Effondrement au tunnel Viger

Les affaires d’abord

Béton-tombe...



Le ministre des Transports Pierre Moreau avait été très ferme en février dernier. Il avait même convoqué une conférence de presse pour annoncer que des poursuites seraient entamées contre les firmes de génie responsables des travaux du tunnel Viger, dont un paralume s’était effondré l’été dernier. Les faits étaient clairs, démontrait un rapport d’experts ; il ne restait plus qu’à évaluer la compensation à demander.
Ce gouvernement, fallait-il comprendre, était prêt à passer à l’action. Enfin, dans certaines limites puisque le ministère continuerait de faire affaire avec les trois firmes impliquées - « Quand une faute médicale est commise par un médecin dans un hôpital, on ne ferme pas l’hôpital », avait exposé M. Moreau. Mais que le grand public se rassure, les responsables de l’effondrement devraient « en supporter les conséquences ».
Les affaires, on le comprend aujourd’hui, sont plus fortes que les poursuites. On apprend que deux mois et demi après que le paralume fut tombé, le MTQ octroyait un contrat de 30 millions au même consortium - SNC-Lavalin, Cima + et Dessau - pour « accompagner le ministère dans sa démarche de maintien des structures de l’échangeur Turcot ».
Aucune réserve même si ce fut un miracle que l’incident du tunnel Viger ne fasse aucune victime, et même si l’enquête des experts indépendants (mandatés par le MTQ au lendemain de l’effondrement) était alors en cours. Mieux encore, le travail du consortium a été évalué par le ministère qui a conclu que les standards de qualité n’avaient pas été respectés !
Tout cela aurait dû découler sur une sanction - soit de ne plus obtenir de contrat du MTQ pendant deux ans -, mais des discussions ont suffi pour effacer l’ardoise. Il faut dire que jamais, depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir en 2003, une firme de génie-conseil n’a été sanctionnée par le MTQ.
Faut-il dès lors s’étonner que les poursuites annoncées soient maintenant engluées ? Le ministère de la Justice, à qui incombent les procédures judiciaires, en est encore à évaluer les dommages - 11 mois après les événements, cinq mois après l’annonce d’une action imminente.
C’est là un air connu, et lassant. Quand il est question de construction, et particulièrement de firmes de génie-conseil, les libéraux bercent l’électorat en annonçant en grande pompe des gestes, puis mettent le pied sur le frein pour ne surtout pas changer pour vrai les manières de faire. Qu’il s’agisse de fraude, de collusion ou d’effondrement, il n’y a jamais de représailles à exercer contre les firmes et toujours moyen que les affaires se poursuivent. Le grand public oublie si facilement…


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