Le vent va tourner

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Les premières bourrasques soufflent déjà

Sûrement pas partout dans le monde d’un seul coup. Bien sûr que non. Mais au Québec, ça va prendre l’allure d’une vraie tornade. Nous aurons de la grande visite.

Ne cherchez pas Denis entre le 17 et le 28 août, il sera en tournée à travers le Québec pour séduire les électeurs en vue de l’élection fédérale qui aura lieu en 2015. Je ne parle pas ici de Denis Coderre, vous aurez bien compris. Lui, monsieur Coderre, il est assez facile à trouver. Si vous voyez une caméra quelque part, il y a de grandes chances qu’il soit devant. C’est son sport préféré.

Non, je parle de Denis Lebel, ministre à Ottawa, conservateur convaincu, qui se met en marche, un an avant l’élection, pour collectionner des votes pour Stephen Harper. Il sera partout au Québec durant ces quelques jours en août. Prenez-en bonne note, car il vient NOUS écouter.

C’est en lisant La Presse de mardi dernier que j’ai appris la formidable nouvelle, grâce à un papier signé par Joël-Denis Bellavance, et je n’ai pas arrêté de rire depuis que j’ai réalisé tout ce que l’entrevue exclusive du journaliste voulait dire. Monsieur Bellavance précise que le voyage de M. Lebel sera entièrement payé par le Parti conservateur et que des employés du parti feront aussi le voyage avec le ministre, dans une fourgonnette portant les couleurs de M. Harper. Un site Web sera créé pour permettre au bon peuple de suivre les déplacements du ministre. AYOYE ! (Le « ayoye » est de moi.) C’est là que j’ai commencé à rire.

M. Lebel a aussi confié à La Presse qu’il souhaitait faire éclater « les mythes » selon lesquels le Parti conservateur aurait fait une croix sur le Québec et ne se consacrerait plus qu’au reste du pays, surtout à l’Ontario et à l’Alberta.

Ça fait des mois et des mois qu’on lui crie par la tête qu’il ne peut pas y avoir un pont à péage pour remplacer le pont Champlain, que ça n’a aucun sens quand on connaît Montréal et qu’on sait l’importance des ponts au sud comme au nord. Montréal est une île, au cas où vous ne le sauriez pas, M. Lebel ! Et le pont Champlain ressemble à votre parti. Il croule.

Je l’avoue, dans l’état actuel de l’information, cet article a été un baume pour moi comme pour tous ceux qui pensent qu’il faut rire au moins une fois par jour, ne serait-ce que pour rester en santé. Vous reconnaîtrez que ce qu’on trouve à lire dans les journaux québécois ces temps-ci n’a rien de réjouissant. Le monde entier est devenu fou. Que ce soit dans Gaza, en Syrie ou en Ukraine, la haine paraît sans limites. Ici, on sait que l’automne sera chaud.

Partout, le ton monte un peu plus chaque jour et les catastrophes qu’il entraîne remplissent les journaux aussi bien que les images et les commentaires de la télévision. Heureusement que nous avons Denis Lebel qui veille au grain. C’est ce que je me suis dit en lisant l’article en question. La chance qu’on a, nous au Québec, d’avoir un homme comme lui qui va venir nous écouter du haut de ses certitudes. S’il le fait, ça tiendra du miracle, car plus fermé que lui au sujet du pont Champlain, par exemple, c’est difficile à trouver. Il doit être pareil au sujet de la livraison du courrier à domicile.

Quant à son désir d’écouter enfin, deux solutions sont peut-être possibles. Quand Denis Lebel s’annoncera dans votre région, vous pouvez encore librement choisir de répondre à son invitation et d’aller occuper tous les micros disponibles pour lui expliquer ce que veulent les Québécois de votre région, et je sais intuitivement que ce ne sont pas les sujets qui vont manquer. Faites-lui plaisir. Dites-lui tout ce que vous avez à lui dire. Il finira bien par vous entendre. Même s’il paraît plutôt sourd comme un pot.

L’autre solution, c’est de ne pas mettre le nez dehors quand il sera dans votre région, de répondre qu’il n’y a pas d’abonné au numéro qu’il a composé et que, au fond, vous n’avez rien, absolument rien à lui dire.

Ne vous laissez pas tenter par une épluchette de blé d’Inde ni par des hamburgers qu’il vous ferait cuire lui-même sur le barbecue, ça ne mène à rien, ces trucs-là, sauf à faire des photos pour les journaux. Prenez votre courage à deux mains et restez chez vous. Vous lui direz ce que vous pensez le jour de l’élection, quand, comme dit la chanson de Félix, « il aura oublié ton nom »…

En fait, ça ne sert à rien qu’il nous écoute, il n’a jamais rien compris… Et voilà. Je n’ai plus le goût de rire.


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