Justin Trudeau peut crier victoire. Son parti a remporté l'élection partielle dans Lac-Saint-Jean lundi soir, une circonscription qu'il n'a pas détenue depuis 37 ans.
Le candidat libéral, Richard Hébert, a récolté 38,6 % du vote dans la circonscription que le conservateur Denis Lebel a représentée pendant dix ans avant de quitter en juin.
«On a arpenté le lac, je ne sais pas combien de fois j'en ai fait le tour, a affirmé M. Hébert en entrevue. On était présent partout.»
Les résultats ont été serrés durant une bonne partie de la soirée. Le bloquiste Marc Maltais était en tête dès le dépouillement des premières boîtes de scrutin, mais son avance s'est graduellement rétrécie.
Il était au troisième rang avec 23,4 % des voix derrière le conservateur Rémy Leclerc qui en a récolté 25,0 %. Un écart de près de 600 votes les séparait.
«C'est une division du vote qui fait qu'on a terminé deuxième au lieu de premier», a constaté M. Leclerc.
«J'avais réussi au fil de ma campagne à pousser les libéraux dans les câbles avec toutes leurs mauvaises décisions et quand le candidat du Bloc est arrivé dans la mêlée, il a continué sur les mêmes arguments.»
Celui qui avait orchestré les quatre campagnes électorales victorieuses de Denis Lebel, continuera de militer au sein du Parti conservateur, mais ne sait pas s'il va se présenter à nouveau en 2019.
Sur Twitter, le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, a salué le travail de son candidat.
«Je suis très fier de @remyleclerc2017 dans Lac-Saint-Jean, a-t-il écrit. Une campagne locale nécessite beaucoup de travail. Nous continuerons de demander des comptes à Justin Trudeau pour ses politiques qui nuisent à ceux-là mêmes qu'il prétend aider.»
L'effet Trudeau
Loin de s'avouer vaincue, la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, estime que cette élection partielle était en quelque sorte une répétition générale pour son candidat Marc Maltais.
«Ce n'est que partie remise pour 2019 parce que la partielle était une étape en préparation pour 2019, alors je pense que le ton est donné», a-t-elle affirmé en entrevue.
M. Maltais est le dernier à s'être lancé dans la campagne, moins d'un mois avant le scrutin.
La néo-démocrate Gisèle Dallaire a obtenu 11,7 %. Un résultat décevant pour celle qui avait talonné Denis Lebel en 2015.
Elle croit que les électeurs ont été séduits par les visites du premier ministre Justin Trudeau et par l'attrait de voter pour un candidat qui fera partie du gouvernement.
«C'est sûr que M. Trudeau est venu deux fois dans la région, ça a sûrement joué dans le résultat», a-t-elle souligné en entrevue.
Les signes religieux de son chef, Jagmeet Singh, qui porte le turban et le kirpan, semblent également avoir freiné une partie des électeurs qui l'avaient appuyée en 2015.
«Ça revenait quand même dans le porte-à-porte et le pointage surtout, mais ce n'était pas majoritaire», a-t-elle révélé en signalant que les militants bloquistes n'ont pas hésité à en faire un enjeu sur les réseaux sociaux.
«Il y avait beaucoup de personnes aussi qui trouvent M. Singh très emballant et qu'ils veulent le connaître plus, a-t-elle ajouté. Il y a plein de monde qui ne le connaît pas du tout, du tout.»
Jagmeet Singh est devenu chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) moins d'un mois avant l'élection.
Le lieutenant néo-démocrate au Québec, Alexandre Boulerice estime que l'attrait du pouvoir a tout simplement été plus fort.
«Une élection partielle comme ça, les électeurs savent qui est au gouvernement et c'est quelque chose qui est assez fort au Lac-Saint-Jean, la volonté d'être du bon bord, du bord du gouvernement, a-t-il constaté.
«Ça aussi, ça peut jouer et ça n'a rien à voir avec les attributs vestimentaires du chef du NPD.»
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