ÉVASION

Le PQ demande la démission de Lise Thériault

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Et comment !

Le Parti québécois a réclamé jeudi la démission de la ministre Lise Thériault, après la publication d’un document sur les conditions de détention de trois accusés qui se sont évadés en hélicoptère samedi dernier.
Le député péquiste Pascal Bérubé a déclaré que le juge Louis Dionne n’avait pas abaissé la cote de sécurité des trois hommes, contrairement à ce que Mme Thériault a laissé entendre.
«Le juge a émis un certain nombre de commentaires, notamment qu’il n’a pas pu abaisser lui-même [la cote de sécurité]», a-t-il dit dans un point de presse.
Lundi, Mme Thériault avait pourtant attribué à de nombreuses reprises cette décision au magistrat de la Cour supérieure, qui entendait le procès pour trafic de stupéfiants des trois accusés.
En réponse à une question de M. Bérubé sur les raisons de cet assouplissement, la ministre avait attribué cette responsabilité à M. Dionne, ancien directeur des poursuites criminelles et pénales.
«Les mesures de sécurité dont le collègue pose la question [sic] ont été abaissées parce qu’il y a eu des requêtes qui ont été présentées devant un juge, et les gens au centre de détention se doivent d’appliquer le jugement qui a été rendu par le juge, a-t-elle dit en Chambre. C’est la seule raison.»
Mme Thériault avait également affirmé que M. Dionne avait abaissé la cote de sécurité vendredi dernier, alors que le magistrat a déclaré jeudi qu’il ne siégeait pas.
Jeudi, le juge Dionne a partiellement levé un interdit de publication pour une décision qu’il a rendue le lundi 24 mars dernier concernant les mesures de sécurité imposées à Yves Denis, Denis Lefebvre et Serge Pomerleau, pendant leur procès au palais de justice de Québec.
Selon le document, le juge Dionne a accepté que les trois hommes ne portent de contraintes qu’aux chevilles pendant l’audience du tribunal, en plus de leur permettre de prendre des notes. Le magistrat autorisait aussi les accusés à des sorties dans la cour du centre de détention de Québec, en soirée, les jours où le procès se déroule, soit en semaine.
Un hélicoptère est cependant allé les cueillir dans une cour de l’établissement samedi dernier, alors que le tribunal ne siégeait pas.
Selon M. Bérubé, Mme Thériault a mal géré le dossier depuis ses premières interventions publiques lundi, où elle attribuait au juge Dionne des décisions qu’il n’a pas prises.
«Le premier ministre doit demander la démission de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, a-t-il dit. [...] Pour nous, cela est une crise importante qui mine la confiance des citoyens envers nos institutions, c’est pourquoi nous demandons au premier ministre d’agir pour rétablir la confiance envers une institution fondamentale.»
Dans un corridor de l’Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard a par la suite déclaré que Mme Thériault diffuserait un communiqué.
«Elle a ma confiance», a-t-il dit brièvement.
Dans le communiqué, Mme Thériault ne fait aucune mention des éléments rendus publics par le juge Dionne, se limitant à dévoiler qu’une enquête administrative, annoncée mercredi, sera confiée à l’avocat Michel Bouchard, ancien sous-ministre à la Justice, qui devra déposer ses conclusions d’ici au 31 août.
Son mandat aura cependant pour objectif de faire la lumière sur «les conditions de détention en lien avec l’attribution de la cote de sécurité» ainsi que «le rôle des intervenants susceptibles d’influencer l’évaluation des cotes de sécurité».
Nuance
Pour une nouvelle fois jeudi, Mme Thériault s’est retrouvée sur la défensive, en Chambre, après avoir affirmé dans une entrevue radio que les communications gouvernementales sont entravées par des menteurs.
Mme Thériault n’a pas précisé l’origine de ces informations mensongères dans l’appareil gouvernemental.
«Il y a des fois où j’ai dit des choses sur la place publique, où on m’a affirmé que c’était ça, même par papier écrit, et finalement il y avait des nuances à faire qui n’ont pas été faites, a-t-elle dit sur les ondes d’une station de radio. Est-ce qu’il y a des gens qui mentent quelque part dans l’appareil? Certainement. L’enquête administrative va se pencher sur ça aussi.»
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a estimé que les allégations de Mme Thériault laissent planer un doute sur la probité des sous-ministres et du directeur de la Sûreté du Québec, Mario Laprise.
«Une ministre, ça ne parle pas au dernier employé dans une prison, ça parle au sous-ministre, ça parle au dg de la SQ, a-t-il dit en Chambre. C’est important de savoir aujourd’hui : est-ce que le premier ministre a toujours confiance dans le sous-ministre à la Sécurité publique, le dg de la SQ et le sous-ministre associé aux services correctionnels, oui ou non?»
Alors que Mme Thériault a exprimé sa certitude d’avoir été victime de menteurs dans l’appareil gouvernemental, M. Couillard a été plus nuancé, dans sa réponse au chef caquiste.
«Je ne dispose aujourd’hui d’aucune information factuelle et avérée me permettant de réviser ce lien de confiance essentiel», a-t-il dit.
Attendre les résultats
Selon le communiqué diffusé en fin de journée sur le mandat de l’enquête administrative, Mme Thériault a demandé au ministère de la Sécurité publique, incluant la direction générale des services correctionnels, de collaborer avec M. Bouchard et elle s’attend à la même chose de la Sûreté du Québec. Le ministère de la Justice est aussi visé par les travaux de M. Bouchard.
L’enquêteur sera libre de décider ce qui peut être rendu public sans compromettre ni les procédures judiciaires en cours ni les mesures de sécurité dans les centres de détention, indique le document.
«S’il y a eu des manquements par certaines personnes à certains égards, les mesures requises seront prises», a conclu la ministre.
M. Bouchard devra également analyser les circonstances entourant l’évasion de samedi dernier, ainsi que les mesures mises en place par le ministère de la Sécurité publique à la suite d’une première évasion héliportée à Saint-Jérôme, en mars 2013.
Les communications entre la Sûreté du Québec et les autorités carcérales lorsqu’un complot d’évasion est suspecté seront aussi l’objet de l’enquête.
Par Alexandre Robillard


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