Les limites du cynisme

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Se débarrasser du régime libéral : telle doit être notre priorité électorale

Même durant les pires mois d’austérité, quand parents, élèves et enseignants formaient des chaînes humaines autour des écoles, le PLQ n’était jamais tombé sous la barre des 30 % dans les sondages. Il avait été délogé temporairement de la première place après l’élection de Pierre Karl Péladeau à la tête du PQ, mais cela n’avait duré qu’un mois.



Qu’il atteigne un creux historique à huit mois de la prochaine élection générale, alors que le gouvernement Couillard multiplie les annonces de réinvestissement, a de quoi inquiéter sérieusement les députés libéraux réunis en caucus pour préparer la rentrée parlementaire.



L’économie québécoise a beau être plus performante qu’elle l’a été depuis des années, le PLQ n’en tire aucun profit. La CAQ est perçue comme la plus apte à favoriser l’investissement et la création d’emplois. Le PLQ ne répond pas davantage à l’autre grande préoccupation de la population, soit la santé. Malgré ou à cause des réformes de Gaétan Barrette, c’est encore à la CAQ qu’on fait le plus confiance pour améliorer l’accès à un médecin de famille ou réduire le temps d’attente dans les urgences. Le cri de détresse que lancent maintenant les infirmières ne peut que conforter la population dans son désir de changement.



Tout le monde a beau vanter les mérites du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, la CAQ est également perçue comme la meilleure solution aux problèmes du réseau de l’Éducation. Déjà privé de l’épouvantail référendaire, que le PLQ agitait à chaque campagne électorale, le gouvernement Couillard ne peut donc pas compter sur son bilan pour assurer sa réélection.




 


C’est l’erreur que Jean Charest avait commise en 2007. Dans l’esprit de la population, les mauvais coups de son gouvernement l’avaient nettement emporté sur les bons. Avec le résultat que le PLQ avait perdu sa majorité et semblait condamné à être supplanté par l’ADQ.



M. Charest avait réussi à inverser le cours des choses en présentant Mario Dumont comme une « girouette » qui changeait d’idée au gré de la conjoncture, et la députation adéquiste, comme une bande d’amateurs inaptes à gouverner.



La comparaison avec la CAQ a toutefois ses limites. S’il est vrai que François Legault tient parfois des propos étonnants qui le forcent à des corrections gênantes, la députation caquiste a déjà plus d’expérience que n’en avait la défunte ADQ, et M. Legault semble être en mesure de recruter des candidats tout à fait ministrables.



Le contexte est également différent. Durant la campagne de 2008, M. Charest avait demandé à la population de le laisser mettre « les deux mains sur le volant » pour mieux affronter la tempête économique qui s’annonçait. Cette fois-ci, la nécessité d’avoir un capitaine d’expérience à la barre paraît moins évidente.




 


Si le programme de la CAQ demeure un mystère pour un grand nombre d’électeurs, le gouvernement Couillard a peut-être surestimé leur cynisme en pensant qu’ils ne se formaliseraient pas de le voir utiliser sans la moindre gêne le vieux truc des compressions budgétaires qu’on impose en début de mandat pour mieux baisser les impôts vers la fin.



Là encore, Jean Charest avait démontré les limites de l’opération. Entrepris sous le signe de la « réingénierie » de l’État, son premier mandat s’était terminé par la promesse d’une baisse d’impôt de 700 millions dix jours avant le jour de l’élection, financée à même un réajustement de la péréquation qu’il avait réclamée à grands cris soi-disant pour renflouer le réseau de la santé. Même Stephen Harper, qui s’y connaissait en coups tordus, avait trouvé que c’était un peu fort de café.



La réponse de M. Couillard à ceux qui s’interrogeraient sur les baisses d’impôt de dernière minute a de quoi laisser perplexe : « C’est à vous, cet argent-là. C’est vous autres qui l’avez envoyé. Et on trouve qu’on n’a pas besoin de tout l’argent que vous nous avez envoyé pour faire la job comme il faut. Ça fait qu’on vous le redonne. » Cela ne consolera pas ceux qui ont pâti des mesures d’austérité.



En 2007, les libéraux ne semblaient pas trop savoir quel était leur principal adversaire. Au moment du déclenchement des élections, le PQ était en deuxième place, de sorte que leurs attaques étaient dirigées principalement vers André Boisclair. Quand l’ADQ a pris son envol, il était trop tard pour corriger le tir.



Cette fois-ci, les choses sont claires. Partout, sauf sur l’île de Montréal, l’ennemi numéro un du PLQ est la CAQ. Devant ses partisans réunis mardi à Charlesbourg, M. Couillard en a fait son unique cible, ignorant totalement le PQ. La faiblesse actuelle du PQ a plutôt de quoi inquiéter les libéraux. 


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