Le registre des armes à feu connaît des ratés

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Un registre qui ne sert à rien : les crimes par armes à feu viennent du monde interlope


La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a dû reconnaître mardi que le controversé registre des armes à feu, entré en vigueur hier, posait des problèmes techniques.


« J’ai entendu comme tout le monde qu’il y a eu certains problèmes pour l’enregistrement avec le système. On le reconnaît, on fait notre mea culpa, on travaille toujours sur l’amélioration du système », a déclaré la ministre en marge d’une rencontre du cabinet caquiste à Gatineau.


Le Devoir a en effet pu constater qu’il était très ardu d’enregistrer certaines armes au registre sur le site Web du Service d’immatriculation des armes à feu du Québec.


Ce fut le cas pour un fusil à canon superposé de calibre 12 de fabrication russe voué à la chasse au petit gibier et d’un fusil semi-automatique également de calibre 12 de fabrication italienne utilisé pour la chasse à la sauvagine.


Le formulaire en ligne reconnaissait les marques, mais pas les modèles ni la longueur des canons. Il ne permettait pas non plus d’ajouter des informations qui ne figuraient pas dans les choix de réponse, rendant la procédure fastidieuse et l’information transmise, incomplète, voire inexacte.



24 %

C’est le pourcentage de détenteurs d’armes à feu qui s’étaient inscrits au registre en matinée mardi.


Au ministère, on affirme le contraire et que le « système permet de saisir toutes autres informations, même si elles ne se trouvent pas dans les choix de réponse ». On concède toutefois que « quelques plaintes ont été recensées concernant l’absence de la marque, du modèle ou de la longueur du canon souhaité dans les choix offerts en provenance du TRAF lors de la saisie ». Le ministère rappelle en outre qu’il s’agit « d’un nouveau système » et que « des améliorations sont régulièrement apportées ».


La ministre a quant à elle laissé entendre que les problèmes techniques étaient imputables à l’augmentation des inscriptions. « C’est le signe que de plus en plus de gens s’inscrivent dans des délais de plus en plus courts. »


Les propriétaires d’armes avaient jusqu’à mardi dans la nuit pour s’inscrire au registre, mais à peine 24 % des armes y étaient immatriculées en matinée, selon les données les plus récentes du ministère de la Sécurité publique.



« On n’est pas à 100 %, je vous le concède, mais il y a beaucoup d’augmentation », a répondu la ministre à un journaliste qui lui faisait remarquer mardi que l’atteinte de la cible était « ratée ». « Je fais le message à tous les détenteurs d’armes sans restrictions au Québec : enregistrez-vous. […] Tous ceux qui n’auront pas immatriculé leurs armes s’exposent à des sanctions », a-t-elle répété.


Rappelons que le registre vise à remplacer le registre canadien des armes à feu qui a été aboli en 2012 par le gouvernement fédéral. Il vise à immatriculer toutes les armes dites « d’épaule », soit des armes de chasse pour la plupart comme des fusils et des carabines. Cette catégorie compte pour 95 % des armes à feu qui se trouvent sur le territoire du Québec. Lors de l’abolition du registre fédéral, on en recensait 1,6 million.


La ministre a toutefois réitéré que les autorités n’entendaient pas être trop zélées dans l’imposition d’amendes. « Ce qu’on veut, c’est que les gens se conforment à la loi. C’est certain que si quelqu’un décide de s’inscrire dans trois jours, je préférerais qu’il le fasse avant la date butoir. Mais s’il le fait dans trois jours, je suis heureuse qu’il l’ait fait. […] Je ne peux pas condamner le fait que quelqu’un va s’inscrire. »


La semaine dernière, Geneviève Guilbault s’était engagée à corriger des sources de mécontentement dans le registre dénoncées par la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP). Ces changements qui touchent le numéro unique de l’arme, sa longueur et la durée de déplacement nécessitant d’en informer les autorités ne sont pas en vigueur parce qu’ils nécessitent l’adoption de règlements et de lois.




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