Les 935 mensonges de Bush

"L’échec en Irak confirme l’ignorance des politiciens américains en matière de politique internationale." Ignorance? Oui, en effet...



George W. Bush et ses acolytes ont menti 935 fois pour justifier la guerre en Irak entre le 11 septembre 2001 et le 11 septembre 2003. Le président à lui seul aurait menti 232 fois, selon une compilation faite par un organisme sérieux, le Center for Public Integrity. Armes de destruction massive, liens de Saddam Hussein avec Al-Qaida, tous les arguments étaient bons pour convaincre les Américains et la communauté internationale qu’il fallait envahir l’Irak pour la deuxième fois. Peut-on mentir impunément à la planète sans encourir de pénalité? C’est malheureusement le cas.


Selon l’Organisation mondiale de la santé, le conflit en Irak a fait 150 000 morts chez les civils de 2003 à 2006. Depuis 2006, près de 40 000 autres personnes auraient perdu la vie. Ces données ne tiennent pas compte des dizaines de milliers de victimes chez les militaires, ainsi que des centaines de milliers de blessés chez les civils.
Saddam Hussein était responsable de la mort de 250 000 personnes en Irak, mais ce n’est pas pour des raisons humanitaires que le président Bush lui a déclaré la guerre. C’est pour le pétrole. Un motif inacceptable s’il lui fallait un jour s’expliquer devant un tribunal international.
L’organisme Human Rights Watch a bien résumé les intentions cachées de l’administration américaine lorsqu’elle a refusé de soumettre Saddam Hussein à un tribunal international, comme on l’avait fait pour l’ex-président yougoslave Slobodan Milosevic. «L’administration déteste tellement la Cour pénale internationale qu’elle s’oppose à la création de tout tribunal international pour l’Irak, apparemment par peur qu’un tel tribunal ne confère une crédibilité au projet complet de justice internationale.»
La Cour pénale internationale, dont le Canada est un signataire, s’était donné pour compétence, en 1998, de juger les crimes de guerre, de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes d’agression. L’invasion en Irak entrerait-elle dans la catégorie des crimes d’agression? Probablement. Mais les Américains n’ont pas ratifié la création de cette cour, par crainte qu’elle ne soit utilisée contre eux. Washington a fait des pressions économiques pour dissuader les États de ratifier la création de ce tribunal, et a conclu des accords bilatéraux avec les pays signataires pour que les Américains mis en accusation soient rapatriés aux États-Unis. La conclusion saute aux yeux : l’administration Bush a menti 935 fois, mais ne sera jamais jugée pour un conflit qui a fait presque autant de morts en Irak que Saddam Hussein en a fait pendant ses années de dictature.
La seule punition de l’administration Bush est l’endettement effroyable des États-Unis à cause de ce conflit. Un endettement qui explique en partie la récession économique qui se pointe au sud de la frontière, mais qui aura des conséquences pour tout le monde, incluant le Canada. Le pire, c’est que les successeurs de George W. Bush ne savent même pas comment réparer les gaffes de leur prédécesseur et, surtout, comment ils sortiront les troupes du bourbier irakien.
L’échec en Irak confirme l’ignorance des politiciens américains en matière de politique internationale. C’était certainement le cas de George W. Bush. Durant sa campagne à l’investiture, en 2000, un comédien canadien de la CBC, Rick Mercer, qui se faisait passer pour un journaliste, lui avait fait donner son appui au «premier ministre canadien Jean Poutine» lors d’une assemblée politique au Michigan. On peut sourire à une telle ignorance, mais ça devient effrayant quand on considère que ces politiciens ignares sont appelés à prendre des décisions aussi lourdes de conséquences pour toute la planète.
Cul-de-sac
Les politiciens créent des commissions d’enquête ou des groupes d’experts lorsqu’ils ignorent comment régler un problème. C’est parfois très habile, mais c’est souvent une bombe à retardement. Stephen Harper croyait avoir déjoué les libéraux en confiant à l’ancien ministre John Manley le soin de le conseiller sur le rôle du Canada en Afghanistan. Il a fait la même chose pour décider s’il devait y avoir une enquête sur les liens Schreiber-Mulroney. Mal lui en prit.
M. Manley s’est entouré des meilleures têtes à Ottawa, dont Derek Burney, un ancien sous-ministre aux Affaires extérieures et chef de cabinet de Brian Mulroney à la fin de son premier mandat. Hautement respecté, M. Burney, tout comme Paul Tellier, ancien sous-ministre sous Jean Chrétien et greffier du Conseil privé sous Mulroney. Mais l’expertise ne donne pas de décisions toutes faites. M. Harper est toujours pris avec le même dilemme : que faire avec l’Afghanistan en 2009? Dans le cas de l’affaire Schreiber-Mulroney, les conservateurs ne voulaient pas d’une enquête, mais leur expert en a décidé autrement. Bien pris qui croyait prendre.
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