Bernard Landry est de retour dans l'arène politique, mais l'a-t-il jamais quittée? Bien sûr, il s'en est quelque peu éloigné depuis qu'il a déchiré sa chemise lors du congrès de mai 2005.
Depuis cette démission (qu'il nous faut mettre, du reste, sur le compte d'un de ses accès de colère inhérents à son idiosyncrasie), je suis profondément convaincu que le ci-devant ex-premier ministre ne rêve que d'une seule chose: le redevenir! À bientôt 70 ans, il se voit non pas en elder statesman mais bien en sauveur du Parti québécois et, conséquemment, de la nation. Il y aurait là de quoi plaisanter, voire ironiser, si toute cette démarche ne procédait pas d'un apriorisme propre à un système de pensée qui, loin de faire avancer notre société, ralentit son évolution démocratique depuis plus d'un siècle, à savoir le messianisme!
On prête à René Lévesque cette boutade empreinte de ce «bon sens» -- je n'ose pas parler de lucidité -- qui fait si souvent défaut à nos dirigeants politiques: «Les cimetières sont remplis de gens indispensables.» D'aucuns auraient intérêt à en évaluer toute la portée politique, voire philosophique; pourtant, ce sont ceux-là mêmes qui continueront à s'illusionner à l'envi sur leur propre importance eu égard à l'avenir du Québec.
Il va sans dire que je considère Bernard Landry comme un des leurs en ce qu'il se considère toujours, soit par orgueil, soit par esprit revanchard, comme un politicien de carrière en réserve de la république! J'espère qu'il s'en trouvera, dans son entourage immédiat, pour le ramener à des vues plus cohérentes et plus sensées en regard de son destin personnel.
Je ne doute pas que nous ferons aisément l'économie de ses hyperboles et de ses exagérations langagières, qui constituent son arsenal de prédilection. Dernier exemple en date de ses jugements à la Salomon: «Le gouvernement actuel devrait être facilement défait puisqu'il est le pire gouvernement que nous ayons eu.» J'imagine qu'on doit retourner à l'époque de l'ignominieuse Conquête pour en retrouver un aussi malfaisant!
Quoi qu'il en soit, je ne sais pas si, au nombre des maîtres à penser de notre ex-chef d'État, figure Talleyrand. Auquel cas, je lui suggère de bien méditer sur la pertinence de cet aphorisme qu'on lui attribue: «Tout ce qui est excessif est insignifiant.»
Jean Lacasse, Montréal, le 31 janvier 2007
Le sauveur en réserve de la République
Par Jean Lacasse
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