(Québec) Pas facile de livrer bataille quand vous êtes menacé par des tirs amis. Pauline Marois a beau dénoncer les intentions gouvernementales de hausser les tarifs, les voix se multiplient en faveur d'une telle ponction dans les poches des Québécois. Après Joseph Facal, François Legault et Nicolas Marceau, le nouveau député de Rousseau, voilà qu'Yvan Loubier donne son appui à la démarche du gouvernement Charest.
«Il faut cesser de crier à l'incompétence des élus qui nous gouvernent, peu importe le parti qu'ils représentent, comme source des maux qui affligent les finances publiques», a écrit M. Loubier dans une lettre aux médias, jeudi. «Il est indéniable qu'un gouvernement responsable doit susciter ce débat [sur les finances publiques].»
M. Loubier a beau avoir quitté la politique et travailler chez National, il était le porte-parole le plus crédible du Bloc québécois en matière de finances publiques jusqu'en 2006 et candidat péquiste aux élections de 2007.
Tiendrait-il les mêmes propos s'il avait été élu? On peut en douter.
La ligne du parti
«Un économiste peut faire différentes hypothèses [...] mais un militant et un député peuvent faire des choix pour la population québécoise», a tranché Pauline Marois, mercredi, lorsqu'elle a été interrogée sur l'appui de son nouveau député Nicolas Marceau à une hausse des tarifs.
Est-ce à dire que la ligne du parti doit passer avant les convictions du député? C'est souvent le cas, dans tous les partis politiques. D'ailleurs, préparez-vous à voir le député Marceau ajuster son discours à celui de Mme Marois au cours des prochaines semaines...
La solitude de l'opposition
Les opinions exprimées par MM. Facal, Rousseau, Marceau et Loubier montrent à quel point la chef du PQ est isolée dans sa bataille contre une majoration des tarifs. C'est la raison pour laquelle elle a tenté, cette semaine, d'orienter le débat vers les sommes réclamées par le Québec à Ottawa. Mais on devine qu'en privé, Mme Marois estime également que le gouvernement devra hausser les tarifs. D'ailleurs, si on relit ses interventions avec soin, on constate que son objection à une hausse des tarifs porte principalement sur le moment. Elle estime, avec raison, qu'il ne faut pas imposer un choc tarifaire aux Québécois en pleine récession, ce avec quoi les libéraux sont d'accord. Le débat lancé au congrès du Parti libéral ne visait qu'à nous préparer à une telle hausse, non pas à l'appliquer immédiatement. C'est lorsque les gouvernements seront rassurés sur la reprise économique qu'ils imposeront les hausses tarifaires nécessaires à l'équilibre des finances publiques.
Le véritable débat qui opposera les élus portera non pas sur la nécessité d'une hausse, mais sur les secteurs d'activité touchés par ces augmentations. Tarifs d'électricité? Frais de garderie? Frais universitaires? Assurance médicaments? Assurance automobile? Permis de chasse et pêche? La liste est longue. C'est à ce chapitre que les partis politiques auront des opinions vraiment différentes, selon qu'ils soient de droite, du centre, de gauche, souverainiste, fédéraliste, autonomiste ou solidaire.
Questions
- Quelle mouche a piqué les candidats à la direction de l'ADQ, pour transporter leur débat de Montréal dans les studios de leur ancien chef, Mario Dumont? Serait-ce qu'ils avaient besoin d'un modérateur complaisant qui ne posera pas de question sur leur formation scolaire?
- Tarifs : l'électricité est moins chère au Québec, 68,12 $ par mois pour une consommation de 1000 kWh, comparativement à 111,66 $ à Toronto et à 191,24 $ à Boston. Mais comment se fait-il que les coûts à Winnipeg (64,41 $) et à Vancouver (69,78 $) soient comparables à ceux du Québec. Aurait-on, là-bas aussi, des blocs patrimoniaux?
Marois et les tirs amis
Les opinions exprimées par MM. Facal, Rousseau, Marceau et Loubier montrent à quel point la chef du PQ est isolée dans sa bataille contre une majoration des tarifs.
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