La dissolution de l'influence du Canada se poursuit

Le Québec sur la scène internationale: baisser de rideau

À l’assaut de la dispersion: Québécois demandés

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Tribune libre

À l’assaut de la dispersion: Québécois demandés


L’abdication par le Canada, ce matin, de la fonction prestigieuse pour le Québec de Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) est le dernier coup de machette dans la présence du Québec sur la scène internationale institutionnelle, la seule à laquelle son statut de province lui avait finalement donné droit en vertu de son identité spécifique et caractéristique à l’intérieur du Canada, la langue française.


C’est à la racine de notre survie que le coup frappe, cette fois.


Dans l’indifférence ou l’ignorance et la négligence, le Québec endosse le coup.


Pour le gouvernement canadien, la marche a commencé en 1982 par une vaste révision en profondeur des programmes de l’Agence canadienne d’aide internationale, l’ACDI, peu de temps après le rapatriement et la modification unilatérale de la dite Constitution canadienne.


"L’Agence canadienne de développement international a été fondée en 1968 afin de gérer la majorité des programmes d’aide publique au développement du Canada en Afrique, au Moyen-Orient, dans les Amériques et en Asie." (Wikipédia)


Paul Gérin-Lajoie, par la création du ministère de l’Éducation du Québec et le lancement des vastes chantiers de construction d’institutions d’enseignement avait vivifié nos corporations professionnelles des domaines techniques et administratifs et mis les bases d’une industrie puissante et florissante, l’industrie de la construction.


Le ministère de la Santé n’avait pas tardé à endosser le pas en immobilisant des budgets substantiels dans la construction et les équipements de son réseau.


Avec la création de l’ACDI, Paul Gérin-Lajoie aux côtés de Pierre Elliot-Trudeau allait les projeter sur la scène internationale dans tous les domaines d’excellence dont les conditions climatiques et territoriales de notre vaste pays nordique nous avaient contraints à la maîtrise: infrastructures, architecture, ingénierie, construction, grands travaux, transport, communication, énergie, administration, éducation supérieure, entre autres.


Dès le début, le monde en développement s’est divisé en fonction de la langue nationale, entre les pays anglophones et les pays francophones.


Les entreprises québécoises ont développé des relations naturelles avec les régions francophones de l’Afrique et du Moyen-Orient et, par extension, avec les pays bilingues et anglophones du continent, à l’exception de l’Afrique du Sud.


Plus tard, elles aborderont les pays d’Amérique latine et de l’Asie du sud-est, trop tard pour y faire réellement leur marque.


De 1970 à 1990, les entreprises québécoises ont présidé à la construction des infrastructures les plus modernes et les seules que les pays africains aient connues jusqu’à récemment: routes, barrages et centrales hydroélectriques, ports de mer, aéroports, hôpitaux généraux, hôpitaux pour enfants, écoles d’ingénierie, écoles d’administration, universités, réseau international de télécommunications, exploration et exploitation minière, exploration pétrolière, etc.


La restructuration des programmes de l’ACDI autour des préoccupations sociales et villageoises, au détriment des infrastructures, de l’énergie, des transports et des télécommunications, entraînera l’effacement progressif de la présence québécoise au coeur du développement économique d’une vaste partie de la Francophonie, à partir de 1987-88.


Les Grands Travaux que nos entreprises ont livrés s’étaient révélés des cartes d’affaires efficaces entraînant leur inscription sur les listes internationales des entreprises soumissionnaires sur invitation et leur avaient assuré une place à la tête des grands consortiums internationaux, ailleurs dans le monde.


À partir de 1990, à mesure qu’elles disparaissaient du paysage des Grands Travaux sur le territoire où elles avaient travaillé à leur enracinement, elles ont peu à peu perdu ce statut pour être rétrogradées au statut de sous-traitants puis de fournisseurs.


Elles ont perdu leur voix à la table des décisions et de la répartition des marchés.


En 1995, les travaux d’entretien, réparation et restauration des infrastructures canado-québécoises dans les pays africains étaient donnés par appels d’offres, au mieux à la Norvège, l’Autriche, la Roumanie, au pire à la Chine ou aux Philippines.  Tous pays mineurs au chapitre des Grands travaux d’infrastructures.  En 20 ans, la Chine a réussi à occuper tout le territoire laissé vacant.


La présence québécoise au coeur du développement économique de la Francophonie avait procuré au Canada, à travers le Québec, un rôle politique et diplomatique paritaire et même parfois substitutif à celui de la France, dans un bon nombre de domaines.


Mais le Canada d’aujourd’hui, tout comme la France d’aujourd’hui, travaille à la destruction des États, des identités, des frontières, des particularités, des influences, des différences en faveur d’une insipide globalisation totalitaire à la botte d’une engeance d’oligarques du libéralisme sauvage.


Les allégations de mauvaise gestion et d’abus de toute sorte dont ont été chargées les épaules de la Secrétaire générale de la Francophonie depuis son entrée en fonction font partie de la panoplie de stratégies dont disposent les pouvoirs lorsqu’ils décident de la destruction systématique d’infrastructures politiques et diplomatiques qui leur sont devenues désuètes ou préjudiciables à leurs objectifs pour les faire servir à d’autres objectifs.


Notre environnement local, national et international est imbibé de réelles malversations alléguées ou prouvées sans que nous arrivions à en obtenir condamnation et réparation.


Pourquoi un tel déchaînement d’innacceptabilité sociale méticuleusement cultivée soit par le désintéressement ou l’inaction gouvernementale, soit par l’acharnement médiatique?


La Secrétaire générale pressentie pour l’Organisation internationale de la Francophonie, parrainée par la France, provient d’un pays qui incarne bien le modèle du Nouvel Ordre Mondial auquel adhèrent les chefs d’États des pays ayant préséance à l’OIF et, au premier chef, la dissolution de la langue française dans un bilinguisme factice dans un pays dont la diversité a été anéantie dans le sang.  Dans une entrevue, le 20 septembre, elle a qualifié le soutien du président français de "pragmatique" et elle a exprimé une perception bien lucide des véritables motivations de celui-ci.


Les changements climatiques ne sont pas la plus grande menace à la disparition de l’humanité.  La disparition de la diversité humaine par négation et négligence de sa valeur dans la perception et l’interprétation de la réalité et, en corollaire, dans l’organisation du monde, nous est bien davantage préjudiciable et à très court terme, à nous les humains.


Pour des raisons bassement prédatrices des ressources humaines, matérielles et financières du monde, dont nous sommes partie intégrante, les pouvoirs que nous nous donnons périodiquement détruisent notre âme, notre esprit, notre raison de vivre, la beauté du monde.


Il nous faudra à nouveau reprendre le collier et marquer notre territoire à notre odeur, celle de notre langue.


Mais cette fois, je suggère que nous nous arrimions à l’héritage réel de la Reine Victoria lors de son décès, en 1901.


Le Canada actuel en est très loin et, ce faisant, il ne trahit pas seulement le Québec mais toutes et chacune des provinces canadiennes auxquelles la mort de la Reine Victoria rendait leur liberté.


Les perturbations sont-elles assez grandes d’un océan à l’autre pour que les provinces s’assoient enfin ensemble autour de ce testament?


Je le souhaite pour la régénérescence de la Francophonie qui a grand besoin de nous et dont nous sommes un moteur essentiel, tout autant que pour le Canada réel, fédération à reconstruire autour des États indépendants que deviendraient les provinces tel que pressenti par le testament ressortant des lois et de leurs amendements tout au long du règne de Victoria jusqu’au jour de sa mort.


Nous ne sommes plus seuls mais il faut le savoir et le dire.  En Colombie-Britannique, un parti politique appelé "BC Refederation" cherche la voie de la réponse.


À Toronto, des cinéastes s’apprêtent à nous dépeindre notre condition constitutionnelle dans un film documentaire: LE CANADA EST UN MYTHE.


Sommes-nous à l’écoute?



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1 commentaire

  • Jean-Charles Morin Répondre

    14 octobre 2018

    Votre texte s'appuie sur des prémisses qui sont fausses.


    En tout premier lieu, le Québec n'était aucunement représenté au sein de l'OIF par l'ancienne secrétaire générale Michaëlle Jean. Cette dernière, ancienne gouverneure-générale du Canada, était un symbole de l'influence de ce pays et se définissait elle-même comme Canadienne et fédéraliste plutôt que Québécoise.


    De plus, quand vous parlez de "dissolution de la langue française dans un bilinguisme factice" en décrivant la situation actuelle au Rwanda, cette expression pourrait aussi, sinon bien davantage, s'appliquer au Canada de Justin Trudeau.


    Pour le Québec, il n'y aura toujours qu'une seule façon de se démarquer et de s'affirmer sur la scène internationale: en tant qu'état indépendant.