La politique a ses raisons que la raison ne connaît pas

Le principe des vases communicants

Tribune libre

Pour parodier un vieux proverbe qui dit que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », nous pourrions l’appliquer mutatis mutandis au PQ dans le dossier de l’aide sociale en disant que « la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas ».
En effet, lorsque, en 2004, le gouvernement Charest a présenté un projet de loi qui aurait pénalisé certaines catégories de bénéficiaires de l’aide sociale en octroyant une prime additionnelle à ceux qui accepteraient de participer à un programme de réinsertion sur le marché du travail, le PQ était monté aux barricades, qualifiant ce projet de "sournois, rétrograde et dangereux".
Neuf ans plus tard, la ministre péquiste de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, présente à son tour son projet de réforme de l’aide sociale, contesté de toutes parts, y compris par la Commission des droits et libertés, comme celui du ministre libéral Claude Béchard l’avait été à l’époque.
Si nous jetons maintenant un coup d’œil de l’autre côté du canal Rideau, le gouvernement Harper s’apprête à imposer une réforme de l’assurance-emploi critiquée elle aussi de toutes parts, particulièrement par les bénéficiaires qui y perçoivent, entre autres, une atteinte blessante à leur dignité de citoyens.
Mais revenons sur la colline de l’Assemblée nationale où nous assistons à un tollé de contestation de la part du gouvernement Marois relativement à la réforme proposée par Ottawa, si bien qu’il a décidé de répliquer aux intentions du gouvernement fédéral en créant une "commission nationale d’examen" pour évaluer les impacts de la réforme fédérale, alléguant que les conservateurs ne s’étaient basés sur aucune étude antérieure, soit dit en passant un des reproches adressés à Agnès Maltais dans son projet de réforme.
Dans toute cette saga qui prend des allures de tragi-comédie, cette commission nationale d’examen créée par le PQ m’apparaît être une façade politique qui ne fait que voiler les véritables impacts de la réforme fédérale, à savoir qu’elle aura pour effet d’amener les sans emploi qui seront privés des prestations de l’assurance-emploi à se retourner vers l’aide sociale…en termes clairs, à dégarnir le coffre de la ministre Maltais.
En réalité, nous assistons à la démonstration du principe des vases communicants...pour éviter que les prestations d’aide sociale ne s’accroissent à cause des effets de la réforme de l’assurance-emploi, le PQ s’attaque à la réforme fédérale via la création d’une espèce de commission qui coûtera 1,5 million $ aux contribuables québécois pour en arriver fort possiblement à la conclusion du statu quo de part et d’autre des deux paliers de gouvernement.
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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5 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    7 avril 2013

    @ Alain Maronani
    Ce qui n’a pas de sens, et n’en a jamais eu, c’est qu’un prestataire de l’Aide Sociale à Gaspé reçoive le même barème que celui qui vit à Montréal. Les besoins sont les mêmes, mais leurs coûts sont bien différents.
    La pauvreté et les soupes populaires, l’itinérance, ce sont des phénomènes très urbains. D’autre part, le réseau fédéral détermine les taux de chômage des régions, ce qui ouvre ou ferme la porte à l’entrée des travailleurs saisonniers aux bénéfices de l’assurance-emploi. On ne peut pas me soupçonner de charger les acadiens (Haché), mais longtemps les travailleurs saisonniers acadiens ont eu droit aux prestations d’assurance emploi alors que pour les québécois c’était le b.s. Méchante différence.
    Une ouverture pourrait être faite dans la loi, (avec nonobstant au besoin), de façon à rééquilibrer les prestations, permettant d’inclure ceux que la réforme et le réseau fédéral auraient exclus. Il s’agirait de commercer petit, selon nos moyens. Comme il y a très longtemps avec Hydro-Québec !
    Mais devinez-donc laquelle des madames viendrait faire snif-snif sur « encore les coupures » ? Toujours la même gang anti-Nous !


  • Alain Maronani Répondre

    7 avril 2013

    @Lise Pelletier
    Cet argent, ce surplus qui provient de Ottawa, sert a indemniser les chomeurs...pour leur permettre de vivre.
    Le coût supplémentaire de 1 milliard de $ par an, sur le budget québécois, que nous devrions assumer, ne tient pas compte du personnel fédéral supplémentaire, que nous devrions probablement intégrer.
    Si vous donnez cet argent directement aux compagnies, responsables des licenciements en passant, comment pouvez-vous continuer à indemniser les chomeurs ?
    Avec quel argent ?
    Actuellement au Québec, en subventions directes ou indirectes, il se distribue près de 8 milliards de $ par an ...Je pense que c'est assez (beaucoup trop pour moi en tout cas...).
    La fédéral, c'est un gouvernement conservateur, même réactionnaire après tout, veut forcer les gens à travailler, n'importe quoi ou presque, la réside le problème.
    Il faudra bien un jour, se poser le problème des régions éloignées, ou les gens vivotent systématiquement de l'assurance chomage, année après année, ou tout développement est difficile car trop éloignées des centres urbains (Gaspésie par exemple).
    Quel est le coût collectif que nous sommes prêts à assumer pour pouvoir assurer l'occupation du pays ?
    Doit on fermer des villages ?
    Permettre l'occupation de certaines zones seulement a certains moments (c'est déjà le cas dans un certain nombre d'endroits) ?
    etc, un problème politique que l'on préfère glisser sous le tapis...
    Le fédéral lui considère uniquement son déficit...

  • Lise Pelletier Répondre

    7 avril 2013

    M.Maronani,
    J'ai peu de connaissance en économie même si j'essaie de suivre tout ce qui s'y passe.
    Voici ma question pour vous :
    Si le fédéral envoie au Québec 1 milliard de plus qu'il ne reçoit en cotisations du Québec..
    Supposons que le Québec récupère cette compétence et la gère, peut-on supposer qu'en plaçant cet argent dans des compagnies québécoises (PME) ayant un sens national en profite pour agrandir leurs entreprises et engager du personnel, cela pourrait à moyen terme être un bon choix pour le Québec ?
    Merci !

  • Alain Maronani Répondre

    7 avril 2013

    @Henri Marineau
    "En réalité, nous assistons à la démonstration du principe des vases communicants...pour éviter que les prestations d’aide sociale ne s’accroissent à cause des effets de la réforme de l’assurance-emploi"
    Ceci est largement inexact car la quasi totalité de ceux qui ne pourront plus se prévaloir de l'assurance chômage sont dans bien des cas, trop riches (!!!) pour se prévaloir de l'aide sociale, car les conditions pour l'obtenir sont très restrictives;
    Valeur de votre automobile (pas plus de 10.000 $).
    Valeur de votre maison (pas plus de 80.000 $).
    Votre compte bancaire, surveillé en permanence par le gouvernement.
    etc...
    En fait avant de pouvoir obtenir quoi que ce soit vous devez être à la rue, ou peu s'en faut...revendre tout ce qui ne vous permet pas d'être à l'aide sociale, dépenser l'argent (ou le cacher), etc...
    L'opération est, au point de vue financier, sans coûts significatifs pour le gouvernement.
    Pour l'indemnisation du chomage, je l'ai déjà dit, Ottawa nous fait parvenir, 1 milliard de $ de plus que ce que nous envoyons dans les caisses du fédéral.
    Financer nous-même ce poste budgétaire nécessiterait d'augmenter de facon sensible les cotisations des salariés et des employeurs.
    Je n'ai pas l'impression que ce soit a la mode.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2013

    Merci pour votre message. Malheureusement, les fanfans du PQ Marois n'y liront que "bla bla bla".
    Et la gouvernance souverainiste, déjà, et comme plusieurs le prédisait, ne va pas rassembler les Québécois, mais les diviser davantage, comme je le démontre dans cet article:
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2013/04/07/gouvernance-souverainiste-les-provincialistes-et-la-droite-gagnants-9960.qc