Loi 101: Charest critiqué par ses troupes

La langue - un état des lieux


Tommy Chouinard - Le gouvernement Charest se fait reprocher par son propre parti de ne pas en faire assez pour assurer le respect de la loi 101. Le Parti libéral du Québec presse en effet son chef, le premier ministre Jean Charest, d'augmenter le budget de l'Office québécois de la langue française (OQLF), de lui confier plus de pouvoirs, et de hausser de façon «significative» les amendes imposées aux commerces qui violent la loi.


Cette recommandation est formulée par l'un des trois groupes de réflexion créés par Jean Charest l'été dernier pour se pencher à l'avenir du parti. Leurs propositions, qui vont de l'ajout de 10 stations au métro de Montréal à une révision de la loi sur le zonage agricole, ont été rendues publiques hier.
Pour permettre au PLQ de reconquérir l'électorat francophone, le groupe de réflexion sur l'identité a décidé de miser sur la langue. Le gouvernement doit selon lui privilégier un resserrement dans l'application de la loi 101. Mais le groupe de réflexion ne va pas jusqu'à exiger des amendements à la Charte de la langue française. «Le cadre législatif actuel est suffisant», a dit son président, l'avocat et ex-candidat Marc Tanguay.
Mais en termes voilés, il a reproché au gouvernement de ne pas tout mettre en oeuvre pour que la Charte de la langue française soit respectée. «Si (la loi) était très bien appliquée, appliquée de façon la plus effective possible, on rencontrerait les objectifs», a-t-il affirmé.
Le groupe de réflexion propose de donner plus de pouvoirs à l'OQLF. Son budget doit être bonifié afin d'«embaucher un plus grand nombre de conseillers en francisation» chargés d'informer les commerçants de leurs obligations et de faire respecter la loi, notamment en matière d'affichage et de service. Le groupe de réflexion croit que l'organisme doit avoir plus de ressources afin de multiplier les inspections dans les commerces. Il exige une «hausse significative des amendes» imposées à ceux qui enfreignent la loi.
«Nous voulons donner à l'Office tous les outils pour bien appliquer la loi. Il faut en donner plus à l'Office pour que le français puisse s'épanouir davantage», a expliqué Marc Tanguay.
Le groupe de réflexion sur l'identité recommande également d'augmenter «substantiellement» les ressources dédiées à la francisation des nouveaux arrivants. Il demande au gouvernement d'élaborer un plan d'action visant à améliorer l'enseignement du français. Il propose la mise en place d'un «processus d'évaluation continue» des enseignants et une hausse du temps consacré à la lecture et à l'écriture dans les écoles. Selon le rapport, l'État devrait même «instaurer un plus grand contrôle sur la qualité du français parlé dans les émissions pour enfants».
Contrairement à l'ADQ et au PQ, le groupe de réflexion sur l'identité rejette l'idée d'une Constitution québécoise. Cette idée est pourtant étudiée par le ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier. «Ce n'est pas la priorité des Québécois», a affirmé Marc Tanguay. Pour la même raison, son groupe n'exige pas une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles avec Ottawa. Il privilégie la conclusion «d'ententes administratives» avec le fédéral dans différents dossiers et la création d'une commission sur l'amélioration de la fédération canadienne.
De son côté, le groupe de réflexion sur le développement durable suggère d'ajouter au moins 10 nouvelles stations au métro de Montréal. Selon son plan, le métro rejoindrait Laval par la poursuite de la ligne orange au-delà de la station Côte-Vertu. La ligne bleue se prolongerait vers l'est, jusqu'à Anjou. Des lignes de surface seraient créées pour que le métro atteigne l'aéroport Montréal-Trudeau et la Rive-Sud par le pont Champlain. «Si on veut faire de Montréal une métropole de calibre mondial, il faut les infrastructures d'une ville de calibre mondial», a expliqué le président de la commission politique du PLQ, Christian Ouellet.
Le groupe de réflexion sur le développement durable propose aussi une quasi nationalisation de l'eau. Le gouvernement doit selon lui adopter une loi décrétant que cette ressource est la «propriété nationale et collective des Québécois» et que l'État en est le fiduciaire. Le groupe propose l'instauration d'une redevance sur l'eau captée à des fins commerciales et industrielles, comme la vente d'eau embouteillée. «Ce n'est pas une nationalisation parce que notre but n'est pas de prendre en charge l'exploitation de l'eau», a expliqué la présidente du groupe de réflexion, Manon Laporte.
Enfin, le groupe de réflexion sur l'économie réclame une révision de la loi sur le zonage agricole, une idée à laquelle s'oppose farouchement l'Union des producteurs agricoles. Selon le président du groupe de réflexion, l'ancien ministre Pierre Corbeil, la loi actuelle empêche le «dézonage» de terres agricoles inutilisées. La «zone verte», qui a une superficie de 63 000 km2, serait donc rétrécie.
Les recommandations des trois groupes de réflexion seront débattues par les militants libéraux à l'occasion du congrès qui aura lieu les 7, 8 et 9 mars. C'est aussi à cette occasion que Jean Charest doit subir un vote de confiance.
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