C'est tout naturellement que le 78th Fraser Highlanders - relancé en 2002 par des amateurs d'histoire militaire - avait prévu participer à la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham, en août prochain. Photothèque Le Soleil, Erick Labbé
Pierre-André Normandin - (Québec) En 1759, 1200 Écossais se sont battus aux côtés des Anglais sur les plaines d'Abraham. Aujourd'hui, leurs descendants ne savent plus de quel côté se ranger. Déchirés par le débat sur le 250e de la bataille, les membres du 78th Fraser Highlanders préfèrent accrocher leurs mousquets si la reconstitution doit tourner à l'affrontement.
«Si la commémoration n'est pas la bienvenue, ça ne nous donne rien d'aller là», dit le major Guy Morisset. Le commandant de ce régiment historique composé en partie de descendants de soldats écossais préfère passer son tour si des manifestants disent vouloir perturber l'événement.
Fondé en 1757 pour participer à la guerre de Sept Ans entre l'Angleterre et la France, le 78th Fraser Highlanders a notamment pris part aux batailles des plaines d'Abraham et de Sainte-Foy. À la fin de la guerre en 1763, plusieurs de ces soldats ont décidé de rester au Québec après le démantèlement du régiment.
C'est donc tout naturellement que le 78th Fraser Highlanders ? relancé en 2002 par des amateurs d'histoire militaire ? avait prévu participer à la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham, en août prochain. Après tout, ses membres participent déjà chaque année à la reconstitution de la bataille de Sainte-Foy, où les Français ont tenu en échec l'armée britannique. Mais la controverse soulevée par le caractère festif de la commémoration incite le régiment à mettre sa participation en suspens. «S'il n'y a pas de plaisir à faire l'événement, on n'aura pas le plaisir d'y être, résume Guy Morisset. On est là pour commémorer une bataille, pas pour finir ce qui a commencé en 1759.»
L'hebdomadaire anglophone Quebec Chronicle-Telegraph rapportait hier que les membres du groupe se sentent pris au piège dans un feu croisé. «C'est un débat où tout est tranché au couteau. Tout est blanc ou noir. Tous Anglais ou tous Français. Mais nous, on est du côté des bons et des méchants en même temps», dit Guy Morisset.
En fait, des quelque 40 membres que compte le groupe, la majorité se considère francophone, rapporte leur commandant. Seul le tiers aurait des ancêtres écossais. «Si on était des vrais soldats, je me demande de quel bord on serait, s'interroge Guy Morisset. On a peut-être décidé de fonder un régiment historique britannique, mais plusieurs de nos membres ont bien plus d'ADN français. On se battrait contre qui? Contre nous autres?»
Le débat déçoit d'autant plus les membres du 78th Fraser Highlanders que la commémoration avait une saveur très personnelle pour les descendants d'Écossais. «Pour nous, la guerre de Sept Ans est ce qui a permis à certains de nos ancêtres de venir ici. Si ce n'était pas d'eux, on ne serait pas là. On est un peu tristes parce que c'est comme si on nous enlevait une partie de notre histoire.»
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