Deux pétitions en ligne réclament son abolition

Le serment d'allégeance à la Reine contesté

Les députés doivent allégeance au peuple du Québec

Tribune libre

Sur Internet circulent présentement non pas une mais DEUX pétitions demandant aux nouveaux élus de refuser de prêter serment d'allégeance à la Couronne britannique.

La première (https://secure.avaaz.org/fr/petition/Aux_deputes_Quebecois_Labolition_du_serment_dallegeance_a_la_reine/sign/?adraugb) invoque la Charte des droits et libertés de la personne du Québec comme motif de refus de se plier à cette obligation imposée à tous les élus depuis les origines des institutions parlementaires canadiennes. (Le Canada dit « moderne » est resté une monarchie constitutionnelle, ne l'oublions pas !)

Rédigée à la première personne, cette pétition constitue une sorte de modèle de déclaration toute simple que les députés – quelle que soit leur orientation politique – désirant s'y soustraire pourraient lire au moment de leur assermentation à l'Assemblée nationale. Elle se présente comme suit :

« Considérant mes profondes convictions patriotiques, républicaines, démocratiques et indépendantistes, je, (nom du député), invoque l'article 1.3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, qui reconnait et protège la liberté de conscience de tous les citoyens québécois, pour justifier mon objection de conscience à porter un serment de fidélité et d'allégeance au roi ou à la reine du Canada. »

À ce jour, elle a recueilli plus de 400 signatures.

Quel élu aura le courage de jurer fidélité... au peuple souverain du Québec !?

Une deuxième pétition (https://secure.avaaz.org/fr/petition/Message_aux_deputes_du_PQ_de_QS_et_de_la_CAQ_Refusez_de_preter_allegeance_a_la_Couronne_britannique/), plus élaborée, s'adresse spécifiquement aux députés du PQ, de QS et de la CAQ élus le 7 avril. Elle n'est en tout état de cause pas destinée aux députés libéraux, présumés fédéralistes par définition. Bien qu'elle ne leur propose aucun exemple de serment comme tel, elle n'en interpelle pas moins les nouveaux élus nationalistes en termes clairs : « Refusez de prêter allégeance à la Couronne britannique ! »

À l'évidence, le ton du texte se veut ici plus agressif. Évoquant la déclaration faite sur les ondes de Radio-Canada, en septembre 2011, par Jacques Duchesneau, selon qui la corruption coûterait « 4,5 milliards par année » aux contribuables, soit « 570 $ par Québécois », cette dernière pétition vise à « provoquer une crise politique majeure AVANT que [...] la corruption ne vienne encore une fois gangrener la société québécoise à tous les niveaux ».

Son auteur n'hésite pas à établir un lien entre ledit serment d'allégeance – « symbole de notre passé colonial » – et « la corruption associée à un régime politique pernicieux [...] qui freine depuis toujours le développement économique et social » du Québec.

Mis en ligne il y a une semaine, ce dernier appel a pour sa part recueilli jusqu'à présent plus de 150 de signatures. Il n'existe apparemment aucun lien direct entre les deux pétitions, si ce n'est une volonté évidente, de la part de leur auteur respectif, de combattre un système politique que tous deux jugent dépassé.

Il convient de souligner que la question du serment d'allégeance à la Reine, si elle a pu susciter la controverse peu après l'élection des premiers députés péquistes en 1970, n'a plus guère soulevé la polémique depuis. Il semble qu'on la considère désormais comme un passage obligé ou un mal nécessaire pour quiconque veut siéger à l'Assemblée nationale. Il est toutefois paradoxal que des députés souhaitant briser le lien fédéral n'aient pas encore jugé utile de poser ce geste symbolique de rupture et continuent par conséquent, dans les faits, de rester fidèles à la Couronne britannique.

Peut-être l'arrivée de Pierre-Karl Péladeau contribuera-t-elle à changer la donne ? Imaginez un instant le tableau suivant : PKP osant lever le poing en pleine Assemblée nationale au moment de prêter allégeance... au peuple souverain du Québec ! Ce serait là du vrai pain béni pour tous les analystes et autres commentateurs de la scène politique canadienne et québécoise...


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 avril 2016

    Je compte me présenter aux élection de 2018. Si je suis élu député, je compte également ne pas prêter allégence à la reine mais bien qu'au peuple du Québec, selon mes convictions et principes. Serais-je le premier à le faire si je suis élu? À suivre....
    En attendant, voici ma page facebook à tous ceux qui désire me suivre...
    https://m.facebook.com/Bobby-Dagenais-932736136813728/
    www.quebec2018.ca (en construction)

  • Archives de Vigile Répondre

    19 avril 2014

    Ce n'est pas par hasard que les enseignements de celui qui a établi que la lutte était SUR le régime et non DANS le régime passent dans l'oubli. Cachez-moi ce Séguin «dépassé» que je ne saurais voir. Mais Maurice Séguin a raison et ce qu'il dit va à l'encontre de la tradition nationaliste constituée qui a tout intérêt à l'ignorer. Cette tradition, dont les formes évoluent mais immuable quant au fond, refuse de s'écarter des limites revendicatrices (la pleurniche, la réforme, etc.) DANS le régime, lequel est respecté comme la limite légitime et absolue du champ politique. Le poids de la tradition qui se soumet au régime pour le combattre de l'intérieur a produit une élite souverainiste bien en place et bien pourvu de rentes qui n'a aucun intérêt à changer le statu quo. Les analyses diverses qu'on nous sert après la défaite du 7 avril sont de la même eau et laissent déjà présager que rien ne changera. Qu'une nouvelle aristocratie souverainiste ait pu se constituer bien au chaud au coeur du régime depuis René Lévesque ne peut que laisser songeur sur le caractère «dangeureux» de cette élite nationaliste pour le régime.

  • Monique Chapdelaine Répondre

    19 avril 2014

    Je viens tout juste de terminer l'envoi d'un résumé de votre texte à tous les députés du PQ, de la CAQ et de QS qui ont un courriel (comme PKP n'a pas encore de courriel à l'assemblée nationale, je n'ai pu lui faire parvenir) :
    Abolition du serment d'allégeance à la Couronne britannique
    Deux pétitions sont présentement en ligne demandant aux nouveaux élus de refuser de prêter serment d’allégeance à la Couronne britannique. À ce jour, ces deux pétitions ont recueilli plus de 700 signatures.
    Voici un modèle de déclaration toute simple que vous, les députés, pourriez lire au moment de votre assermentation à l'Assemblée nationale, en remplacement au serment d'allégeance à la reine :
    « Considérant mes profondes convictions patriotiques, républicaines, démocratiques et indépendantistes, je, (nom du député), invoque l’article 1.3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, qui reconnaît et protège la liberté de conscience de tous les citoyens québécois, pour justifier mon objection de conscience à porter un serment de fidélité et d’allégeance au roi ou à la reine du Canada. »
    Mesdames et Messieurs les députés, faites preuve de courage et d’initiative pendant qu'il en est encore temps !
    Nous, issus du peuple du Québec, sommes de tout cœur avec vous !

  • Danièle Fortin Répondre

    18 avril 2014

    Monsieur Paiement,
    Votre rêve de voir PKP lever le poing lors de son assermentation ferait sans doute la nouvelle pendant quelques jours ; à n'en pas douter, tétaniserait de bonheur et de fierté les péquistes mais ne bousculerait en rien les affaires courantes de Sa Majesté.
    À preuve, à chaque cérémonie d'assermentation, Alex Salmond, le chef du Scottish National Party se fait un point d'honneur, avant de répéter la formule consacrée, de prêter serment d'allégeance au peuple écossais et à sa souveraineté.
    Pour ce qui est du poing levé, Tommy Sherridan du Scottish Socialist Party, en signe de protestation, s'en fait aussi une tradition personnelle :
    https://www.youtube.com/watch?v=DzuUE8PUiqs
    Ce ne sont pas tant les Écossais qui doivent nous servir de modèle mais les Irlandais.
    Ce n'est pas du moins pire dont il faut s'inspirer mais du meilleur.
    -

  • Pierre Cloutier Répondre

    18 avril 2014

    Il suffirait qu'un seul député refuse de prêter le serment à la Reine pour que cela fasse la une dans tout le Canada, voire internationalement et le mouvement serait lancé. Qu'arriverait-il? ll ne pourrait pas siéger et il y aurait des chances qu'une élection partielle soit déclarée et il y aurait des chances qu'il soit réélu de nouveau en ayant l'appui des citoyens pour cette bravade. Qui, parmi les 30 députés du PQ, aura le courage de le faire?
    Pierre Cloutier

  • Danièle Fortin Répondre

    18 avril 2014

    Le commentaire de Gilles Verrier est d'une logique implacable. Il met en lumière les véritables forces qui devraient s'affronter dans cette guerre de libération nationale et ce, depuis la Conquête : la couronne d'occupation versus la souveraineté du peuple. Alors que depuis la création du Dominion l'on nous présente, nous inflige cette lutte sous le couvert de joutes parlementaires, des chefs de partis politiques premiers ministres défendant ce dominion, de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau en 1867 à Philippe Couillard, aujourd'hui, ceux-là n'ont été qu'une succession de diversions à laquelle le Pq de René Lévesque à Pauline Marois s'est prêté avec une scandaleuse complaisance.
    Nous pouvons bien pointer du doigt les chefs du PLQ, pousser des cris d'orfraie à propos de leurs pratiques troubles voire mafieuses, cela n'ébranlera en rien l'institution qui nous maintient dans la servitude. Adopter le langage de l'adversaire, combattre sur son terrain selon ses propres règles n'est-ce pas déjà lui concéder la victoire ?
    Ce n'est pas le procès de Charest ou de Couillard qu'il faut faire, c'est celui de la couronne d'occupation partout, tout le temps. Le reste suivra.
    _
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  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2014

    Monsieur Paiement, Vous allez me trouver sévère mais je ne pense pas que l'on puisse «pétitionner» les députés, leur donner la commande de se donner une conduite honorable. Ce sont des adultes envers qui l'on ne peut pas grand-chose sur l'idée qu'ils se font du sens de l'honneur et du patriotisme. Quant à moi une idée très médiocre. Selon moi, leur manque d'honneur éclabousse la patrie tout entière, mais peu semblent s'en formaliser. Invoquer la tradition, si longue soit-elle, pour continuer de se soumettre à une puissance et à un monarque étrangers est une excuse de quêteux. Personnellement, je pense que la cause de l'indépendance s'est suffisamment payée de mots, elle est au bout de ses mots. La crédibilité ne se rachètera pas par d'autres mots, elle le sera par des gestes forts qui feront voler le statu quo en éclats pour en faire apparaître les contours ridicules, notamment dans l'ordre symbolique. Prêter serment à une puissance et à un monarque étrangers met les députés en conflit d'intérêt avec la défense de leurs électeurs et de la nation qu'ils prétendent défendre. Un tel conflit d'intérêt rendra toujours impossible la clarté du verbe et du geste dans la défense des intérêts nationaux du Québec. Leur mandant de député s'inaugure dans l'ambiguïté d'un compromis inacceptable qui va à l'encontre de toute idée de la souveraineté. Pour peu que les mots aient encore un sens.

  • Alain Raby Répondre

    18 avril 2014

    SVP, faites parvenir cette pétition aux députés indépendantistes à travers leurs médias sociaux. Un simple copier/coller
    http://pq.org/deputes/