Les quatre vies de Mario Dumont

Québec 2007 - ADQ


Denis Lessard - Parmi les chefs des trois principaux partis, c'est lui qui est monté le plus souvent au front. C'est lui qui a, le plus souvent aussi, connu le feu des élections générales au Québec.
Trente-six ans et quatre campagnes électorales au Québec : Mario Dumont est toujours là. Toujours pour la dernière fois, selon les analystes politiques. Les chats ont neuf vies. Mario Dumont en a au moins quatre.
Et, comme toujours, on l'accuse de naviguer à vue, de passer d'un cheval de bataille à l'autre, toujours dans le but, unique, de marquer des points faciles auprès de l'électorat. La stratégie fait recette si on en croit les sondages - de récentes enquêtes montrent qu'encore une fois, à l'approche de la campagne, les anciens partis devront compter avec l'ADQ.
«Si on regarde mon parcours politique sur plusieurs années, on voit plus de constance qu'autre chose. Un parti de centre droit au Québec, il y a 10 ans, il n'y avait pas d'espace pour ça», lance-t-il, agacé, dans une entrevue juste avant de se placer sur la ligne de départ.
Jean Charest vient de convoquer les députés pour un budget mardi prochain. La campagne sera lancée le lendemain. «C'est probablement ma dernière soirée libre jusqu'au vote», disait, grippé hier soir, M. Dumont, revenant tout juste d'annoncer les noms de deux candidats dans la région de Québec.
Le petit appartement est tout aussi terne qu'il y a quatre ans - à la veille des élections de 2003. Les passe-temps des trois enfants ont changé - ils font désormais du cheval, de la guitare ou du piano -, mais leurs dessins ornent toujours les murs. Et la télé minuscule sert, c'est clair, uniquement à scruter le dernier bulletin d'information. La petite famille ne vient que rarement à Québec et aux dernières Fêtes, elle a sauté un tour. Tout se passe à Rivière-du-Loup.
Et ce sera plus vrai encore cette fois parce que le chef adéquiste y affrontera le maire Jean D'Amour, très populaire. Pourtant, durant la campagne, Mario Dumont «ne passera pas une journée de plus que prévu», dans la circonscription, promet-il.
Mario Dumont est stigmatisé par ses adversaires. Le mot arrive, il s'anime tout à coup. «Opportunisme? Tous les chefs ont été interpellés sur les accommodements raisonnables. Je ne suis pas responsable si leurs réponses n'étaient pas claires.» Il ne prévoit pas passer par Hérouxville durant la campagne électorale. Mais ces gens, trop vite mis au ban du Québec témoignent du silence des décideurs, du gouvernement sur cette question délicate.
«À Hérouxville, cela doit être comme à Cacouna. Le plus gros problème avec les roches, c'est de les ramasser pour pouvoir semer, pas pour la lapidation des femmes», laisse tomber l'éternel expert de la formule qui fait mouche.
«Quand dans des lieux de services publics, dans des institutions, les femmes n'ont pas les mêmes droits que les hommes, on se dit que quelque chose a glissé», résume M. Dumont.
Il refuse d'entrer dans des spéculations fumeuses selon lui. Va-t-il chercher plus de votes aux libéraux qu'aux péquistes? « C'est clair que le PQ a des problèmes... c'est évident « dit-il spontanément. Mais si on regarde les circonscriptions de la région de Québec sur lesquelles l'ADQ mise, la plupart ont des députés libéraux actuellement, fait-il valoir aussitôt.
«Sur la rive sud du fleuve, entre Matane et Saint-Hyacinthe, on est en affaires» résume-t-il. Le général Dumont prédit aussi un affrontement dans la «grande région de Québec» et parle de bons espoirs au Centre-du-Québec et dans le 450, la couronne de Montréal.
Son erreur de 2003? Partir trop tard. Être trop confiant. «On était la grenouille qui pensait devenir aussi grosse que le boeuf.» Le programme adéquiste n'avait été disponible qu'une semaine avant l'émission des brefs électoraux - les candidats avançaient à l'aveuglette.
Les erreurs de ses adversaires? Mario Dumont s'anime tout à coup. «Jean Charest a fait une excellente campagne en 2003. Des engagements simples, répétés; la santé, baisser les impôts. Il y a une bonne nouvelle, le jour du vote, les gens s'en souviennent! Mais il y a aussi une mauvaise nouvelle pour Jean Charest, « c'est que quatre ans plus tard, ils s'en rappellent encore!».
De plus, M. Charest aligne des candidats-vedettes depuis plusieurs jours, une porte ouverte aux adversaires qui demanderont ce que sont devenues ses captures de 2003.
«Ils étaient six vedettes, autant d'échecs, Hamad, Bellemare, Audet, Séguin, Reid il ne reste que Philippe Couillard chez les ministres et il ne veut plus de la Santé», résume le chef adéquiste.
Quant à André Boisclair, «il aura gaspillé une année, sans s'associer à une idée forte», un constat fait, en privé, même chez des stratèges péquistes. Aujourd'hui M. Boisclair «se retrouve avec bien des programmes : celui de Camil Bouchard, celui de François Legault, celui du SPQ libre, qui s'ajoutent à celui de Bernard Landry auquel M. Boisclair a dit qu'il adhérait sans restriction», ironise Mario Dumont.


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