Sondage Léger Marketing-Le Devoir

Les Québécois sont tiraillés entre démocratie et identité

39 % souhaitent qu'Ottawa protège le poids politique du Québec aux Communes. 38 % affirment que le fédéral doit respecter le principe de la démographie

Ottawa — tendance fascisante

Alec Castonguay - Les Québécois sont divisés au sujet du projet de loi fédéral C-12, qui vise à accorder 30 circonscriptions supplémentaires aux Communes à l'Ontario, à la Colombie-Britannique et à l'Alberta. Selon un nouveau sondage Léger Marketing-Le Devoir, 39 % des répondants souhaitent que le gouvernement Harper trouve une façon de protéger le poids politique du Québec aux Communes, alors que 38 % affirment qu'Ottawa doit respecter le principe de la démographie à tout prix et ainsi aller de l'avant tel que prévu.
Selon le vice-président de Léger Marketing, on assiste à «un drôle de phénomène» dans ce débat. Une sorte de tiraillement entre la démocratie et l'identité.
Le 20 avril dernier, le Bloc québécois a déposé une motion dénonçant le projet de loi C-12, qui vise selon lui «à diminuer le poids politique du Québec au sein de la Chambre». La motion demande que le poids actuel de la députation québécoise — 24,3 % (75 députés sur 308) — soit maintenu, peu importe la réforme proposée. Le NPD a appuyé cette motion, alors que les libéraux et les conservateurs l'ont rejeté.
Le projet C-12 redessine la carte électorale canadienne pour ajouter 30 circonscriptions aux 308 existantes. En conservant ses 75 députés, le Québec verrait son poids politique descendre à 22,1 %.
La question de sondage était la suivante: «Le gouvernement fédéral a déposé un projet de loi pour augmenter le nombre de sièges détenus à la Chambre des communes par l'Ontario et les provinces de l'Ouest afin de mieux refléter l'évolution démographique des dernières années. À votre avis, est-ce que le gouvernement fédéral doit...?» Environ 38 % ont répondu qu'il doit «respecter le principe de représentation proportionnelle à la population», alors que 39 % ont dit qu'il doit «faire une exception pour le Québec en raison du fait qu'il est l'un des deux peuples fondateurs du Canada».
Fait à noter, 24 % des répondants ont dit ne pas savoir ou ont refusé de répondre, ce qui peut témoigner d'une forte indécision ou encore d'un sujet qui n'a pas encore rejoint suffisamment de personnes. Autre fait à noter: les électeurs d'allégeance bloquiste sont 57 % à souhaiter une exception pour maintenir le poids politique du Québec à la Chambre.
Christian Bourque constate que ce sujet n'est pas rassembleur et ne va pas véritablement au-delà des lignes de parti. «Je n'ai pas l'impression qu'il y a beaucoup de poignées pour un parti comme le Bloc qui voudrait aller aux barricades avec ce sujet. Ce n'est pas un sujet porteur pour une majorité de Québécois. Il n'y a pas de gain politique à faire», dit-il.
Intentions de vote
Dans le volet du sondage sur les intentions de vote fédéral au Québec, réalisé en partenariat avec le journal The Gazette, on constate une légère baisse du Bloc québécois, qui passe de 38 % en avril, à 35 % ce mois-ci. «Il y a un petit tassement, mais ce n'est pas significatif», dit Christian Bourque.
La baisse du parti souverainiste profite au Parti libéral du Canada, qui grimpe de trois points, à 24 %. Le NPD recueille quant à lui 18 % et le Parti conservateur, 17 %.
Chez les francophones, la domination du Bloc québécois se poursuit, alors qu'il récolte 43 % des intentions de vote, suivi du PLC et du NPD, à 18 %, puis du PC, à 17 %.
Le sondeur affirme que l'attention politique des Québécois est présentement dirigée à Québec, avec les déboires du gouvernement Charest. «Les gens n'ont pas beaucoup la tête à Ottawa, alors ça bouge peu», dit M. Bourque. Il remarque toutefois la bonne performance du NPD, à 18 % dans les intentions de vote. «Généralement, le NPD est haut entre les élections, à 12 ou 13 %, puis il redescend. Mais à 18 %, c'est assez élevé. Il faudra voir s'il peut maintenir ce rythme», dit-il.
La bonne nouvelle pour le gouvernement Harper se situe dans le taux d'insatisfaction, qui baisse. Près de 70 % des Québécois se disent «insatisfaits» du gouvernement conservateur, alors qu'ils étaient 74 % en avril dernier. «Ce n'est rien de spectaculaire, mais les gens trouvent que c'est tranquille à Ottawa, alors il y a un peu moins de raison d'en vouloir au gouvernement», dit M. Bourque.
Ce sondage a été réalisé en ligne auprès de 1001 répondants du 3 au 6 mai. Le coup de sonde Internet a été réalisé selon une méthodologie fiable et éprouvée. Un échantillon probabiliste de la même taille présente une marge d'erreur de 3,1 %, 19 fois sur 20.
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Sondage - Intentions de vote
Sondage - Questions particulières


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