Les bœufs sont lents mais la terre est patiente

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Du fumier pour un G7 mouvementé

G7 oblige, on demande aux agriculteurs de Charlevoix d’y aller molo avec le fumier.


C’est pas des blagues, selon un article de Thierry Larivière publié dans le journal agricole La Terre de chez nous, « Les agriculteurs de Charlevoix ont reçu un mémo les priant de ne pas épandre du fumier du 1er au 9 juin pour éviter de déplaire aux chefs d’État des pays du G7. Tous les agriculteurs de la région ne sont pas enchantés de cette demande. »


J’imagine que ça ne doit pas faire l’affaire de tout le monde. C’est que l’épandage de fumier, dans le cycle de l’agriculture, n’obéit pas aux doléances des « grands » de ce monde mais plutôt au rythme de la saison. Et dans ce cas-ci, « le rappelle Jacynthe Gagnon, présidente de Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale–Côte-Nord, il faut épandre avant de semer et la date limite des semis de La Financière agricole est le 15 juin ».


C’est que ça pue le fumier. Ça pourrait indisposer les « grands » de ce monde. Je me demande ce qui pue le plus, l’épandage de fumier ou l’odeur de ce qui coule dans le pipeline que nous venons d’acquérir, collectivement, au Canada.


Contre notre gré. Je suis tellement content de ne pas avoir voté pour ça. C’était donc pour ça que c’était si important de voter Trudeau pour sortir Harper!? Chaque fois pareil, « n’importe qui sauf... » n’a jamais été un projet social concluant.


Jamais.


Petite prédiction : voter Legault pour sortir Couillard, hé bin je vous le dit tout de suite, ça va produire exactement le même résultat. Quoi que dans ce cas-ci, y’a déjà pas mal de libéraux des deux bords mais bon.


C’est la plus grande réussite de la droite fédéraliste qui mène la nation québécoise, qui dirige la province; avoir réussi à imposer comme option de « changement » à son règne pourri et usé jusqu’à la corde, un clone de son parti de gouvernance.


La terre est patiente...


Et en pensant à cette anecdote, car les agriculteurs vont suivre la directive et tenter de ne pas y aller trop fort sur le fumier, je me suis dit que juste pour le fun, c’eut été rigolo que les agriculteurs répondent par une double dose de fumier. Du bon lisier bien gras et odorant.


Car cette terre là que les agriculteurs cultivent, au rythme des saisons et non dans l’hypertrophie de la modernité où rien ne dure plus, on a pourtant l’impression que les « grands » qui nous rendrons visite, bien protégés par les milliers de policiers et plus de 4 millions de dollars de clôtures, et bien ceux-ci font tout pour la spolier cette terre.


On aurait bien voulu une double ration pour M. Trump afin de lui rappeler ses positions rétrogrades en matière de changements climatiques, d’énergies renouvelables, sa préférence pour le charbon, les pipelines et l’économie du siècle d’avant le siècle dernier.


Le cinéaste Pierre Falardeau, dans son bouquin Les bœufs sont lents mais la terre est patiente, décrit les « grands » de ce monde de la façon suivante afin de dénoncer les airs de noblesse qu’on leur donne alors que leurs actions sont souvent condamnables :


« Et tous ces voyous en cravate, ces hommes en habits de ministres, des trimpes en costume trois-pièces qui posent en défenseurs des droits de l’homme, en protecteurs de la démocratie des multinationales, la lyre à la main comme Néron regardant flamber la ville de Rome... »


Pendant que les « grands » de ce monde discutent de croissance économique, de commerce et quoi encore, la terre, elle, suffoque et commanderait un répit. Vaine aspiration, qui serait contraire au dogme intouchable du « développement économique ».


On l’entend chaque midi, juste avant l’heure, comme l’on s’inquiète de la santé d’un patient : « et les marchés, ils se portent comment M. Vézina? »


La terre est patiente.


Quand, il ne nous restera plus d’air sain à respirer, que les océans auront été durablement contaminés, quand l’eau potable manquera, la terre survivra. Son horizon à elle nous dépasse.


Elle sait se refaire en prenant son temps.