Un p'tit 2 $ pour Jean Charest

Pauline Marois a donc raison de pousser dans le dos de Jean Charest.

Budget Québec 2010


(Québec) Pendant que Jean Charest lance un débat sur la hausse des tarifs au Québec, son homologue ontarien Dalton McGuinty se prépare à émettre des chèques à ses contribuables l'été prochain, à même les 4,3 milliards $ consentis par Stephen Harper pour l'harmonisation de sa taxe de vente avec la TPS. Une compensation refusée au Québec...
C'est assez habile de la part de Pauline Marois de renvoyer Jean Charest à ses devoirs à Ottawa, dans le contexte de la discussion actuelle sur les tarifs. Depuis le départ de Monique Jérôme-Forget, Québec n'a pas fait de bruit autour de sa demande de 2,6 milliards $ pour avoir harmonisé sa taxe de vente avec la TPS en 1992. Pendant que les fonctionnaires des Finances et du Conseil du trésor grattent les fonds de tiroirs pour trouver de nouvelles sources de revenus, le gouvernement ontarien peut déjà inscrire un versement de 4,3 milliards $ du fédéral dans la colonne des revenus de son prochain budget.
Admettez que c'est plutôt insultant. On comprend donc mal que le Québec accueille aussi timidement et discrètement la fin de non-recevoir du fédéral. Stephen Harper soutient que les négociations se poursuivent, mais comme l'a révélé hier mon collègue Jean-Marc Salvet, le dossier est au point mort.
Pauline Marois a donc raison de pousser dans le dos de Jean Charest.
Cela dit, il faut aussi reconnaître que les sommes dues par Ottawa ne sont pas récurrentes et ne régleraient que temporairement les problèmes budgétaires du Québec. En fait, il y a déjà plusieurs années que le Québec peine à boucler ses budgets. Mme Marois le sait fort bien : en novembre 2002, elle avait soumis un mémoire au cabinet Landry annonçant deux années d'impasse budgétaire et proposant une consultation publique pour déterminer les moyens à prendre pour hausser les revenus gouvernementaux. Elle songeait déjà aux tarifs.
Les libéraux ont fait le même constat en 2003, mais ils ont gagné du temps avec des écritures comptables peu orthodoxes, et grâce aux augmentations importantes des transferts fédéraux consenties sous Paul Martin. La récession de cette année a accéléré le déséquilibre budgétaire, mais le Québec souffrait déjà d'un déficit structurel grave depuis l'an dernier.
Le gouvernement sait donc depuis longtemps qu'il se dirige vers un mur. Le Forum des générations de 2004 nous annonçait un déséquilibre budgétaire avec le vieillissement de la population. Le Fonds des générations a été créé en 2006 pour corriger ce déséquilibre, mais ce n'était pas suffisant. En 2008, le rapport Montmarquette sur la tarification des services publics a donné pour la première fois une idée de l'ampleur des sacrifices à faire pour payer la dette et renflouer les coffres du gouvernement. En décembre dernier, pendant la campagne électorale, les libéraux nous ont fait croire que tout allait bien, mais ils savaient que ce n'était pas le cas. Le dernier budget de Monique Jérôme-Forget, en mars, a lancé pour de bon le gouvernement sur la voie d'une hausse des tarifs. Le document de 110 pages intitulé Assurer la qualité et le financement des services publics, déposé à l'occasion de ce budget, annonçait clairement ce qui nous attend.
On aura donc beau réclamer des coupes dans les dépenses gouvernementales, comme le fait l'ADQ, ou se tourner vers Ottawa, ce que prêche le PQ, la récréation est terminée. La seule chose qui empêche le gouvernement de fouiller tout de suite dans nos poches, c'est la crainte de prolonger la récession. Mais dès que l'économie reprendra du mieux, le fisc sonnera à notre porte. S'il ne le fait pas, ce sont les agences de crédit qui nous mettront en faillite.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé