Les quatre «sans» de Québec

Québec 2008 - l'art de détourner le sens la Fête

Par Normand Dupont, Auteur.
Dédié au premier ministre du Québec, au maire de Québec et à tous ceux qui s'y reconnaissent.
1. Sans fierté. On te dit d'être fier, de fêter. Fier d'avoir survécu surtout. Mais on omet volontairement de te dire à quoi nous avons survécu et contre quoi nous continuons de nous battre pour assurer notre survie. Aux Canadiens qui veulent nous étouffer linguistiquement et financièrement? Jamais on n'oserait te le dire.... Fier sois-tu que, sur nos 400 ans, on en ait passé 248 sous le joug de l'envahisseur? Fier d'avoir évolué au stade suprême d'État et de peuple tributaire qui ne se fait pas tirer dessus par le peuple maître, mais l'engraisse? Non, mon brave. D'autres s'occupent de mettre les drapeaux à ta place.
Voyons donc! Ne l'écoute pas. Sois fier et tais-toi! Bois et fête, c'est tout.
2. Sans déranger. C'est donc sans trop déranger, sans surtout bousculer l'ordre établi et qui nous fut imposé, qu'on te dit de célébrer. Sans couleur, sans saveur. Inodore et incolore tel un courant d'air qui passe. On te dit que c'est du respect. Respect envers les opinions de tes maîtres «et rupuere sub ilis». Empresse-toi de faire des cérémonies amérindiennes complètes à de faux dieux pour l'ouverture de la fête. Mais de grâce, ne fais pas une simple messe de ta religion, sois un peu plus ouvert et respectueux envers autrui, de grâce! Ne politise pas ce beau moment en dénonçant un système qui t'étouffe!
Voyons donc! Ne l'écoute pas. Sois fier et tais-toi! Bois et fête, c'est tout.
3. Sans patriotisme. C'est aussi par l'intermédiaire de la représentante de celle qui jadis tira à boulets rouges pendant deux mois sur cette ville que tu fêtes, que tu fais tes cérémonies officielles ici et outre-mer. Au fait mon ami, combien d'enfants et de femmes de ton peuple sont morts durant ces deux mois? Bof, me dis-tu, vieilles histoires d'amers personnages! Tu fêtes ce qui fut il y a 400 ans, mais sans vouloir te rappeler ce qui fut, il y a 248 ans! Ou même il y a 27 ans. Seras-tu de la fête pour la victoire des Canadiens d'alors sur les Québécois de l'époque au mois de septembre qui vient? Pas de fonds d'Ottawa à l'horizon? La fête de Wolfe, c'est quand, mon ami?
Voyons donc! Ne l'écoute pas. Sois fier et tais-toi! Bois et fête, c'est tout.
4. Sans exister. On dit que, pour que les choses existent, on doit d'abord les nommer. Mon ami, tu ne nommes pas le peuple québécois. Tu ne nommes pas le pays du Québec. Tu ne nommes pas contre qui nous luttons afin de survivre depuis tant d'années déjà. Ce contre quoi nous survivons, c'est ce système dans lequel on nous a annexés de force au début et par coups d'État par la suite. Ce système dans lequel nous envoyons la moitié de notre argent en tribut aux Canadiens et dans lequel les annexistes veulent nous garder, mais se plaignent en même temps qu'ils n'ont pas d'argent! Tu deviens annexiste mon ami. Ta profondeur n'a d'égale que ton sommeil et ton inertie.
Voyons donc! Ne l'écoute pas. Sois fier et tais-toi! Bois et fête, c'est tout.
Moi, sur mon gobelet de bière en terre cuite, j'y ai inscrit ceci: Je suis! De sorte que je porte toujours à mes lèvres ce que mes ancêtres, qui sont venus il y a 344 ans, ont dit de leurs propres lèvres. Même quand je bois et fête, je me rappelle non seulement ce que je suis, mais ce que nous sommes, nous, Québécois. Je bois leur courage, leurs peines, mais aussi leurs rêves et leurs aspirations. Ils sont venus bâtir un pays, pas un État tributaire en perpétuelle servitude!
Dis-toi, mon ami, que lorsque tu te lèves debout, si les Canadiens se plaignent que cela les déséquilibre, ils n'avaient qu'à ne pas bâtir leur fédération sur ton dos!
Bon quatre «sans»-tième...


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