Le ton Couillard

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«Mou comme de la purée pour bébés»





Une amie chère, descendante d’une illustre famille libérale, dont la richesse de la pensée n’égale que sa capacité de s’indigner, à cause de son grand âge dit-elle, a trouvé un joli sobriquet pour décrire Philippe Couillard. Elle l’appelle Bébé mou.


Il faut voir son imitation du premier ministre qui fait des bulles avec ses bajoues.


Lorsque Philippe Couillard s’adresse à nous, tout est débité sur le même ton plat, qu’il commente une catastrophe ou qu’il souhaite bonne fête nationale aux Québécois. À l’entendre, rien ne l’indigne, rien ne l’émeut.


Ce n’est pas un détail insignifiant. Ignorer l’émotivité des Québécois n’élèvera pas la qualité du débat. Au contraire.


Si le premier ministre pense qu’il gagne en stature politicienne en laissant ses émotions au placard, il est mal conseillé. L’humeur du chef du gouvernement en dit souvent plus long sur les priorités de l’État que les déclarations et les discours écrits par d’autres.


Imaginez John F. Kennedy à Berlin en 1963 lancer son célèbre Ich bin ein Berliner sur ce ton épointé qu’affectionne le premier ministre du Québec, jamais cette phrase ne serait passée à l’histoire.


Madame Marois, mea culpa


Il m’est déjà arrivé d’écrire que le gouvernement Marois se classait parmi les pires des 50 dernières années. Mea culpa. Malgré les cafouillages et les débordements autour de la charte des valeurs, il y a avait de la vie dans ce gouvernement, de l’intelligence, de la passion, des débats.


On pouvait ne pas être d’accord avec les choix de Pauline Marois, mais autre chose que du fluide glacial coulait dans ses veines.


Le refus de Philippe Couillard de prendre en considération les préoccupations sur la langue, l’immigration ou l’islamisme témoigne d’une distance malsaine avec l’électorat.


Il doit bien y avoir un compromis entre un Donald Trump gueulard et Sa Hauteur Philippe Couillard?


Je n’ai jamais compris pourquoi les Libéraux s’étaient donné un chef aussi hypothéqué: l’Arabie saoudite, Arthur Porter, son départ du gouvernement Charest, depuis le début, Philippe Couillard se promène avec un bull’s eye dans le dos.


Contrôle total


On raconte que son bureau contrôle tout ce qui se fait et se dit au gouvernement. Que les ministres – sauf le docteur Barrette? – sont bâillonnés à la manière Harper. (Un autre qui n’avait qu’un seul ton de voix à son répertoire.) Peut-être le PM est-il embarrassé par le déficit de matière grise et de jugement de certains de ses ministres?


Pourquoi alors avoir tassé des personnalités comme Fatima Houda-Pépin, Marguerite Blais ou Robert Poéti? Parce qu’elles étaient moins malléables? Ou trop enflammées?


Pendant que certains pleurent la perte de la recette de la salade de chou crémeuse, et tant que ça ne vire pas au nationalisme primaire, des réflexions s’imposent, je déplore pour ma part la disparition de la célèbre colonne vertébrale québécoise du discours libéral actuel. Celle qui a permis à un petit peuple conquis de devenir une grande nation nord-américaine.


Cette semaine, Philippe Couillard a dit sans se tromper que Jean Lapierre «donnait le ton» de la journée politique.


Monsieur le premier ministre, puis-je respectueusement vous rappeler que c’est vous qui donnez le ton du Québec politique? Pour l’instant, c’est mou comme de la purée pour bébés.




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