Lettre à Louise Beaudoin: Il faut changer le PQ de l’intérieur

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Mieux, c'est lui ! Lisée en plein délire narcissique

Chère Louise Beaudoin, mon amie
Je t’ai entendue, ce jeudi à Radio-Canada, affirmer qu’avec mes prises de paroles fortes de la dernière semaine, j’étais « cuit » au Parti Québécois, parce que ses dirigeants « ne sont pas des tendres ». Tu as dit que je ferais « un bon député indépendant ».
Tu sais l’amitié que j’ai pour toi, après toutes tes années. Et tu sais que lorsque tu as fait le choix de quitter le Parti québécois, je t’ai conseillé au contraire de rester. De ne pas démissionner. De ne pas baisser les bras. De mener ton combat de l’intérieur.
Il faut du cran, pour être à contre-courant. Pour soulever les sujets qui fâchent. Pour admettre les erreurs que nous avons commises lorsque nous étions au gouvernement. Cela dérange. Mais il le faut, si nous voulons changer la donne.
Il y a un équilibre difficile à établir entre notre volonté de bousculer les habitudes du parti et le profond respect que nous devons à l’équipe de députés qui, au quotidien, incarnent devant les Québécois la face la plus visible de notre parti. Et qui sont confrontés à des adversaires politiques qui utilisent nos débats internes pour les retourner contre nous.
Chère Louise, nous n’avons pas fait le même choix. Toi, tu as choisi de quitter le caucus et de siéger comme députée indépendante. Moi, c’est de l’intérieur que je veux transformer le Parti québécois. C’est avec ses membres et ses militants et ses élus que je veux lui donner un nouveau souffle, un nouvel espace de débat, une plus grande prise sur le réel. C’est avec eux, ces membres du plus grand parti au Québec, et avec des dizaines de milliers d’autres que j’appelle à se joindre à nous pendant la course au leadership qui s’ouvre, que je veux écrire un nouveau chapitre du grand livre qu’a ouvert René Lévesque.
Le Parti québécois a été, est, et sera le plus grand moteur de changement national, culturel, économique et écologique du Québec moderne. Mais cela nécessite, avec chaque génération, une mutation, une remise en question, un renouvellement, qui ne peut se faire sans débats, sans grincements. Mais qui doit se faire en gardant l’objectif que le Parti sorte grandi de l’exercice, plus fort, plus uni après le débat. Donc plus pertinent au Québec d’aujourd’hui.
J’ai pour mes collègues du caucus une grande affection. Ils sont notre vitrine, notre rempart et notre brigade de choc. Il m’arrive de tester leur patience, je le sais. Mais ils sont ma famille, mon équipe et mes amis.
Je sais que je dérange. Je sais que je détonne. Je sais que j’innove. Comme tu dérangeais et détonnais et innovais il y a quelques années.
J’entends, je lis, je discute avec des militants mal à l’aise avec les remous que j’ai provoqués ces derniers jours. Certains sont furieux. Comme ils l’étaient contre toi, chère Louise, il n’y a pas si longtemps.
Mais c’est à leur invitation que j’ai discuté avec 100 d’entre eux à Victo dimanche dernier, puis jeudi soir avec les 125 de Terrebonne qui m’ont réservé une ovation debout. C’est à mon invitation qu’une trentaine sont venus échanger avec moi mercredi soir à Québec.
Je crois en eux. Le dialogue s’engage, sur le fond. Il y a une soif d’unité, c’est sûr. Mais une soif de réalisme aussi. La reconnaissance que s’il y a des abcès, vaut mieux les crever maintenant, quatre ans avant l’élection, plutôt que d’en souffrir, dans le désordre et l’improvisation, en pleine campagne électorale.
En quelques jours, plus de 150 militants, d’hier, d’aujourd’hui ou tous nouveaux, se sont inscrits sur jflisee.org pour travailler à ma campagne si je me lance au cours des prochaines semaines. Des membres d’exécutifs, des présidents de comté, d’anciens candidats et chefs de cabinet, des organisateurs, des citoyens jeunes et vieux, de toutes les régions. J’irai à leur rencontre, de Rimouski à Rouyn-Noranda, en novembre.
Comme moi, ils aiment le Parti québécois. Comme moi, ils veulent du nouveau. Ensemble, on pourrait faire bouger les lignes.
Peut-être as-tu raison. Peut-être ai-je tort. Mais je suis têtu. Et je crois en la capacité du Parti québécois de changer, pour le mieux. D’accepter le débat et la dissidence. De faire davantage de place à l’audace et à l’expérimentation. De donner la priorité aux jeunes. De rebâtir les ponts avec les Québécois d’adoption. D’assumer pleinement notre volonté indépendantiste, mais en gardant les oreilles grandes ouvertes à l’actuelle réticence des électeurs. De retrouver notre identité de parti proche du vrai monde, pour changer, avec eux, le Québec.

Squared

Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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