Le président ghanéen invite les descendants d'esclaves et la diaspora à «rentrer à la maison»

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Bravo au Ghana ! La remigration, seule solution pour mettre fin aux clivages ethniques qui secouent l'Occident


2019 marque le lancement de «l'année du retour» qu'a appelé de ses vœux le président ghanéen Nana Akufo-Addo. Son but ? Que la diaspora, mais également les descendants d'esclaves qui résident, notamment, aux Etats-Unis, s'établissent dans le pays.


Sous l'impulsion de son chef de l'Etat, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, le Ghana inaugure en ce mois de janvier «l'année du retour» : une série de mesures incitatives à destination de la diaspora ghanéenne et des descendants d'esclaves.


 

«Nous savons les succès extraordinaires et la contribution qu'ils ont apportés en Amérique, et il est important que, 400 ans plus tard, nous célébrions leur courage et leur sacrifice», avait déclaré le natif d'Accra, annonçant une série de festivals et d’événements commémorant les victimes de l'esclavage.



C'est le manque d'opportunités qui pousse les jeunes à partir



Le Ghana a toujours maintenu des liens importants avec les Etats-Unis, et le président actuel du pays n'est pas le premier à faire des appels du pied à la diaspora. Le père de l'indépendance, Kwame Nkrumah, avait déjà tenu des propos en ce sens. En l'an 2000, le Parlement ghanéen a en outre voté une loi permettant à toute personne de la diaspora de s'installer et de travailler plus facilement dans le pays.


La ministre du tourisme Catherine Abelema Afeku a encore simplifié l'obtention des visas et fondé Panafest, un festival de théâtre, pour que puissent se rencontrer les artistes africains et ceux de la diaspora «autour des questions de l'esclavage». 


Le Ghana tente également de devenir plus attractif pour ses ressortissants partis vivre à l'étranger. Lors de la visite du président français Emmanuel Macron fin 2017, son homologue ghanéen s'était engagé à «convaincre la jeunesse que les opportunités sont ici, chez nous». «C'est le manque d'opportunités qui pousse les jeunes à partir», avait-il martelé.


«Un plus pour le tourisme et le vivre-ensemble»


Que ce soit pour les Ghanéens de la diaspora ou les anciens descendants d'esclaves, le message du gouvernement et de ceux qui ont déjà fait le voyage est le même, détaille l'AFP dans un reportage : «On vous aime ici. Rentrez à la maison.»


 

L'agence conte le parcours de plusieurs ressortissants afro-américains ayant franchi le pas. La dénommée Sicley Williams, fatiguée par l'ambiance «toxique» de la politique américaine depuis l'arrivée de Donald Trump, a quitté son Chicago natal pour s'installer au Ghana et travaille désormais comme instructrice de yoga après avoir ouvert une chaîne de spas dans la capitale.



C'est plus agréable de vivre dans un endroit où tu te sens plus accepté, plus libre, plus enclin à être qui tu es vraiment, et bien sûr, d'être entouré de gens qui te ressemblent



«Le climat aux Etats-Unis était vraiment négatif, particulièrement autour des questions raciales», raconte-t-elle. «C'est plus agréable de vivre dans un endroit où tu te sens plus accepté, plus libre, plus enclin à être qui tu es vraiment, et bien sûr, d'être entouré de gens qui te ressemblent», explique-t-elle encore à l'AFP. 


Christabel Dadzie a elle vécu pendant dix ans aux Etats-Unis avant de revenir au pays et d'y fonder Ahaspora Young Professionals, une startup qui accompagne les Ghanéens émigrés à se réinstaller dans leur patrie.



En revenant, tu trouveras toujours un petit endroit pour faire ce dont tu as envie et changer un peu le pays



Grâce à un réseau d'adhérents d'environ 2 000 personnes, elle soutient la recherche d'un emploi, de logement, ou la gestion des problèmes du quotidien de ceux qui sont revenus à Ghana. Pour elle, l'arrivée des «returnees» au Ghana «est un plus pour le tourisme et le vivre-ensemble». Mais c'est aussi, bien sûr, un énorme avantage pour l'économie de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, qui a connu un record de croissance en 2018 grâce à la récente exploitation du sous-sol pétrolier. «En revenant, tu trouveras toujours un petit endroit pour faire ce dont tu as envie et changer un peu le pays», raconte enfin Debo Azu, rentrée elle aussi au Ghana après onze ans passés au Canada.


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