Le PQ s'offrira une cure de jeunesse et de diversité

Entrevue avec Gabrielle Lemieux, la nouvelle présidente du parti.

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Me semble que nous l'avons déjà entendu celle là ! La diversité et les jeunes pour sauver le PQ...

QUÉBEC – La nouvelle génération qui prend le relais à la présidence du Parti québécois a l'intention de changer l'image de têtes blanches qui est accolée au parti.







La présidente Gabrielle Lemieux, 31 ans, promet d'être « très proactive » pour attirer les jeunes, les femmes et les personnes des minorités visibles dans ses rangs à temps pour les prochaines élections. Comment compte-t-elle s'y prendre ? Tour d'horizon.










HuffPost Québec : Vous êtes donc la nouvelle présidente du Parti québécois. Qu'est-ce qui va changer concrètement maintenant qu'une jeune femme préside le parti?


Gabrielle Lemieux : D'abord, je pense que ça vient changer les choses avec l'approche que j'ai. Oui, je pense que j'ai une approche que les jeunes recherchent un peu plus ou s'attendent à voir dans les partis politiques comme changement. Je pense que ça change aussi l'image, évidemment. Je pense que je suis la preuve que le Parti québécois est ouvert aux femmes, ouvert aux jeunes. Donc c'est un travail continuel qui va se poursuivre dans les prochains mois et les prochaines années.







On a beaucoup dit, dans la dernière année, qu'on était ouvert et qu'on voulait accueillir un plus grand nombre de jeunes, un plus grand nombre de membres de la diversité, plus de femmes, plus de jeunes des milieux d'affaires également. On travaille fort là-dessus.










Quelle est cette approche « jeune » dont vous parlez?


Je pense que les jeunes souhaitent plus de propos positifs de la part des politiciens. Donc, c'est très facile d'être dans un point de vue plus critique, plus négatif, c'est normal aussi, mais il faut toujours faire un petit effort pour aller chercher le positif, toujours parler de ce qu'on propose aussi, plutôt que simplement critiquer. Il y a des choses comme cela que les gens vont voir comme changement. Les discours négatifs expliquent beaucoup, je pense, le cynisme de la population à l'égard des politiciens. Je vais essayer de faire mon petit bout de chemin pour travailler à changer un petit peu l'image que les gens peuvent avoir des politiciens.






Parlant de cynisme, on a vu deux candidats se retirer dans l'élection partielle dans Louis-Hébert cette semaine pour des allégations de harcèlement au travail. Les citoyens ont-ils des standards plus élevés en matière d'intégrité ? Est-ce que cela donnera le ton pour les prochaines élections générales?


Je ne pense pas que ce soit un nouveau standard. Je ne pense pas nécessairement que les citoyens sont plus sévères ou moins sévères qu'ils l'étaient. Peut-être qu'on a accès à plus d'information sur la vie des gens, c'est normal avec les réseaux sociaux. Mais je pense que les gens s'attendent à un minimum et, clairement, le candidat de la CAQ et le candidat des libéraux n'ont pas respecté ce minimum-là.




Je pense qu'il faut être très critique envers ce genre de comportement. On est dans une époque où on en parle de plus en plus d'intimidation, que ce soit sur les campus, à l'école ou ailleurs. On est aussi à une époque où on se sensibilise de plus en plus au fait que les femmes n'ont pas toujours le respect qu'elles méritent. Alors malheureusement, je pense que ça a été un exemple de ces deux phénomènes-là dans le cas d'Éric Tétrault.




Donc oui, il faut être très strict, il faut être sévère par rapport à ça et je pense qu'on peut se permettre de juger le gouvernement sur ce choix de candidat versus les propositions qu'il est en train d'offrir pour lutter contre l'intimidation. Il faut voir comment on peut rendre le message plus cohérent à ce niveau-là.







Vous avez promis, en tant que présidente, de recruter plus de femmes, de jeunes, de personnes issues des communautés culturelles. Comment le PQ compte-t-il s'y prendre?


Premièrement, j'ai l'intention d'être très proactive là-dessus. On sait que ça va être un défi, mais comme je le disais tout à l'heure, je pense que je suis la preuve que le Parti québécois est tout à fait ouvert à avoir des femmes et des jeunes dans des postes d'importance, avec Ève-Mary Thaï Thi Lac, une fière représentante de la communauté vietnamienne.




C'est clair que, sur le terrain, il faut avoir un plan très concret avec les 125 associations de circonscriptions pour que ces gens-là, dans les exécutifs de comté, soient en recrutement continu par rapport aux femmes, aux jeunes et aux gens de la diversité. Puis c'est vraiment de les inviter, de les impliquer, de leur donner des responsabilités au sein des exécutifs et de leur montrer qu'au Parti québécois, on est extrêmement accueillants, extrêmement ouverts.





On le dit souvent : ça prend beaucoup plus de travail pour convaincre les femmes de faire le saut en politique. Quelle sera la stratégie du PQ pour les recruter ?


Je pense que c'est d'abord en présentant nos idées. Au Parti québécois, on est un parti féministe. On a des idées pour les femmes et pour les familles, notamment. Et de faire connaître ces idées-là et d'aller à leur rencontre sur la base de ces idées-là, je pense que c'est une première façon très concrète de les attirer chez nous. Je pense qu'il faut aussi être patients, parfois. Les femmes sont très impliquées dans leur milieu, souvent, elles sont très proches de leur famille ou encore elles s'occupent d'un aîné comme proche aidante. Sans compte les enfants et le travail également... Donc ce sont des personnes occupées, des personnes qui donnent déjà beaucoup autour d'elles, alors il faut être patients quand on veut les attirer chez nous.




Puis je pense à Véronique Hivon, par exemple, et Catherine Fournier, une très jeune femme, qui héritent de dossiers importants au sein du parti. C'est un signal très clair qu'on envoie à l'effet qu'au Parti québécois, non seulement on a des femmes, on a des femmes qui ont des dossiers importants et qui sont capables de les mener de front.






Les sondages démontrent que l'indépendance est en perte de vitesse chez les jeunes. Vous aviez vous-même neuf ans lors du référendum de 1995. Quelle sera la stratégie du PQ pour les convaincre de l'utilité d'un projet de pays ?


Comme candidate à la présidence, ce que j'avais proposé dès le départ, c'était de faire des activités d'animation politique dans toutes les circonscriptions du Québec. Donc, de faire des soirées-conférences, d'aller voir les gens là où ils sont. On pourrait avoir des invités de marque comme des membres de l'Assemblée nationale de notre caucus ou encore des indépendantistes qui ont leur vision à présenter.




C'est sûr que la formule de la conférence plus pédagogique pourrait ne pas convenir à tout le monde. Donc, c'est clair qu'on veut aller sur les réseaux sociaux, là où les jeunes sont aujourd'hui, faire du porte-à-porte aussi. On veut aller dans les milieux sociaux, culturels, économiques, communautaires et voir comment l'indépendance peut leur faire faire des gains.







Donc, il vous faut une sorte de « Faut qu'on en parle » au PQ ?


Possiblement ! Je pense que c'est en faisant la promotion de notre programme et de nos idées qu'on va rejoindre les gens. Je pense qu'il y a tellement une belle diversité de raisons pour lesquelles on peut être indépendantiste. Pour moi, ça pourrait être pour des raisons de cœur, d'attachement à ma culture, à ma langue. Pour quelqu'un d'autre, ça pourrait être des avantages économiques d'un Québec souverain. Il ne faut plus être gêné de parler de toutes ces raisons à notre façon et de voir aussi leurs problématiques, partir de leurs besoins et voir comment la souveraineté peut y répondre.




Évidemment, l'indépendance n'est pas la réponse à absolument tout. Mais lorsqu'on compare la performance qu'un Québec aurait comme pays versus celle qu'on a comme province, c'est assez étonnant de voir à quel point ça règle beaucoup de problèmes.







Comment expliquer que le Parti québécois est actuellement troisième dans les sondages ?


Il y a plusieurs raisons qui pourraient l'expliquer. C'est sûr que, dans les dernières années, on a eu deux courses au leadership, donc évidemment, ça fait qu'on s'est beaucoup questionnés, on a beaucoup débattu entre nous. Là, ça fait à peine un an qu'on a un nouveau chef, donc j'espère que ce congrès aura permis à l'ensemble du Parti québécois de s'unir, de se serrer les coudes et de partir l'année pré-électorale avec un élan nouveau. Ça va paraître dans les sondages, ce nouvel élan-là du Parti québécois.







L'entrevue, menée avant le début du congrès, a été éditée et condensée à des fins de compréhension.





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