Michel David - Le Devoir 2008 10 11 - « Le prétendant » - Vigile - Le Devoir
Cher Michel,
Dans ton article intitulé « Le prétendant », publié dans Le Devoir d’aujourd’hui, 11 octobre 2008, je ne suis pas étonné que tu fasses ce qui me semble être la même erreur qu’en 1995 en favorisant le rapatriement du Chef du Bloc québécois à Québec :
« ... ( M. Duceppe ) a prouvé qu’il était un homme de devoir, pour ne pas dire de mission. Si les souverainistes se tournaient finalement vers lui, il pourrait difficilement dire non. À 61 ans, il tient encore la forme et il semble avoir retrouvé le goût de la politique, si jamais il l’avait perdu. Qu’il le veuille ou non, il est redevenu un prétendant. »
Qu’il le veuille ou non a son importance. Il peut dire ne pas le vouloir et dire non. Cela dit, en souhaitant qu’il veuille bien, dans les conditions actuelles, dire non en en profitant pour dire qu’il pourrait un jour postuler pour le vrai pouvoir que conférerait la Prédidence d’un vrai pays.
Je souhaite qu’il le fasse et pour les raisons justement qui le font homme de « mission ». Sa mission justement serait de faire en sorte que l’on dispose au Bloc d’un chef comme l’a été M. Bouchard et comme il l’est lui, maintenant. D’autant qu’il en a fallu du temps pour qu’il le devienne vraiment et avec autant de profondeur après avoir chaussé les souliers de M. Bouchard ( non sans « l’intérim » de M. Michel Gauthier ). Il faudrait tout recommencer après son départ... à moins que M. Parizeau ne le remplace... ( ce qui nous priverait de l’impact d’avoir une femme dans l’équipe de rêve ) et pour peu que cela soit possible et souhaitable, je ne vois pas comment.
M. Duceppe n’est nommément « prétendant » que par ton fait, pour le moment. J’espère pour ma part que l’on en restera là, et que les souverainistes résisteront à faire comme toi. S’il est effectivement « prétendant » au poste de Premier ministre du Québec, cela ne peut que miner la crédibilité de Madame Marois, ne peut qu’encourager le fait qu’on ne l’appuie pas comme on le devrait, puisqu’elle ne serait qu’un chef en sursis, en attente du « messie »... Cela n’est absolument pas souhaitable et il y a une autre avenue possible. On pourrait essayer autre chose, non ?
Le saut funeste de M. Bouchard
M. Bouchard en devenant Premier ministre du Québec n’a fait que perdre l’avantage que lui procurait le fait de n’avoir pas à gouverner... M. Parizeau le faisait très bien. En préférant M.Bouchard tout au long de l’avant campagne référendaire de 1995, nous nous sommes affaiblis, et nous avons déchanté quand M. Bouchard a fait le saut, lui le premier... Il formait avec M. Parizeau une équipe de rêve. S’il n’avait pas été encouragé par des gens comme toi, peut-être que nous aurions pu disposer d’une équipe gagnante plus longtemps. M. Parizeau aurait pu être dans d’autres dispositions le soir de la défaite s’il n’avait pas senti qu’on espérait le voir remplacé par le « messianique » Lucien Bouchard de l’époque. En lieu et place, nous avons perdu deux grands chefs... Mais pour cela il aurait fallu que dès le début 1995, M. Bouchard renonce au poste de Premier ministre d’une « Province ». Le fait qu’on a espéré qu’il vienne à Québec avant l’accession à la souveraineté de l’État, nous aura affaiblis. Par contre, le fait qu’il se dise être disponible pour le faire seulement après une décision en ce sens, nous aurait rassurés pour la suite des choses, et nous aurait incités peut-être à passer la rivière. En lieu et place... on sait ce qu’il est advenu de ce « messie »...
Je préfère de beaucoup ce que j’encourage dans le texte suivant :
« Bien que vous soyez éminemment qualifié pour être Premier ministre d’une Province, vous avez une excellente occasion pour déclarer que vous n’en ferez rien. Après avoir songé à cette séduisante hypothèse qui vous ferait devenir Premier ministre du Québec, vous déclarez maintenant et solennellement que si un jour vous postulez aux plus hautes fonctions de l’État du Québec, ce ne pourra être que dans celles qui comptent vraiment, celles qui procureraient le vrai pouvoir pour le Québec. À savoir, lorsque le peuple démocratique et souverain du Québec fondera l’État souverain du Québec ce qui vous permettra d’éventuellement poser votre candidature aux suffrages qui éliront le premier Président de la République du peuple souverain du Québec. » ( Il pourra bien sûr le dire en ses propres mots... ) ( Texte intégral dans Vigile Une occasion en or )
Un vrai chef pour un vrai pays
J’étais en désaccord avec toi et tes invitations semblables faites en 1995... et le suis toujours aujourd’hui. M. Duceppe, le Chef du bloc, incarne on ne peut mieux la stabilité, la constance et la pérennité du mouvement souverainiste et en exprime et défend fort bien le bien-fondé. Comme un chef d’État peut le faire. Nous devrions en convenir et en tirer profit, au lieu d’espérer qu’il se transforme en sauveur de la patrie. Il forme avec madame Marois, qui n’a pas eu encore la chance de montrer ce qu’elle peut faire dans la bataille, une équipe rêvée... Pourquoi déjà miner cette équipe en supposant qu’il pourrait faire mieux, seul...
Au plaisir,
Luc A.
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