Le monsieur a le goût de ruer dans les brancarts aujourd'hui, alors je fonce : je considère que le rapport Bouchard-Taylor n'est pas une référence et qu'il ne le sera jamais, au grand jamais. Les opinions personnelles de deux multiculturalistes avoués seront toujours biaisées par définition.
Nos deux larrons en foire voudraient se faire passer pour des modèles de vertu sociale, pour des penseurs réfléchis, à l'éthique irréprochable, des parangons d'humanisme et de tolérance universelle. Mais ils feront toujours pencher la balance vers leurs convictions personnelles, au point d'habiller le multiculturalisme de nouveaux oripeaux délavés rebaptisés interculturalisme mais qui a autant l'air de la chienne à Jacques que le premier.
Mais voyez comment ils tordent allègrement les beaux principes lorsque cela fait leur affaire. La recette : affirmez tout d'abord l'égalité des hommes; mais ensuite, ajoutez un plus loin l'acceptation de principes religieux qui abaissent et infériorisent la femme au nom du respect du choix de religion. Voilà un exemple parmi tant d'autres dont est truffé leur rapport.
On se rappellera que la presque totalité de leurs recommandations douteuses étaient adressées sous forme de reproches au peuple québécois qu'on voulait corriger et à qui on intimait l'ordre de céder à toute demande d'accommodement peut importe son bien-fondé. Il minimise jusqu'à le rendre facultatif le devoir d'intégration du nouvel arrivant qui peut alors s'en dispenser sans grande conséquence ni pression aucune.
Ces joyeux compères grassement rémunérés possèdent cette surabondance de traits qui caractérisent les diplomateux mous, les éthiciens aux épaisses œillères haut perchés en tour d'ivoire inaccessible, les doctes philosophes sourcilleux aux sourcils broussailleux, les intellectuels déconnectés de bas acabit, et j'ai nommé : la pliance, l'aplaventrisme, le concessionnisme, la compromission, le concensualisme, le désir de ne pas faire de vagues qui pourraient déranger les minorités, la facilité à reculer et céder pour ne pas offusquer l'Autre érigé en nouveau maître de céans, et j'en passe.
Enchâssée dans une constitution que nous n'avons heureusement pas signée, la doctrine fédéraliste éhontée du multiculturalisme qui relègue au rang de folklore désuet ce qui forme l'identité du peuple québécois est condamnable et condamnée par de plus en plus d'esprits éclairés qui ont compris tout le mal génocidaire qu'elle engendre.
Le multiculturalisme met sur le même rang toutes les cultures importées en les plaçant sur un pied d'égalité au point de les laisser s'amplifier jusqu'à faire disparaître celle de la majorité fondatrice qui pour sa part devrait accepter cette reddition comme une marque de progrès et d'évolution. Quel non-sens inqualifiable!
Je m'insurge contre ce rapport biaisé et l'usage d'ouvrage de référence qu'on voudrait lui accorder dans les débats actuels. Car à entendre certains journalistes, chroniqueurs, politiciens, leaders d'opinion, c'est comme si l'étude de la Charte des valeurs devait se faire totalement et uniquement en fonction de ce rapport qui n'a jamais l'unanimité.
Un premier d'entre eux se demande si tel point débattu actuellement a été approuvé par les deux auteurs, un second trouve que tel autre point controversé va trop loin par rapport aux savantes concoctions des B-T et que cela est on ne peut plus grave, un troisième condamne du revers de la main toute prise de position qui déroge de leurs sacro-saintes recommandations. On compare chaque élément du projet de Charte à l'étude avec ce qu'ont écrit nos deux comparses, comme si c'était de nouvelles Tables de la Loi immuables édictant la grande Vérité universelle.
Qu'on se base plutôt sur le gros bon sens, sur la voix du peuple, en l'occurrence sur la nécessité absolue pour une nation de préserver et faire respecter son mode de vie, ses valeurs fondamentales, sa tradition religieuse, les éléments de valeur de son patrimoine.
Qu'on insiste sur les mesures à prendre pour protéger de l'altération néfaste venue d'ailleurs toutes nos caractéristiques identitaires séculaires, afin de maintenir vivant ce que notre nation est maintenant, et ce, au bénéfice des générations futures qui nous remercieront de notre discernement et de notre résistance au fractionnement.
Qu'on affirme sans détour et avec fermeté comment nous vivons ici et conséquemment comment toute tentative visant à nous changer, à modifier au profit d'autrui le contrat social qui est le nôtre, et à nous faire céder du terrain est irrecevable.
Le Québec est à prendre tel quel ou à laisser.
Des opinions personnelles biaisées
Le rapport Bouchard-Taylor n'est pas une référence et jamais ne le sera
Tribune libre
Réjean Labrie880 articles
Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.
Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème gén&ea...
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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.
Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.
Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.
L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.
Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.
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1 commentaire
François A. Lachapelle Répondre
8 novembre 2013La caricature jointe au texte est suave.
Réjean Labrie revient sur le rapport Bouchard-Taylor en donnant le titre, je cite: « Le rapport Bouchard-Taylor n’est pas une référence et jamais ne le sera ». Je renchéris son appréciation en disant que ce rapport est une référence solide pour illustrer un navet de pensée, et je m’excuse auprès des végétariens.
Plaçons ce rapport en contexte: le déconstructeur en chef du Québec, j’ai nommé John-James Charest est premier ministre depuis 2003 lorsqu’il institue la dite Commission le 8 février 2007. Le rapport final de la Commission est déposé le 22 mai 2008.
Que Charles Taylor signe le rapport final de la Commission, cela passe. C’est un fédéraliste doctrinaire, un multiculturaliste qui est prêt à accepter la formation de tribunaux de la charia. C’est son affaire, c’est son égarement.
Mais que Gérard Bouchard, ce Québécois de souche de Chicoutimi ma chère, cet intellectuel septuagénaire, ayant approché une sagesse certaine, comment peut-il vendre son droit d’aînesse contre un plat de lentilles, lequel plat a été fricotté par son voisin de commissaire Taylor ?
Quelle rigueur intellectuelle a guidé la Commission dans l’exemple qui suit ?
Il s’agit de la référence identifiée à la page 40 du Rapport abrégé de la Commission, je cite: « 3. La politique québécoise d’intégration. On s’entend généralement pour dire que les grandes orientations de la politique québécoise d’intégration ont été définies dans l’Énoncé de politique en matière d’immigration et d’intégration adopté en 1990. C’est dans ce texte qu’ont été énoncés les éléments constitutifs d’un «contrat moral» établissant, dans un esprit de réciprocité, les engagements respectifs de la société d’accueil et des nouveaux arrivants. »
Nous trouvons un début de définition du «contrat moral» servant de référence à la Commission Bouchard-Taylor, en allant à la page 16 de l’Énoncé de 1990, je cite:
« UN CONTRAT MORAL GARANT D’UNE INTÉGRATION RÉUSSIE. Comme il vient d’en témoigner, le Gouvernement est convaincu que l’immigration est un facteur nécessaire et un atout pour relever les grands défis démographique, économique, linguistique et socioculturel que doit relever le Québec à l’aube des années quatre-vingt-dix.»
Donc, une Commission à l’oeuvre en 2007-2008 s’appuie sur un Énoncé gouvernemental vieux de 17 ans. Cet énoncé est-il encore valable ? La Commission a-t-elle elle-même validé la pertinence de ce document ? Cet énoncé de 1990 a-t-il connu des évaluations périodiques ? Et le rapport abrégé est truffé d’autres raccourcis.