepter de l'enlever pour ceux en position d'autorité, mais cela en est une autre d'accepter, qu'on le porte ou non, que nos croyances religieuses, qui relèvent du privé, ne doivent pas avoir d'influence dans la sphère du travail qui relève de la dimension publique de notre existence.
Personne ne sera jamais absolument neutre puisque nous sommes tous modelés par différentes valeurs, croyances et idées qui font ce que nous sommes, mais il est à la portée de chacun de faire un choix de société dans le sens de l'édification d'un projet collectif qui reconnaît évidemment le pluralisme comme élément central, mais dans le cadre où chacun accepte que le commun est le terrain sur lequel l'expression du particulier acquiert sa plus grande richesse.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2014

    Si on accepte que les employés des organismes publics, à l'exception de ceux qui sont en position d'autorité - une distinction nouvelle dans notre conception de l'État - et, y compris, les enseignantes et les enseignants, puissent afficher leurs signes religieux ostentatoires est-ce que vous acceptez que les non croyants des organismes publics, qui ne font pas partie de cette catégorie, puissent afficher également leur croyance non religieuse selon leur liberté de conscience en portant des chandails, des casquettes ou des des macarons sur lesquels seraient inscrits les mots : "Je suis athée et fier de l'être", "Dieu n'existe pas", "Dieu est mort", "Allah, rentres chez toi dans le désert, ici tu vas geler", "Yahvé, ton peuple n'est pas plus élu que le mien" etc", "Aie, les cathos, vous allez pas nous remettre cela avec votre Inquisition de merde"?
    Cela veut-il dire aussi que vous acceptez que le voile islamique, symbole par excellence du sexisme, c'est-à-dire le marquage des êtres humaines en fonction de leur sexe et porte-étendard par excellence de l'islamisme intégriste, soit acceptable pour les employés des organismes publics, à l'exception de ceux que vous mentionnez?
    Cela veut-il dire que, demain matin, vous accepteriez que des employés des organismes publics, à l'exception de ceux et celles qui vous décrivez, pourront se promener avec une couronne d'épines sur la tête et une croix dans le dos avec un Jésus en plâtre qui saigne, dans le cadre de leur travail, tout en demandant des accommodements "raisonnables" pour arrêter de travailler à 15:00 heures tous les jours pour honorer "leur Seigneur"?
    J'aimerais cela connaître votre réponse. La tyrannie ne vient pas des non croyants. Elle vient des croyants qui veulent envahir le pouvoir temporel pour imposer LEUR VISION DE LA VIE ET LEUR VISION DE LEUR CONCEPTION DU MONDE. Les croyants, eux, ont la décence minimale de se faire discrets et de se la fermer. Mais, comme on dit, dans le tango de la laïcité dite "ouverte", il faut être deux pour danser le tango.
    Moi, j'ai juste un message à envoyer à ces gens-là : croyez aux légendes que vous voulez, mais nous, on ne veut pas le savoir et surtout on ne veut pas le voir. Me semble que c'est assez clair. ON EN A ASSEZ DE LA TYRANNIE DE DIEU, CE CONCEPT ABSTRAIT ET VIRTUEL QU'ON NOUS IMPOSE DEPUIS L'ENFANCE. FOUTEZ-NOUS LA PAIX AVEC VOS LÉGENDES ET DÉGAGEZ L'ESPACE CIVIQUE. C'est la moindre des choses.
    Pierre Cloutier