Libre opinion - Dérapages d’un ancien président du BAPE

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Le lobbyisme sauvage

Selon divers médias, l’ancien président du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), M. Pierre Renaud, affirme que « douze personnes mènent le jeu environnemental au Québec, dont certains sont devenus ministres » et que « ces gens se prononcent sur des choses qu’ils ne connaissent pas ». Selon lui, « il y a des gens qui prennent le micro et il y a des journalistes peu scrupuleux qui vont tout simplement mentionner des choses sans égard à la vérité ». M. Renaud appelle donc les minières « à prendre d’assaut les médias » et présente la mine d’Osisko, à Malartic, comme un exemple de développement durable.
On peut comprendre la colère de M. Renaud d’avoir été congédié après un renouvellement de mandat effectué par les libéraux juste avant le déclenchement des élections. Cependant, cela ne peut excuser des déclarations rompant totalement avec l’attitude de réserve observée par tous les anciens présidents du BAPE durant son histoire. Cette réserve est essentielle au maintien de la crédibilité du BAPE, tout comme l’indépendance de vue et la neutralité de ses commissaires, encore plus de ses présidents. Même congédiés.
Les propos de M. Renaud ne dégagent pas une telle neutralité d’esprit et, malheureusement, ne font qu’ajouter de l’eau au moulin des partisans de la « théorie du complot » et d’un BAPE « aux rapports complaisants penchant toujours du même bord ».
Ils manquent aussi de respect envers les milliers de personnes qui assistent et contribuent de bonne foi au déroulement des audiences publiques du BAPE sans être manipulées ou menées par une petite clique de douze personnes.
Expertise citoyenne
Concernant Osisko, la crédibilité du BAPE avait déjà été mise à rude épreuve par le fait que ses audiences publiques avaient lieu au moment même où l’entreprise déménageait les maisons pour faire place à sa mine. Pour plusieurs, la décision d’aller de l’avant semblait donc déjà prise, et les audiences du BAPE étaient une « mascarade ». L’éloge de l’entreprise par celui qui présidait l’organisme au moment de ces audiences ne va certainement pas leur redonner confiance dans nos mécanismes de consultation et de participation du public !
« L’expertise citoyenne » est une réalité dont le BAPE a pour mission de faciliter l’expression. Les questions environnementales interpellent de plus en plus de gens et le BAPE n’est d’ailleurs pas étranger à la sensibilisation environnementale observée au Québec.
Il est malheureux que l’orgueil, ou une colère démesurée, amène un ancien président du BAPE à tenir des propos dignes des « dinosaures » qui présentent le développement économique comme perpétuellement entravé par une minorité d’activistes écologistes. Sans compter le discrédit qu’il jette sur le BAPE, un organisme précieux pour la délibération publique en matière d’environnement. La décision de le remplacer était finalement la bonne.


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