Les libéraux sortent leurs couteaux

En fin de journée, l'entourage de M. Dion soutenait que tout cela n'était que des rumeurs non fondées.

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Coalition BQ-NPD-PLC



Stéphane Dion à son arrivée sur la colline parlementaire. Le chef libéral a essuyé les critiques de son propre caucus cette semaine.
Photo: PC

Hugo De Grandpré (Ottawa) Des membres du Parti libéral multiplient les pressions pour forcer Stéphane Dion à démissionner de son poste de chef par intérim dès la semaine prochaine. Le nom de Michael Ignatieff a été mentionné à plusieurs reprises comme successeur potentiel.
Des membres influents du PLC ont en effet confirmé à La Presse qu'un bon nombre de libéraux n'ont pas digéré la performance de leur leader mercredi soir, lors de sa réponse bâclée au discours à la nation de Stephen Harper. Des députés, sénateurs et stratèges influents espèrent ainsi convaincre M. Dion une fois pour toutes de quitter son poste.
Le coup de grâce pourrait être porté mercredi, au caucus du parti. D'ici là, les libéraux multiplieront les appels et les jeux de coulisse pour peaufiner leur plan et tenter de s'entendre sur un successeur.
Reste à savoir si M. Dion, qui a la réputation d'être têtu, se rendra aux demandes de ses collègues. Mais plusieurs personnes croient que la pression sera tellement forte qu'il n'aura pas le choix de tirer sa révérence.
«Je pense que personne ne va accepter le statu quo, a lancé un libéral influent. Disons que, si j'étais lui, je ne commencerais pas à garnir mon congélateur à Stornoway.» Stornoway est la résidence officielle du chef de l'opposition à Ottawa.
«Il a eu deux chances de devenir premier ministre dans les huit dernières semaines... Et il a tout foutu en l'air. Il a juste besoin de se regarder dans le miroir», a lancé un autre libéral.
Un sondage mené jeudi par la firme Ekos a même indiqué que 60% des Canadiens croient que M. Dion devrait démissionner, par rapport à 37% pour Stephen Harper, qui a pourtant été largement désigné comme le grand responsable de la crise politique qui a secoué Ottawa la semaine dernière.

Ignatieff? Rae? Dryden?

C'est l'occasion ratée de renverser le gouvernement Harper et de le remplacer par une coalition formée du PLC et du NPD qui a mis le feu aux poudres. Plusieurs voient l'enregistrement de mercredi soir, livré en retard aux réseaux de télévision, où l'image était rougeâtre et Stéphane Dion hors foyer et mal cadré, comme le symbole, voire le catalyseur de cet échec.
Selon des sources, les députés libéraux ont critiqué avec véhémence M. Dion lors de leur dernière réunion, jeudi, quelques heures après la prorogation du Parlement.
Le président du caucus, Anthony Rota, s'attend à une rencontre à ce point animée, mercredi prochain, qu'il a eu recours aux services d'un modérateur professionnel pour éviter les débordements - et les accusations de conflits d'intérêts.
M. Rota, comme la majorité des députés libéraux, est partisan de Michael Ignatieff, candidat à la direction du parti. Or, le nom de M. Ignatieff circulait vendredi comme l'une des personnes susceptibles de prendre la place de Stéphane Dion comme chef intérimaire.
«Des partisans de Bob Rae m'ont même dit qu'ils préféraient qu'Ignatieff devienne chef maintenant plutôt que d'avoir Dion une semaine de plus», a confié un libéral bien placé.
En entrevue à La Presse, M. Rae a affirmé qu'il gardait le cap avec sa campagne. «Ce n'est pas le caucus mais le parti qui va décider de la façon dont on va choisir un nouveau chef», a-t-il martelé.
Mais son rival Michael Ignatieff ne semble pas du même avis. «Il y a des discussions - et je ne crois pas que ce soit un secret - pour accélérer le processus», a-t-il déclaré lors d'une entrevue au réseau CTV Newsnet. «M. Dion est le leader de ce parti au moment où l'on se parle. Je lui ai juré mon allégeance», a-t-il cependant ajouté.
D'autres noms circulent comme candidats potentiels, dont ceux des vétérans John McCallum, Ralph Goodale et Ken Dryden. À noter que, s'il souhaitait devenir chef permanent, celui qui serait désigné par les députés la semaine prochaine devrait éventuellement se faire élire au cours d'un congrès.
Mais avant de connaître l'identité du successeur, on devra bien sûr attendre de voir si le chef actuel survivra à ce qui s'annonce comme une véritable mutinerie au sein de son parti.
«On ne sait jamais, avec lui, a lancé une source libérale. Peut-être qu'il a neuf vies et qu'il lui en reste encore deux... Mais peut-être aussi qu'il a épuisé les neuf... Je ne sais pas!»
En fin de journée, l'entourage de M. Dion soutenait que tout cela n'était que des rumeurs non fondées.


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