Le Québec remis en question comme jamais, selon Bouchard

Commission Bouchard-Taylor : un bilan et la suite

Lia Lévesque - En mettant fin à ses audiences publiques, le 14 décembre, le coprésident de la Commission Bouchard-Taylor, Gérard Bouchard, avait souligné que le Québec se remet en question comme jamais sur son identité et ses valeurs.


«Le Québec est en train de se remettre en question, du moins pour ce qui est des thèmes reliés à notre mandat. Le Québec est en train de se remettre en question, peut-être comme il ne l'a jamais fait auparavant», avait conclu le coprésident de la commission sur les accommodements raisonnables.
Ce sociologue et historien avait bien raison. Trois mois d'audiences et 22 forums régionaux l'ont démontré.
On a beaucoup dit de ces audiences qu'elles avaient servi à faire sortir la xénophobie, l'islamophobie, mais elles ont aussi servi à ce que les Québécois réfléchissent à ce qu'ils sont, à ce qu'ils veulent, ainsi qu'aux valeurs fondamentales qu'ils partagent.
C'est le 8 février que le premier ministre Jean Charest a annoncé la création de la «Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles». Plusieurs observateurs avaient alors conclu que le chef libéral voulait ainsi évacuer ce dossier chaud de la campagne électorale.
La Commission Bouchard-Taylor, du nom de ses deux coprésidents Gérard Bouchard et Charles Taylor, a suscité un intérêt indéniable du public: forums de citoyens très fréquentés, mémoires nombreux, des salles plus grandes ont dû être louées.
Le premier forum régional des citoyens a eu lieu à Gatineau, le 10 septembre. Les coprésidents ont ensuite sillonné le Québec pour terminer le tout par les audiences nationales à Montréal, du 10 au 14 décembre.
Des thèmes ressortent
Très rapidement, des thèmes sont ressortis. D'abord: l'intégration des immigrants passe par l'apprentissage du français et des fonds suffisants doivent être consacrés aux programmes de francisation.
Ensuite, l'intégration passe par l'emploi. Pour ce faire, les diplômes reçus à l'étranger doivent être plus facilement reconnus au Québec. De plus, les immigrants doivent pouvoir avoir accès à un emploi conforme à leurs qualifications. Aussi, la fonction publique devrait davantage s'ouvrir aux communautés culturelles.
L'égalité entre les sexes est aussi vite devenue une revendication quasi unanime qui doit guider les autorités dans l'évaluation d'une demande d'accommodement. Le gouvernement est d'ailleurs passé à l'acte dans ce domaine, déposant un projet de loi sur l'égalité homme-femme.
Une autre constante est revenue de la part des citoyens qui se sont adressés à la commission: un malaise certain face aux accommodements raisonnables pour motif religieux, perçus comme des concessions exagérées faites aux minorités religieuses.
Beaucoup ont aussi demandé que la pratique religieuse demeure dans la sphère privée.
Les médias et les dirigeants politiques ont été l'objet de bien des critiques durant cette commission. Plusieurs ont crié au sensationnalisme des médias qui ont rapporté les cas d'accommodements, sans y mettre les nuances requises. Plusieurs ont aussi critiqué les dirigeants politiques, leur reprochant de chercher à se faire du capital politique avec le malaise face aux accommodements raisonnables.
Recommandations?
Reste à voir ce qui ressortira de cette commission, qui doit remettre son rapport le 31 mars.
Les coprésidents recommanderont sans nul doute une campagne publique d'information sur les bienfaits économiques et sociaux de l'immigration pour le Québec.
Ils recommanderont sûrement aussi d'inciter les ordres professionnels à s'ouvrir davantage aux diplômés de l'étranger et à la reconnaissance de leurs acquis et de leur expérience.
Ils recommanderont sûrement aussi au gouvernement de mieux soutenir les organismes communautaires qui oeuvrent à l'intégration des immigrants, notamment en région, et de mieux financer les programmes de francisation.
Ils recommanderont vraisemblablement des guides ou une formation pour orienter les gestionnaires qui ont à faire face à des demandes d'accommodement.
- source


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé