ÉVASION

Les trois évadés d'Orsainville arrêtés par la SQ

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La rapidité avec laquelle la SQ est parvenue à les capturer témoigne de la priorité qu'elle attache à cette affaire et de sa gravité

La Sûreté du Québec (SQ) a procédé à l’arrestation des trois évadés de la prison d'Orsainville, dimanche matin, vers 1 h 30, dans l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal.
«Les enquêteurs de la Direction des services des enquêtes régionales appuyés par le groupe d’intervention tactique de la SQ ont procédé à l’arrestation des trois évadés dans une résidence à Montréal», a confirmé Ronald Mc Innis, porte-parole de la SQ.

Yves Denis, 35 ans, Denis Lefebvre, 53 ans et Serge Pomerleau, 49 ans se trouvaient dans un appartement d’un immeuble à condos de luxe, sur la rue Saint-André, dans le Vieux-Montréal. Les autorités n’ont pas voulu indiquer s'ils étaient accompagnés d’autres personnes au moment des évènements.

Dimanche matin, des enquêteurs et maîtres-chiens étaient toujours sur les lieux et procédaient à la fouille du logement.

«Ils [les évadés] comparaîtront lundi, au palais de justice de Québec», a indiqué la SQ via son compte Twitter, quelques heures après l’arrestation. On ne savait toutefois pas si les suspects seront transférés à Québec ni quand et comment ce transfert serait effectué.

Enquête toujours en cours

Malgré l’arrestation des trois fugitifs, les policiers affirmaient continuer leur travail.

«L’enquête se poursuit, car il pourrait y avoir d’autres arrestations, comme des complices, par exemple», a expliqué M. Mc Innis, raison pour laquelle la SQ «ne commentera pas davantage sur les circonstances de l’arrestation ni sur l’enquête».

D’ailleurs, aucun point de presse n’était prévu à l’agenda de dimanche.

Recherches

Les trois prisonniers, arrêtés dans le cadre de l’Opération Écrevisse en 2010, visant à démanteler une organisation de trafiquants de drogue en Abitibi, s’étaient évadés du Centre de détention d'Orsainville, le 7 juin, à bord d’un hélicoptère.

Ils étaient activement recherchés depuis deux semaines et les autorités craignaient visiblement une fuite en dehors de la province puisqu’Interpol avait publié sur son site web, le 11 juin dernier, une alerte internationale afin de retracer les trois hommes.

Controverses

L’évasion d'Orsainville avait provoqué de nombreuses controverses alors qu’on apprenait que la SQ, le Centre de détention de Québec et le juge Louis Dionne étaient au courant que les suspects présentaient un risque de fuite et que leur cote de sécurité avait été revue à la baisse quelques semaines avant les évènements.

Visée par ces controverses, la ministre Lise Thériault avait mandaté un ex-sous-ministre de la Justice, Michel Bouchard, pour mener une enquête administrative sur les circonstances de l’évasion.

L'opposition officielle avait même demandé la démission de Mme Thériault, à cause «d’informations erronées données en Chambre et de la confusion consternante du gouvernement depuis le début de ce dossier», selon Pascal Bérubé, porte-parole de l'opposition officielle en matière de Sécurité publique.

Enfin, des questionnements sur les mesures de sécurité dans les établissements carcéraux ont été également mis de l’avant durant la session parlementaire. D’ailleurs, des travaux avaient été entrepris depuis mercredi à la prison d'Orsainville pour éviter d'autres évasions héliportées.

La ministre Thériault «très contente»

Réveillée au beau milieu de la nuit de samedi à dimanche, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault s’est dite «très contente» d’avoir appris l’arrestation des trois évadés qui était «notre priorité numéro 1».

«Et je voudrais d’ailleurs remercier tous les corps policiers qui ont travaillé sur cette belle opération, une opération totalement réussie, et je suis contente aussi que la population l’ait appris assez vite, car il était important de sécuriser les gens», a déclaré la ministre en entrevue à TVA Nouvelles.

Bien que Mme Thériault n’ait souhaité émettre aucun commentaire additionnel puisque «l’opération et l’enquête sont toujours en cours», elle a affirmé que les conclusions de l’enquête Bouchard devraient être dévoilées le 31 août, «en autant que cela ne compromet par le procès en cours».

En attendant, la députée libérale a assuré que les trois prisonniers seront «ramenés en sécurité pour qu’ils puissent subir leur procès».

L'opposition offrira «toute sa collaboration»

Quant au porte-parole de l'opposition officielle en matière de Sécurité publique, Pascal Bérubé, il a aussi qualifié de «bonne nouvelle» l'arrestation des fugitifs.
Pascal Bérubé a également assuré que l'opposition officielle allait «offrir toute sa collaboration» au gouvernement afin que la lumière soit faite sur les aspects toujours nébuleux de la spectaculaire évasion en hélicoptère.

«L'enquête administrative, demandée par la ministre [Lise Thériault], les différentes enquêtes de la Sûreté du Québec quant aux conditions d'évasion et ce qui s'est passé entre l'évasion et aujourd'hui permettront d'en apprendre davantage», a indiqué le député péquiste.

De son côté, le porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ) en matière de sécurité publique, Marc Picard, s’est également réjoui de ce dénouement.

«Je suis heureux pour la population du Québec, a-t-il déclaré. Mais pour redonner confiance au système carcéral, il y aura beaucoup de questions à se poser.»

M. Picard a notamment demandé à ce que le rapport sur les évènements d’Orsainville commandé par le gouvernement soit rendu public et étudié en commission parlementaire. «On ne doit pas faire de politique avec ça, on doit l’amener en commission parlementaire pour rassurer la population.»

Qui sont les trois évadés?

Les trois prisonniers qui s'étaient évadés en hélicoptère du Centre de détention d'Orsainville le 7 juin dernier ont été arrêtés dans un luxueux condo en plein cœur du Vieux-Montréal. Qui sont ces criminels qui ont réussi à disparaître pendant deux semaines?

Yves Denis, 35 ans, Denis Lefebvre, 53 ans et Serge Pomerleau, 49 ans, ont été appréhendés tôt dimanche par la Sûreté du Québec (SQ), alors qu'ils se trouvaient dans un appartement situé au 370 rue Saint-André, près du Vieux-Port de Montréal.

Le propriétaire du condo en question est une société de gestion de portefeuilles, ce qui pourrait signifier que l'habitation avait été louée par un ou des complices des trois fugitifs. Sa valeur est estimée à environ 500 000 $, tout comme la majorité des autres condominiums de ce quartier résidentiel.

Danger important

Si la «priorité numéro 1» de la ministre de la Sécurité publique Lise Thériault était de mettre la main au collet de ces trois criminels, c'est qu'ils représentaient un danger important.

Arrêtés en octobre 2010 lors de l'opération Écrevisse, les trois hommes font face à des accusations de meurtre. Ils sont également soupçonnés d'être à la tête d'un vaste réseau de trafic de stupéfiants qui avait une grande influence dans plusieurs régions du Québec, notamment en Abitibi-Témiscamingue.

Serge Pomerleau est considéré comme la tête dirigeante de ce réseau, alors que Denis Lefebvre serait le chef d'une des principales cellules. Quant à Yves Denis, il est aussi considéré comme un membre influent de ce réseau.

Lors de leur procès, qui s'est déroulé cette semaine malgré leur absence, comme le prévoit le Code criminel, il a été possible d'apprendre que Serge Pomerleau et Denis Lefebvre entretenaient des contacts avec un présumé membre des Hells Angels ainsi qu'avec la tête dirigeante d'un réseau d'importation de cocaïne.

Les audiences se sont déroulées en l'absence des avocats des trois hommes qui ont demandé de se retirer du dossier le matin de l'évasion, expliquant que le lien de confiance avec leurs clients avait disparu.

Pomerleau, Lefebvre et Denis font aussi face à des accusations de meurtre prémédité. Ils auraient assassiné le demi-frère d'Yves Denis, Benoit Denis, ainsi qu'un ancien notaire de Val-d'Or,
Johnny Coutu. Leur procès devait avoir lieu en janvier 2014.

Yves Denis et Denis Lefebvre font aussi face à des accusations d'homicide involontaire à l'endroit de Kevin Walter, sauvagement tabassé dans un logement de la rue Saguenay à Rouyn-Noranda.

Le condo dans un piètre état, selon le propriétaire

Le propriétaire de l'appartement où les trois fugitifs ont été arrêtés la nuit dernière se dit très surpris d’apprendre que les hommes se trouvaient là.

Le propriétaire a affirmé à TVA Nouvelles, dimanche, qu'il ne savait pas qui étaient les locataires de son condo.

L'homme s'est rendu dimanche matin sur place pour constater l'état des lieux. Il était malpropre et mal entretenu.

À l'intérieur des murs, une impressionnante quantité de nourriture luxueuse a été découverte.

Il mentionne qu'il faisait affaire avec une agence, mais depuis trois mois, il avait cessé de faire affaire avec celle-ci.

Il y avait un seul nom inscrit sur le bail, mais il est impossible de savoir qui était le responsable du condo.

L’appartement était loué depuis trois semaines.

Le bail avait été renouvelé pour deux mois supplémentaires pour un montant de 2200$ par mois.


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