Les casseurs : les meilleurs alliés du PLQ ?

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012


Ça y est : malgré la trêve entourant la négociation entre le gouvernement et les étudiants, des activistes radicaux ont décidé de poursuivre la casse au centre-ville de Montréal. Fallait-il s’y attendre ? Ces casseurs savent-ils qu’ils offrent au Parti libéral l’occasion de se refaire une réputation politique à peu de frais et qu’ils créent les conditions de sa possible réélection? Savent-ils qu’entre le gouvernement et les casseurs, la population n’hésite pas et cède naturellement à un réflexe sécuritaire ? Savent-ils que le peuple préfère la paix civile aux simagrées révolutionnaires ? La violence n’a pas sa place dans une société libérale. Point final. Oui. Point final.
Je devine qu’ils nous répondront : élections, piège à cons ! Que nous sommes bernés par une démocratie de façade dont il faudrait dévoiler la vraie nature policière. Vive la stratégie de la tension, vive la stratégie du pire ! Il faudrait précipiter une dérive autoritaire qui permettra inversement au chaos qui loge dans les entrailles du social d’y remonter à la surface. Les apprentis révolutionnaires affirmeront que tous les partis sont identiques. Qu’ils sont interchangeables. Révolutionnarisme stérile et militantisme de carnaval. Ces slogans d’excités idéologiques sont surtout symptomatiques d’une désolante régression civique et d’un désaveu de nos institutions démocratiques.
J’ajoute une chose : les casseurs collent aux étudiants une mauvaise réputation qu’ils ne méritent pas. Ils cherchent à détourner à leur avantage l’exaspération légitime d’un nombre très élevé de Québécois envers un régime épuisé. Les manifestants du «printemps québécois», dimanche dernier, ne jouaient pas à la révolution mais témoignaient, dans la diversité de leurs revendications, de l’aspiration à une société plus décente. Ils revendiquaient le retour de l’idéal en politique. On peut critiquer telle ou telle revendication. Mais on doit saluer cette renaissance de l’esprit civique dans un Québec qui en a bien besoin.
Retour aux casseurs. La démocratie, ce n’est pas la rue contre le gouvernement. La démocratie présuppose un respect minimal des institutions. Elle se fonde justement sur la censure de la violence qui relève plutôt de l’imaginaire de la guerre civile. La démocratie ne consiste pas non plus à mimer dans les rues l’insurrection civique mais à préparer patiemment une alternative politique qui sera capable de construire une majorité électorale nécessaire à l’application de son programme. Je crois encore à la politique des partis, parce qu’elle est indépassable démocratiquement.
Retour au PLQ. Il serait tragique, et je dis bien tragique, que le gouvernement Charest, qui a si mal servi le Québec depuis 2003, soit réélu en tirant parti de la dérive de la grève étudiante. Les casseurs sont en ce moment les meilleurs alliés du PLQ. Parce qu’ils créent les conditions de sa renaissance électorale, je me permettrai de dire à ces casseurs : vous faites du mal au Québec. Vous vous saoulez à la révolution et vous perdez la tête. Certains ne portent pas la boisson. D’autres ne portent pas les idées. C’est votre cas.


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