Près de la moitié des immigrants choisis par le Québec pour répondre aux besoins du marché du travail partent pour d’autres cieux si, à leur arrivée, ils parlent l’anglais mais pas le français.
C’est ce que révèle une analyse, datée de juin 2015, de la Direction de la planification, de la recherche et des statistiques du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI).
Ainsi, dans la catégorie de l’immigration économique, c’est-à-dire les candidats sélectionnés en raison de leurs qualifications professionnelles, 46 % des immigrants admis entre 2004 à 2013 et qui ne parlaient que l’anglais (en plus, souvent, de leur langue maternelle) avaient quitté le Québec en 2015.
À des fins de comparaison, 84 % des immigrants qui connaissaient le français mais pas l’anglais à leur arrivée restent au Québec. Ce pourcentage baisse à 73 % pour les immigrants qui parlent à la fois le français et l’anglais, et à 68 % pour les nouveaux arrivants qui ne connaissent ni l’une ni l’autre de ces langues.
Connaissance du français
Si on se fie à ses données, miser sur des immigrants dont les qualifications professionnelles sont élevées, mais qui ne connaissent pas le français, comme le souhaite le milieu des affaires, n’est peut-être pas une stratégie gagnante. Lors des consultations sur le projet de loi 77 sur l’immigration en février, le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et l’Association des manufacturiers et exportateurs du Québec (AMEQ) ont tous plaidé pour un allégement des exigences en matière de connaissance du français pour privilégier l’adéquation entre les compétences professionnelles des candidats et les besoins du milieu du travail. Ainsi, l’AMEQ a demandé qu’on permette aux employeurs d’embaucher des travailleurs immigrants qui ne connaissent pas le français afin de contrer les pénuries de main-d’oeuvre.
L’importance du pays d’origine
D’une façon globale, le quart des 50 000 immigrants qu’accueille le Québec — ou 12 500 personnes — choisit de partir, le plus souvent pour s’installer dans les autres provinces canadiennes. Paradoxalement, ce sont les immigrants sélectionnés par le MIDI qui sont les plus susceptibles de quitter le Québec — près de 30 % d’entre eux s’en vont — même si ce sont les mieux outillés pour se trouver un emploi. Les réfugiés, qui ne sont pas sélectionnés en fonction de leurs compétences professionnelles, mais pour des motifs humanitaires, sont plus nombreux en proportion à rester : 80 % d’entre eux le font.
La provenance des immigrants importe. Les deux tiers des immigrants sélectionnés en provenance du Pakistan s’en sont allés, le même pourcentage ou presque que celui des immigrants de l’Inde. Seulement la moitié des immigrants en provenance de Chine et d’Iran choisissent de s’établir ici.
Selon Stephan Reichold, de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), deux raisons peuvent expliquer que des immigrants admis au Québec décident de s’installer ailleurs au Canada. Ils peuvent avoir dans d’autres provinces de la famille et des amis qui les invitent à les rejoindre. Ou encore ce sont les circonstances économiques — le chômage — qui les incitent à partir. M. Reichold a cité l’exemple de réfugiés du Bhoutan, installés dans la région de Joliette, qui s’en sont allés faute d’emplois. « Ils ne sont pas partis de gaieté de coeur. Ils aimaient la qualité de vie au Québec », a-t-il relaté.
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MIGRATION ÉCONOMIQUE
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