Le secteur privé ne s'est pas porté à la défense du CUC, qui disparaîtra

Canada-Québec : "un dialogue de sourds"


PAR SYLVAIN LAROCQUE
Presse Canadienne
OTTAWA
C'est la fin pour le Conseil de l'unité canadienne (CUC): l'organisme de promotion du fédéralisme honni par les souverainistes québécois fermera ses portes, au plus tard, au début décembre.
En mars, après s'être fait coupé les vivres par les conservateurs, le CUC espérait poursuivre ses activités en faisant appel à des dons du secteur privé.
"On s'est vite rendu compte qu'il serait impensable de générer des revenus suffisants pour remplacer les fonds fédéraux", a expliqué mardi le président et chef de la direction du Conseil, Michel Desjardins.
Depuis des années, les dons d'entreprises comptait pour environ 1 million $ du budget total de 17 millions $ du CUC. Ottawa, pour sa part, versait 13 millions $ par année à l'organisme, basé à Montréal.
L'une des composantes du Conseil, le Centre de recherche et d'information sur le Canada (CRIC), qui finançait notamment la production de sondages d'opinion, a cessé ses activités le 31 mars dernier. Depuis 1996, Ottawa versait quelque 4,2 millions $ par année au CUC pour financer les activités du CRIC.
Un autre programme du CUC, "Rencontres du Canada", qui permet à des élèves de 14 à 17 ans de séjourner pendant une semaine à Ottawa, a été cédé en août à la Fondation Historica, de Toronto, pour 1,5 million $. Le gouvernement fédéral a accepté de transférer à Historica la subvention d'environ 2,3 millions $ qu'il versait jusque-là au CUC pour la gestion du programme.
Les conservateurs n'ont pas encore décidé du sort du dernier programme du Conseil, "Emplois d'été-Echanges étudiants", créé en 1996 par l'ex-député libéral Denis Paradis. Il est toutefois acquis que le CUC ne pourra pas le maintenir lui-même. Ottawa consacrait quelque 6 millions $ par année au programme. Il reste à voir si le gouvernement le confiera à un autre organisme.
M. Desjardins se dit "triste" de voir le Conseil de l'unité canadienne disparaître après 42 ans d'existence, notamment en raison des pertes d'emplois qui en découleront. L'organisme comptait une soixantaine d'employés; certains d'entre eux travaillent aujourd'hui pour Historica.
Les conservateurs avaient justifié l'abandon du CUC en disant que l'organisme n'avait "pas sa place" dans le cadre du "fédéralisme d'ouverture" qu'ils veulent pratiquer.
Mardi, le député libéral Jean Lapierre a estimé qu'Ottawa devait se donner les moyens de se préparer à une éventuelle victoire du Parti québécois.
"J'imagine qu'ils (les conservateurs) vont faire faire le travail dans d'autres cachettes du gouvernement, parce qu'ils ne peuvent pas être insensibles à la réalité de l'unité nationale, a affirmé M. Lapierre. Ils doivent prendre les moyens et suivre les courants d'idées. On est à la veille d'une élection provinciale au Québec."


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