Chaque fois que M. Poutine, la chancelière Mme Merkel, le premier ministre italien ou chinois prennent la parole à l'international, ils s'expriment dans leur langue maternelle respective, et leurs propos sont traduits dans les autres langues par des interprètes.
Lors d'une visite officielle d'un chef d'état à un autre, un interprète traduit au fur et à mesure de la conversation ce qu'ils ont à se dire. C'est là la façon de faire courante et normale.
Dans toutes ces circonstances, il n'existe aucune obligation de devoir parler couramment anglais ni même d'en connaître les rudiments, ni aucune autre langue que sa langue maternelle d'ailleurs.
Si on comptait un million de Chinois au Québec à la place des anglophones, est-ce que le premier ministre serait tenu d'apprendre le mandarin pour s'adresser à ce segment de la population? La réponse est non, pas le moins du monde. Même pas un bonjour/Ni hao. Il en va de même pour l'anglais.
Il serait bon qu'on respecte ce grand principe directeur en tout temps au Québec. Chaque fois qu'un premier ministre québécois prend la parole en public, il importe que ce soit uniquement dans la seule langue officielle de la nation québécoise, le français.
On doit utiliser le français exclusivement dans toutes les circonstances qui se présentent: lorsque le gouvernement québécois fait une déclaration à l'échelle de la province, du Canada, ou à l'international; lorsqu'il s'adresse aux médias, incluant les médias anglais. Il doit en aller de même lorsqu'un représentant du cabinet ou de l'appareil gouvernemental s'exprime au nom du gouvernement.
À la télévision anglophone, on diffusera ces déclarations en français avec sous-titres, en laissant entendre le français en ondes même lorsque c'est une station anglaise. On ne couvrira plus la voix française par celle d'un traducteur.
En toute logique, cette approche devrait être adoptée également au niveau municipal, à plus forte raison à Montréal où la prédominance du français doit être constamment réaffirmée. Mais quant au niveau fédéral, n'y comptons pas trop...
Que les journalistes anglophones se paient des traducteurs ou apprennent la langue. Qu'un journaliste ne comprenne pas le français de nos jours au Québec est inconcevable. Peut-on imaginer un correspondant de presse dépêché en Suède ou au Vénézuéla qui ne comprendrait pas la langue du pays? Ce serait se couper de l'accès direct à l'actualité, le rendant inapte à la couverture adéquate des événements.
Si on lui pose une question en anglais, ce qu'il faut considérer comme une impolitesse au Québec, le premier ministre y répondra en français. Il pourrait même faire la sourde oreille et exiger qu'on reformule la question en français pour mériter une réponse.
Cette façon de faire devient une affirmation de notre différence, du fait établi que nous formons une société distincte, un rappel jamais superflu que nous continuons à être ce que nous avons toujours été.
Le message envoyé à l'international doit être clair: au Québec, on ne parle pas la même langue qu'au Canada.
Autrement, cela porterait à croire que les Québécois se mettent à parler anglais dès qu'ils sortent de chez eux, et que le français n'est plus qu'un dialecte parlé à la maison entre indigènes. Un peu comme un Canadien polonais qui ne parle polonais qu'à la maison, mais transfère à l'anglais dès qu'il met les pieds dehors.
En passant automatiquement à l'anglais, c'est comme si on laissait entendre que dès qu'un Québécois sort de chez lui, il se met à parler couramment anglais comme tout le monde au Canada pour prouver qu'il fait partie du monde civilisé.
Ceux qui voudraient que le gouvernement du Québec se serve de l'anglais font preuve d'une lamentable attitude de pauvres colonisés. Ils réagissent comme des agenouillés soumis à la domination fédérale et à sa majesté la Reine, les figures d'autorité qu'ils ne voudraient pour rien au monde froisser ou irriter. On dirait qu'ils craignent d'être rabroués, ou qu'ils sont tout honteux à l'idée de se faire prendre à parler ce qu'ils considèrent être la langue du peuple vaincu de 1759.
L'usage exclusif de la langue française à tous les niveaux de communication envoie un éclatant message d'affirmation identitaire de la nation québécoise à travers le monde. C'est la façon par excellence d'afficher notre différence, notre caractère distinct, notre unicité. On met le point sur notre i.
Et plus cela frappera les esprits, le mieux ce sera.
"Tiens, tiens, on parle donc français au Québec?", s'étonnera-t-on peut-être à Mexico, Tokyo, Rome, Vienne ou Prague. Mais certainement, messieurs dames, et depuis toujours.
Car le Québec est loin d'être le Canada.
Ne nous gênons pas de le souligner chaque fois que l'occasion se présente.
Et toujours en français, s'il-vous-plaît.
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1 commentaire
André Gignac Répondre
6 mars 2018Monsieur Labrie
Il y a un bon article pour vous dans l'Actualité de Vigile d'aujourd'hui sur le français. C'est intitulé: PARLER L'ANGLAIS RENFORCE LA FRANCOPHONIE selon Emmanuel Macron. Ça parait qu'il connaît mal la situation linguistique du Québec, M.Macron!
André Gignac 6/3/18