par Jocelyne Richer -
À la ligne de départ, les libéraux de Jean Charest ont une longueur d'avance sur leurs rivaux, mais ils devront démontrer qu'ils ont le souffle suffisant pour maintenir cette avance jusqu'au 26 mars.
Au cours des 34 prochains jours, le principal défi du chef Jean Charest sera de démontrer que l'élection de son gouvernement en 2003 n'était pas un accident de parcours.
Aussi, si les électeurs lui confient un deuxième mandat, ce sera certainement une douce revanche pour un premier ministre décrit depuis quatre ans par ses détracteurs comme un chef mal aimé à la tête du gouvernement le plus impopulaire de tous les temps.
En fait, si on se fie aux sondages, la tendance lourde démontre que la popularité des libéraux était en chute libre durant la première année du mandat, mais que par la suite le taux d'insatisfaction à l'égard du gouvernement s'est amélioré, passant de 70 à 52 pour cent.
Cependant, en ce début de 2007, les Québécois se montrent toujours en majorité insatisfaits de leur gouvernement.
Cela n'a pourtant pas empêché M. Charest de prendre le risque de déclencher une élection générale dès maintenant, en plein hiver de surcroît, alors que son mandat pouvait s'étirer encore une année complète.
Il tentera en fait de tirer profit des faiblesses apparentes de ses adversaires, en les prenant de vitesse, alors que tout le monde s'attendait à des élections en mai.
Deux facteurs ont été déterminants pour l'inciter à prendre le risque de lancer les dés maintenant: l'apparente division au sein du Parti québécois, conséquence de la contestation du leadership d'André Boisclair, et le manque de préparation de l'Action démocratique, qui, malgré cela, grimpe dans les sondages.
Par ailleurs, la loi de l'alternance favorise les libéraux, alors que depuis les années 70, tous les gouvernements obtiennent deux mandats de suite.
Un scrutin hivernal n'aura pas que des avantages pour les libéraux. Une tempête de neige pourrait inciter des électeurs âgés, plus susceptibles d'appuyer le PLQ, à rester chez eux. Surtout, les libéraux se privent éventuellement de l'appui de dizaines de milliers de «snowbirds» partis au soleil.
Les libéraux ont une organisation redoutable, leur caisse est pleine, leur programme est adopté et leurs candidats — dont plusieurs vedettes — sont tous choisis, ce qui n'est pas le cas des deux autres partis, qui prennent les bouchées doubles depuis qu'ils savent que le scrutin est imminent.
À ceux qui voudront lui rappeler qu'il n'a pas tenu toutes ses promesses et que son bilan n'est pas impeccable, M. Charest répliquera: «comparez».
Du chef du PQ, il dira qu'il est immature, qu'il manque de jugement et qu'il est animé d'une seule obsession: tenir un référendum le plus tôt possible, qui ne ferait que diviser les Québécois une fois de plus.
Ce n'est pas un hasard si les libéraux ont choisi l'unité pour thème de campagne, avec pour slogan: «S'unir pour réussir le Québec de demain».
De celui de l'ADQ, il considérera qu'il manque de substance, se contente de commenter l'actualité du jour et n'a pas l'étoffe d'un premier ministre.
Il sera intéressant de voir, durant la campagne, ce qui dominera: le bilan du gouvernement, les programmes des partis ou la personnalité des chefs?
Une autre carte dans la manche de M. Charest sortira le 19 mars, une semaine avant le scrutin, avec la présentation, à Ottawa, du budget fédéral, qui devrait inclure, en principe, le règlement du déséquilibre fiscal et d'importantes sommes d'argent pour le Québec.
Si c'est le cas, le premier ministre Charest s'attribuera certainement une partie du mérite.
Du coup, il se positionnera comme celui des trois chefs qui est le plus apte à entretenir de bonnes relations avec le gouvernement fédéral et à diriger le Québec.
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