Lettre ouverte au président Obama

Tribune libre

Monsieur le Président,
Je ne suis qu’un parmi les centaines de millions
d’humains qui habitent notre planète terre. Si je vous écris c’est qu’une étincelle de lumière, venue d’une étoile lointaine, a frappé mon esprit, vous interpellant, vous, le Président des États-Unis. J’ai dit à la petite étincelle qu’elle s’était trompé d’adresse et qu’il valait mieux qu’elle aille directement frapper à la porte de la Maison Blanche. Elle n’a rien voulu savoir de mon objection et m’a laissé avec la tâche de vous faire part de son message. C’est l’objet de cette missive.
La petite étincelle, sachant que vous êtes un fervent chrétien, a placé sous mes yeux ce passage de l’Évangile qui rappelle qu’on ne peut servir deux maîtres. « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » (Mt. 6,23)
J’ai compris que MAMON, signifiant RICHESSE en araméen, représentait une des deux grandes forces qui se disputent le contrôle du monde. La lumière de ma petite étincelle m’a aidé à comprendre dans des termes contemporains cette parole de l’Évangile qui remonte à plus de 2000 ans.
Aujourd’hui, au lieu de dire DIEU nous disons plutôt les DROITS FONDAMENTAUX DES PERSONNES ET DES PEUPLES et au lieu de dire MAMON nous disons IMPÉRIALISME. Dans le premier cas, nous retrouvons les militants et les militantes pour un monde plus juste, plus vrai, plus solidaire, plus respectueux des droits des autres, plus « vert ». Dans le second cas, nous retrouvons des multinationales, des monopoles, des oligarchies, des militants et militantes à la cupidité illimitée. Le « On ne peut servir deux maîtres » de l’Évangile s’applique tout autant à la situation actuelle qu’à celle des temps anciens. Nous pourrions dire que vous êtes dans la même situation dans laquelle s’est retrouvé Jésus au désert lorsqu’il a dû faire son choix entre Dieu et MAMON.
« Le diable, l'ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi. Jésus lui répondit: Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. » (Lc. 4 :5-8)
La petite étincelle sait que vous êtes le Président du plus puissant État au monde. Elle sait aussi que vous êtes conscient du rôle que l’impérialisme y joue. De tous les défis que vous avez à relever, le plus important, selon la petite lumière, est celui que soulève votre conscience : « Au service de qui placez-vous votre Présidence? » Le temps pour choisir est arrivé : soit que vous travailliez à la sauvegarde et au développement des DROITS FONDAMENTAUX DES PERSONNES ET DES PEUPLES, ou soit que vous le fassiez au service des intérêts de l’IMPÉRIALISME.
Vous savez quelle fut la réponse de Jésus, mais vous n’arrivez pas encore à vous fixer. Vous hésitez et la tentation d’y succomber est forte, d’autant plus que les forces de l’IMPÉRIALISME sont omniprésentes. Les principales instances gouvernementales, dont le Pentagone et la CIA, continuent d’agir comme s’il n’y avait pas eu de transition entre l’administration Bush et la vôtre. Leurs interventions dans les conflits au Moyen Orient, en Afghanistan, au Pakistan sont toujours dominées par des intérêts impérialistes. Que dire de l’Amérique latine où il y a une recrudescence des forces interventionnistes qui y vont sans trop se préoccuper du détail : la quatrième flotte militaire a repris du service dans les eaux du Pacifique, de l’Atlantique et des Antilles, le Coup d’État militaire au Honduras s’attaque à une démocratie ouverte sur les intérêts du peuple, l’implantation de 7 bases militaires en Colombie crée de l'insécurité régionale, l’infiltration et les efforts de déstabilisation des gouvernements démocratiques émergents comme la Bolivie, le Venezuela, l’Équateur, le Paraguay, le Nicaragua, l’Uruguay vont en s'intensifiant.
Que dire maintenant de la désinformation systématique qui continue de plus belle à taire ce qui devrait être dit, à dire à moitié ce qui devrait être dit en totalité et dans bien des cas à mentir carrément. La politique agressive contre Cuba, ce petit pays de 12 millions d’habitants, soumis depuis plus de 50 ans à un « blocus génocide », rejeté encore tout récemment par 187 pays sur les 192 que compte l’Assemblée générale des Nations Unies et que vous avez, malgré tout, reconduit vous-même pour une autre année, vous rend solidaire de l’IMPÉRIALISME. Au même moment où vous vous félicitIez d’avoir réduit le budget militaire en éliminant des dépenses jugées inutiles, vous signiez une entente de plusieurs millions $US avec la Colombie pour y installer sept bases militaires, initiative fortement critiquée par les pays de la région. Le budget pour la CIA dépasse, pour la prochaine année, les 70 Milliards $US. Vous savez qu’il n’est pas dans la pratique de cette agence d’aller au secours des lépreux, des malades et des affamés de la planète. Rien pour rassurer le monde et les pays émergents.
Le temps est donc venu pour vous de choisir entre votre peuple qui vous a porté au pouvoir ou ceux qui tirent les ficelles de ce même pouvoir. Vous ne pouvez plus vous permettre des discours qui servent « LES DROITS DES PERSONNES ET DES PEUPLES» et des décisions qui servent « LES INTÉRÊTS DES PUISSANTS ». Vous ne pouvez pas, monsieur Obama, servir deux maîtres.
Vous devez prouver au monde, par des engagements concrets, que le choix que vous avez fait est celui de votre peuple qui veut le respect des droits humains et le respect du droit international. Sinon l’histoire se retournera contre vous et vous imputera la responsabilité d’une occasion manquée pour changer la trajectoire d’une histoire sous domination impérialiste. Votre prix Nobel pour la paix n’aura été qu’une autre tricherie dont est capable ce maître de l'illusionnisme.
Oscar Fortin, au nom de la petite étincelle de lumière
Québec, le 29 octobre 2009
http://humanisme.blogspot.com/

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    30 octobre 2009

    Cher monsieur,
    J'ai lu votre lettre à Léon et à sa femme. À la fin, Léon a haussé les épaules, un petit sourire narquois entre les dents; il s'est débouché une bière et il a dit :"Peuh! J'cré pas ça ! Jamais le Président des États-Unis va lire sa lettre ! D'abord, elle se rendra pas jusqu'à lui, on va l'in-ter-cep-ter. Mieux que ça, il la postera pas, sa lettre ! "
    Y a toujours quelqu'un pour vous casser l'inspiration. Moi, je la trouve très bien votre lettre. Elle est poétique, elle parle de juste.
    Obama est arrivé comme l'ange salvateur. Beau, intelligent, félin, il déployait ses grandes ailes au-dessus de la mêlée des requins-mangeurs-d'hommes. Ces requins-puissants ont déjà commencé à lui déchiqueter les ailes...C'était trop beau, nous avons cru en la force de cet homme seul. Naïfs ! Quelle est cette histoire où quelqu'un cherchait un homme qui fut bon sur toute la terre ?
    Hélèna.