Léa, Mathieu et Daphnée en mission

McGill-la-bienfaitrice

Et McGill n’hésite pas à conclure que le Québec lui tient à cœur et que son engagement envers nous est indéfectible. Une fleur de lys avec ça ?

Actualité québécoise 2011

« Lorsque nos étudiants en médecine dentaire vont soigner les personnes en milieu défavorisé… »
30 secondes de propos lénifiants et édifiants qui propulsent McGill au rang des grands bienfaiteurs du Québec. C’est évidemment McGill qui le dit, dans une publicité répétée plusieurs fois par jour depuis des semaines à la télévision québécoise.
McGill se donne le beau rôle, et c’est vrai que chacun des faits rapportés, sans doute véridiques, attire la sympathie : outre les étudiants-dentistes philanthropes, il y a les jardiniers nourrisseurs de pauvres et les apprentis-médecins dirigés vers la pratique familiale. C’est l’université au service du petit peuple quoi!
Et McGill n’hésite pas à conclure que le Québec lui tient à cœur et que son engagement envers nous est indéfectible. Une fleur de lys avec ça?
L’art de la publicité est de présenter un produit ou une situation à l’avantage du client. À ce point de vue, on peut dire que la campagne publicitaire actuelle de McGill est une réussite totale. Si on en reste à l’impression donnée, McGill est sans reproche et le Québec n’a que se féliciter de compter une telle institution en son sein.
Par contre, si on gratte un peu ce portrait idyllique, on s’aperçoit qu’il y a derrière une réalité plus prosaïque et moins rose. D’abord, McGill, conjointement avec ses deux consoeurs anglophones (Concordia et Bishop), draine beaucoup de ressources. 25%, semble-t-il, du budget des universités québécoises, alors que la population de langue maternelle anglaise est de moins de 10%. Sans compter le fonds de dotation de McGill, qui est de loin le mieux nanti de ceux de toutes les institutions de haut savoir au Québec. Quand on est si bien pourvu, n’est-ce pas un peu normal et bon pour l’image de consentir quelques faveurs à la populace francophone?
Mais ces bienfaits méritent-ils qu’on alloue 50% des fonds destinés aux méga-hôpitaux dans tout le Québec à McGill? De toute évidence, McGill veut continuer à en mener large, ainsi que la communauté qu’elle représente et dont elle est issue. Sous l’œil impassible et bienveillant non seulement de Jean Charest et de ses troupes mais aussi de Pauline Marois et de l’essentiel de son parti.
Car toute l’action sociale de McGill, dans le domaine de la santé en particulier, ne doit pas cacher le fait troublant que bon an mal an 50% des diplômés en médecine de McGill, formés en bonne partie à nos frais, quittent le Québec. C’est une déperdition immense, qui n’est certainement pas compensée par les bonnes œuvres dont nous parle la publicité. Combien de francophones qui souhaiteraient étudier en médecine à Montréal, Laval ou Sherbrooke ne le peuvent pas parce que la place est prise par les futurs médecins de Swift Current, de Thunder Bay ou de Prince George?
Québécoise, McGill? Non, McGill est une institution « canadian », au service de sa communauté et du pays de Stephen Harper, et accessoirement du Québec. Qu’on cesse de nous jeter de la poudre aux yeux, et avec notre argent en plus!


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4 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 février 2011

    «Mais ces bienfaits méritent-ils qu’on alloue 50% des fonds destinés aux méga-hôpitaux dans tout le Québec à McGill ?».
    La réponse est: NON, absolument pas! McGill pirate nos ressources, à former des médecins dont la moitié (pourtant formés grâce à nos impôts, en bonne partie) vont quitter le Québec. Et les autres? Ils seront nombreux à travailler en anglais.
    Voilà pour l'engagement social, et l'amour du Québec, de MC GILL UNIVERSITY!

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2011


    A l'occasion d'un voyage en France, j'ai rencontré une diplômé française de McGill. Sa connaissance du Québec se bornait au West Island et ses amis «Canadiens» étaient surtout des Manitobains (anglos probablement). Elle insistait pour parler anglais aux membres de notre groupe parce qu'elle nous percevait comme des Canadiens et s'étonnait même que nous préférions parler français. Pour elle, le Canada était un pays «merveilleux» et «english speaking country». Et les Québécois dans tout ça? Connaissait pas!
    McGill une université québécoise? Ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2011

    Ce qui me frappe moi, c'est l'absence quasi complète des universités francophones sur la place publique. Moi aussi j'ai comme un petit malaise quand je me fais asséner cette publicité récurrente, du moins sur Radio Canada. J'ai exactement la même réaction que vous.
    Qui sait que 25% de toutes les places en internat médical du Québec sont réservées à McGill? Qui sait ça? Et on sait aussi que la plupart des finissants en médecine de McGill ne parlent pas français, malgré le fait que selon la Loi si je ne m'abuse pas, ils devraient tous et toutes être capables de communiquer en français pour obtenir leur diplôme...
    Et on sait aussi comme le rapporte un collègue ici, qu'une proportion effarante s'en vont ailleurs après leurs études.
    Etc...

  • Laurent Desbois Répondre

    30 janvier 2011

    45% des diplômés de la Faculté de médecine de McGill quittent le Québec

    http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2010/05/20100503-045900.html
    Des statistiques fournies par l’Association des facultés de médecine du Canada (AFMC) révèlent que 45 % des diplômés de la Faculté de médecine de McGill avaient quitté le Québec, en juillet 2009, deux ans après avoir complété leur résidence, pour s’installer principalement en Ontario.
    L’an dernier, le ministère de l’Éducation avait indiqué que la formation de chaque étudiant en médecine coûtait près de 160 000 $ aux contribuables québécois, « peu importe leur provenance géographique. »
    Cela représente une facture d’environ 6,7 M$ pour les 42 diplômés de McGill qui avaient quitté la province, en juillet 2009.
    Même si les frais de scolarité sont plus élevés pour les étudiants provenant de l’extérieur du Québec, ils ne couvrent qu’une partie des coûts de leur formation.