Liberté, je crie ton nom

Géopolitique — Proche-Orient


C’est fou comme notre amour de la démocratie est asymétrique, vous ne trouvez pas ?
Il suffit de faire une comparaison entre ce qui se passe dans le monde arabe à l’heure actuelle et ce qui s’est passé en URSS il y a 20 ans...
DEUX POIDS, DEUX MESURES
Quand les populations des pays de l’Est se sont soulevées contre l’empire soviétique, à la fin des années 80, on les a tout de suite appuyées, en disant qu’il fallait aider ces pauvres gens à combattre le régime de terreur qui les étouffait.
Mais aujourd’hui, alors que les Tunisiens et les Égyptiens se soulèvent contre les dictateurs qui les maintiennent sous leurs bottes depuis des décennies, on attend, on fait preuve de prudence, on appelle à la retenue, on branle dans le manche, on observe…
Bizarre, non ?
DOUCE FRANCE
Le 12 janvier dernier, alors que la population de la Tunisie manifestait pour demander le départ de ben Ali, qu’a fait la France, patrie des droits de l’Homme et des Lumières ?
Elle a envoyé des grenades lacrymogènes au régime de ben Ali pour qu’il puisse mater les rebelles !
Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères, a même proposé au dictateur d’utiliser « le savoir-faire de la France en matière de maintien de l’ordre » !
« Dire que la Tunisie est une dictature me semble exagéré », a lancé le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.
« Ben Ali a été mal jugé et a fait beaucoup de choses », a ajouté le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire.
UN BANDIT
De kessé ?
Le gars s’est accroché au pouvoir pendant 24 ans, il jetait ses opposants en prison, il n’avait pas un sou quand il est arrivé au pouvoir et il a maintenant une fortune personnelle de cinq milliards d’euros !
Le journal Le Monde affirme que ben Ali a quitté son pays en emportant avec lui une tonne et demie de lingots d’or !
Si cet homme n’est pas un dictateur, je me demande ce qu’il est…
Et après ça, les dirigeants français parlent de liberté, des trémolos dans la voix…
UN AMI DE LA FAMILLE
Remarquez, la France n’est pas seule à faire preuve d’hypocrisie.
Il y a quatre jours, la revue Foreign Policy publiait sur son site Internet la liste des alliés les plus embarrassants du gouvernement américain…
Il y a le roi d’Arabie Saoudite (qui dirige l’un des pays les plus répressifs au monde), le leader du Yémen, le roi de Jordanie, le leader d’Éthiopie…
Tous de grands défenseurs de la démocratie, qui sont copain-copain avec l’oncle Sam…
En mars 2009, sur les ondes d’un réseau de télé égyptien, un journaliste a demandé à la Hillary Clinton ce qu’elle pensait de Moubarak.
« Je considère lui et sa femme comme des amis de la famille », a répondu la Secrétaire d’État.
Or, le département d’État américain (qu’elle dirige !) venait tout juste de publier un rapport volumineux affirmant que les droits de la personne étaient bafoués en Égypte ! Les auteurs y dénonçaient l’utilisation courante de la torture, le déclin de la liberté de presse…
Mais bof, qu’importe…
Pourquoi briser une si belle amitié pour des détails du genre ?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé