Les omnipraticiens dénoncent le projet de loi 20

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L'affrontement se dessine

(MONTRÉAL) Barrette trouvera les médecins omnipraticiens sur son chemin.
Les médecins omnipraticiens, réunis en conseil général samedi, ont fermement dénoncé le projet de loi 20 du ministre Gaétan Barrette qui prévoit d'imposer des sanctions salariales de l'ordre de 30 % aux médecins de famille qui ne prennent pas suffisamment de patients.
« C'est avec beaucoup de colère et d'indignation que les médecins rejettent le projet de loi 20. Pour nous, il n'est pas question d'accepter cette approche coercitive, mathématique et méprisante pour la médecine familiale », a martelé le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
« [Le gouvernement] montre par cette approche basée uniquement sur le volume une ignorance de ce qu'est la médecine familiale », ajoute le Dr Godin. La Fédération s'attend à une diminution de l'accès et une baisse de la qualité de la médecine familiale. Elle croit même que l'avenir de la médecine familiale est en jeu.
« Il n'y a pas un étudiant en médecine aujourd'hui qui va faire le choix d'aller pratiquer la médecine familiale dans les conditions que le projet de loi propose », insiste le Dr Godin.
Alexis Rompré-Brodeur, de la Fédération médicale étudiante du Québec, confirme que le projet de loi pèsera lourd dans la balance lorsque les étudiants choisiront leur spécialisation en février. « Plusieurs disent que d'inscrire "médecine familiale" comme premier choix est moins intéressant. [...] Le gouvernement envoie le message qu'ils seront désormais des spécialistes du bureau », a-t-il expliqué.
Le Dr Jean-Pelletier, de la Table des directeurs des départements universitaires de médecine de famille et de médecine d'urgence du Québec, croit quant à lui que le projet de loi aura un impact négatif sur les heures que les médecins consacrent à l'enseignement de la médecine.
La Fédération se dit prête à discuter des solutions et rappelle qu'elle a fait plusieurs propositions l'an dernier, mais son rapport a été ignoré par le gouvernement, affirme-t-elle.
Parmi ces mesures, la FMOQ proposait que les médecins reçoivent des suppléments pour des rendez-vous fixés dans un délai de moins de trois jours pour leurs patients inscrits ou pour la prise en charge de patients orphelins. Elle proposait aussi la création d'un « filet de sécurité » par la création d'unités qui donneraient accès à un médecin de famille 76 heures par semaine répartie sur 7 jours.
« Mais tant que le projet de loi 20 va rester comme il est avec la coercition, on n'a pas à jaser avec le gouvernement », insiste le Dr Godin.
Quelques heures avant la sortie du président du FMOQ, le ministère de la Santé a envoyé un document aux journalistes dans lequel il rappelle que le nombre de médecins omnipraticiens a augmenté, tout comme leur rémunération, alors que le nombre de patients vus et le nombre de jours travaillés ont diminué ces dernières années.
La FMOQ critique l'interprétation des statistiques que fait le gouvernement. « Les médecins de famille travaillent autant qu'ailleurs au Canada et font plus de gardes », rétorque le Dr Godin, avant de reconnaître que le nombre d'heures travaillées par les médecins a diminué depuis 15 ans. « Aujourd'hui, la profession s'est beaucoup féminisée. Plus de 50 % de nos membres sont des omnipraticiennes. Quand elles vont accoucher, elles ne travailleront pas. »
La FMOQ n'a pas voulu révéler les détails des moyens qui pourraient être utilisés si le ministre refuse de se rendre à leurs arguments. Le Dr Godin a toutefois assuré que la population ne serait pas otage de cette négociation.


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