Le Premier ministre polonais vivement critiqué après avoir évoqué «les auteurs juifs» de la Shoah

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La Pologne refuse de revoir sa loi mémorielle condamnant l'expression « camp de la mort polonais »

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawieck a provoqué la polémique après avoir évoqué les «auteurs juifs» de la Shoah alors qu’il défendait la récente loi censée défendre son pays contre les accusations de complicité dans le génocide juif.


La promulgation de la récente loi prévoyant trois années de prison pour les personnes, y compris les étrangers, accusant la nation ou l'Etat polonais de participation aux crimes de l'Allemagne nazie, continue de susciter la colère de ses détracteurs.


Interrogé par le journaliste israélien Ronen Bergman, qui demandait s’il était passible d’une condamnation dans le cas où il raconterait l'histoire de membres de sa famille, déportés après avoir été dénoncés à la Gestapo par des Polonais, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a répondu : «Ce ne sera pas puni, ce ne sera pas considéré comme criminel que de dire qu'il y avait des auteurs polonais [du génocide juif], tout comme il y avait des auteurs juifs, des auteurs ukrainiens ou allemands.»


Il a poursuivi : «Bien sûr qu'il n'y aura pas de poursuites contre les gens qui disent qu'il y avait des auteurs polonais, car il y en avait. Mais nous ne pouvons mélanger auteurs et victimes car ce serait une insulte envers tous les juifs et tous les Polonais qui ont tant souffert pendant la Seconde Guerre mondiale.»


Une déclaration qui passe mal en Israël 


Après cette déclaration faite à Munich, dans le cadre de la Conférence sur la sécurité, les réactions hostiles ne se sont pas fait attendre. «Il y a un problème lié à une incapacité de comprendre l'histoire et un manque de sensibilité face à la tragédie de notre peuple», a fait savoir le Premier ministre israélien dans un communiqué, après avoir qualifié les propos du chef du gouvernement polonais de «scandaleux». Le chef du gouvernement israélien avait déjà accusé la Pologne le 27 janvier de vouloir «changer l'histoire». 


Même son de cloche auprès de Noa Landau, journaliste au quotidien israélien Haaretz. Sur Twitter, il a notamment accusé la salle qui, après avoir applaudi à la question du journaliste, serait restée silencieuse après la réponse formulée par le responsable polonais.  






Les dirigeants israéliens et des organisations juives internationales voient dans l’adoption de cette loi une tentative de nier la participation de certains Polonais au génocide juif, voire d'empêcher les survivants de la Shoah de raconter leur expérience – ce que Varsovie dément catégoriquement.