COMMISSION CHARBONNEAU

Marc Bibeau aurait vanté son influence de «conseiller» du PM

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Les mains sales?

Marc Bibeau se serait vanté d’être « en position pour influencer » l’octroi des contrats d’Hydro-Québec auprès d’une importante firme de génie-conseil, peu avant l’élection de son ami Jean Charest, en 2002.

L’argentier bénévole du Parti libéral du Québec (PLQ) aurait sollicité personnellement Georges Dick, le président de RSW, une firme de génie-conseil qui bénéficiait d’importants contrats d’Hydro-Québec pour la confection de barrages.

Il lui aurait demandé des sommes variant entre 60 000 $ et 80 000 $ au bénéfice du PLQ. M. Dick a été à la fois « surpris et choqué » par les démarches de Marc Bibeau, administrateur de Schokbéton et argentier bénévole du PLQ. « Je ne m’attendais pas à une approche aussi directe », a expliqué M. Dick, mardi à la commission Charbonneau.

« J’étais surpris aussi qu’il dise qu’il était conseiller de M. Charest et qu’il parlait de trafic d’influence. Il suggérait qu’il pouvait diriger des contrats, en enlever, en redonner », a-t-il ajouté.

Liens tardifs

Alors que les audiences publiques de la commission sont pratiquement terminées, M. Dick est le premier témoin à établir un lien direct entre le financement libéral et l’octroi des contrats chez Hydro-Québec. En contre-interrogatoire, M. Dick en a rajouté, au grand dam de l’avocat du PLQ, Michel Décary. « Il a très clairement indiqué qu’une contribution dans un “ comté ”, ça ne comptait pas pour lui. Il fallait que ce soit une contribution qui lui soit remise et il s’attendait à des montants de l’ordre de 60 000, 70 000, 80 000 $», a dit M. Dick.

M. Bibeau se serait présenté comme un conseiller de Jean Charest, qui était alors chef de l’opposition officielle. À la suite de la victoire libérale, en avril 2003, il aurait trimballé une carte le décrivant comme un conseiller du premier ministre. « Il m’en a montré une [carte]. C’était écrit sensiblement “ conseiller du premier ministre ” », a dit M. Dick.

La commission fait des vérifications à ce sujet. En août dernier, le Conseil exécutif a confirmé par écrit que Marc Bibeau n’a jamais occupé de fonctions au sein du cabinet du premier ministre pour la période visée par le mandat de la commission (1996 à 2011).

André Caillé, ancien grand patron d’Hydro-Québec, a expliqué en matinée que M. Bibeau avait déjà demandé à obtenir des informations sur l’octroi des contrats à des firmes de génie-conseil. M. Caillé croyait erronément que M. Bibeau détenait un poste de conseiller spécial du premier ministre.

La juge France Charbonneau a voulu en connaître davantage sur la demande de M. Bibeau à Hydro-Québec. « Ça l’était, et ça le reste pour moi aussi, nébuleux, Madame. Ce que j’en sais [de ce qu’il voulait savoir], c’était de l’information sur l’octroi de contrats par Hydro-Québec aux entreprises de génie-conseil. Est-ce que c’était qui va avoir quoi ou qui a eu quoi ou des tableaux ? » Il n’a pu le dire.

De façon plus générale, M. Caillé a assuré qu’il n’a vu ni corruption ni collusion durant ses années à Hydro-Québec, soit de 1996 à 2005. « Je pense qu’il n’y a pas de collusion, je suis convaincu qu’il n’y a pas de collusion à Hydro-Québec », a-t-il dit.

Marc Bibeau est ciblé par l’enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) sur le financement illégal du PLQ. Les policiers le soupçonnent d’avoir orchestré les campagnes de financement auprès des entrepreneurs et des firmes de génie-conseil, en étroite collaboration avec la responsable du financement, Violette Trépanier. Aucune accusation n’a été portée contre lui.

Lors de son témoignage, Tony Accurso a confirmé que Marc Bibeau l’avait sollicité pour donner de 25 000 $ à 30 000 $ par année au parti. Il n’était cependant pas allé aussi loin que Georges Dick, qui fait de Marc Bibeau un pivot central reliant les dons des entreprises et les contrats publics.

Joint par RDI, le conseiller de Jean Charest, l’avocat Grégory Larroque, a indiqué que M. Bibeau n’avait jamais eu de carte du gouvernement ni de fonctions de conseiller du premier ministre.

De son côté, Marc Bibeau a nié catégoriquement par voie de communiqué les propos « mensongers et diffamatoires » de M. Dick, en lui reprochant de manquer de crédibilité.


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