Dans le « Le savant et le politique », le célèbre sociologue allemand Max Weber rappelle que l’homme politique est celui qui met sa main dans la roue de l’histoire. Se hisser à ce niveau, c’est ce qui fait la grandeur mais aussi la difficulté du métier politique. Le porteur d’une vocation aussi exigeante doit donc posséder dans sa besace personnelle un certain nombre de qualités. Ce qui est encore plus vraie lorsque cet homme ou cette femme politique veut devenir chef du PQ et faire du Québec un pays.
La première qualité est le dévouement à une cause qui mobilise l’être tout entier. Celui qui fait de la politique en dilettante ou en se calant dans les sondages, celui-là n’est qu’un vulgaire politicien. On peut prévoir qu’un jour ou l’autre, il se verra disqualifié comme n’étant pas à la hauteur de sa mission.
La deuxième qualité repose sur le sens des responsabilités. Une qualité qui ne va pas sans une solitude et une certaine distance à l’égard de soi-même et des autres. Dans les instants troubles, le chef politique peut vaciller entre autorité et paranoïa, sang-froid et impatience, habileté et cynisme. Mais une vérité s’impose : tout homme de pouvoir est seul. Et même si tout lui échappe, tout dépend de lui et de ses valeurs.
La troisième qualité porte sur le sens des opportunités. Bien analyser les situations concrètes au sein d’une équipe, ne pas se perdre dans les détails, garder une hiérarchie des urgences, choisir les moments favorables et repérer « les fenêtres de tir » comme on aime le dire aujourd’hui dans le langage stratégique.
La quatrième qualité est reliée à l’éthique de conviction et à l’éthique de responsabilité.
Le chef politique peut agir uniquement en fonction de ses convictions quelles qu’en soient les effets ou il peut se montrer responsable en privilégiant les actes en fonction de leurs conséquences prévisibles. Il est donc le seul à devoir faire preuve de courage en payant de sa personne pour tenter de faire réussir l’action entreprise.
La cinquième qualité est la facilité de communiquer efficacement et la capacité de répondre aux questions. La plupart des chefs politiques ont appris à parler dans le vide pour ne pas se faire prendre au piège. Alors, ils tournent en rond, restent en surface, esquivent les questions tout en évitant de ne pas accumuler les bourdes. Ils vont rarement au fond des choses.
La sixième qualité est d’avoir l’habilité, l’aptitude et le talent de résister à la pression des entrevues avec les médias, de garder son calme et de faire face à la musique.
Ce qui comprend l’obligation de fournir une prestation convaincante à l’Assemblée nationale, de maintenir l’unité du caucus et la solidarité ministérielle. Mais également de remplir la fonction de chef du camp du OUI si les circonstances l’exigent et de pouvoir survivre aux congrès agités du PQ et au vote de confiance des délégués.
La septième qualité se traduit par le leadership, l’éloquence et le charisme. Des qualités nécessaires pour soulever les passions et susciter l’engagement comme le faisaient René Lévesque et Lucien Bouchard.
La huitième qualité est d’être le Rassembleur de la jeunesse et des forces souverainistes tous partis confondus. Une jeunesse ouverte sur le monde et sensible à l’environnement qui n’a pas été très exposée au message souverainiste et qui s’est éloignée du PQ. Des partis souverainistes incapables de se parler et de s’entendre. Une désunion qui contribue directement au succès électoral du PLQ et de la CAQ et qui empêche l’élection d’un gouvernement péquiste majoritaire.
Et si, les qualités citées précédemment aiguisaient la lame du doute d’un ou de plusieurs candidats. Se serait-il trompé ? Et dans l’affirmative, que faire ? Se retirer de la course en faisant la déclaration suivante : « J’ai besoin d’apprendre encore un peu, mais un jour je serai premier ministre ».
Ce sont les sympathisants du PLQ et de la CAQ qui doivent saliver ces jours-ci et espérer que les membres du PQ fassent le mauvais choix. Car, cela pourrait augurer de jours fastes pour leur formation respective.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 avril 2015Monsieur Gélinas,
Jje vous comprends.
Par exemple: Qui veut donner son soutien à un homme qui lève le point droit et déclare "Je veux un pays"?
Qui voudrait voter pour un homme qui fait des représentations auprès du gouvernement pour qu'une compagnie ne quitte pas le Québec?
Quel homme qui se sert des réseaux sociaux pour s'adresser à la population parce qu'il sait, d'avance, qu'il va se faire "planter" par les relationnistes fédés., se présenterait pour devenir chef de son parti et chef de l'État du Québec?
Voteriez-vous pour un homme qui donne l'heure juste sur le problème majeur de l'immigration (et non pas sur les immigrés)?
Voteriez-vous pour un candidat qui n'a dénigré personne sauf attaquer le PLQ, Couillard et le fédéral?
Voulez-vous vraiment soutenir un homme qui se fait attaquer vicieusement par ses adversaires, et sans broncher continue sa route vers "LE PAYS"?
Désirez-vous voter pour un candidat qui est le seul parmi les autres candidats à la chefferie du PQ, à pouvoir gagner des élections contre Couillard?
Ahhh je vous comprends monsieur Gélinas.
Gélinas Claude Répondre
4 avril 2015Avec respect, Madame Ferreti qui a pris position en faveur de PKP pourrait-elle m'indiquer avec toute sa subtilité et son don de voyante vers quel candidat se portera ma préférence ?
Mais également, il serait intéressant de connaître son opinion sur les qualités attendues du chef du PQ. Ce qui contribuerait à la bonification du texte.
Eu égard à mon manque de franchise et de courage des précisions seraient les bienvenues !
Archives de Vigile Répondre
4 avril 2015Pour un homme qui fait de la politique depuis seulement un an M. Pierre Karl Péladeau apprend extrêmement vite comment se défendre dans ce panier de crabes qu'est le milieu politique. Il lui reste trois ans pour parfaire son cheminement avant le combat ultime de l'élection de 2018.
Tant qu'il maintiendra avec ferveur le cap sur l'objectif de faire du Québec un pays le plus tôt possible les troupes souverainistes le suivront et il gagnera des adeptes.
Reste à élaborer un programme étoffé de ce que sera un Québec indépendant avec les forces vives du mouvement independantiste et je crois que M. Péladeau en est capable.
Andrée Ferretti Répondre
4 avril 2015En dépit de votre manque de franchise et du courage nécessaire à la prise de position, vous n'êtes pas très subtile, monsieur Gélinas.
Les gros sabots feraient-ils partie de la panoplie des qualités du commentateur, tel que vous concevez cette fonction?