Le PQ défend son projet de loi sur l'identité

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue


Rémi Nadeau - Le Parti québécois continue de défendre son projet de loi sur l'identité, attaqué de toutes parts, et qualifié de xénophobe par le Centre de recherche-action sur les relations raciales et B'nai Brith Canada.



Conscient que son initiative soulève un tollé, le PQ a demandé au député de Lac St-Jean et constitutionnaliste, Alexandre Cloutier, de calmer le jeu, ce jeudi.
«C'est un projet où l'on veut être le plus inclusif possible, et il nous apparaît pas déraisonnable du tout que les immigrants aient une connaissance appropriée de la langue française pour obtenir leur citoyenneté», a expliqué M. Cloutier.
Selon lui, le conseiller juridique de B'nai Brith, Steven Smilovitch, est allé trop loin, en affirmant que la pièce législative controversée du PQ est digne des partis d'extrême-droite d'une certaine époque de l'Europe de l'Est.
«Je suis très mal à l'aise, sous aucune forme le Parti québécois peut être associé (à ces partis)...j'ai de la difficulté à m'expliquer ces propos qui me paraissent exagérés», a-t-il commenté.
Il a aussi répondu aux adversaires politiques du PQ, qui qualifient la démarche de brouillonne et improvisée. «Au contraire, c'est un projet de loi qui est travaillé depuis plusieurs mois, avec des grands spécialistes québécois.»
M. Cloutier, qui est l'un des quatre députés péquistes ayant rédigé le texte, soutient que les parlementaires devraient accepter au moins d'en débattre, avant de le jeter à la poubelle en raison de l'article prévoyant l'interdiction de briguer les suffrages pour les nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas le français.
«Le seul élément qui fait litige, c'est cette disposition bien précise, mais tout le reste, il n'y a personne qui conteste sa valeur juridique», a-t-il plaidé.
Pour leur part, libéraux et adéquistes ont continué d'attaquer sévèrement le PQ à ce sujet.
En marge d'une allocution devant l'Association des manufacturiers et exportateurs, à Québec, le premier ministre Jean Charest s'est dit déçu de l'attitude de la chef péquiste.
«Que Mme Marois persiste malgré le fait que tout le monde le dénonce pour de bonnes raisons, cela me déçoit», a indiqué M. Charest, selon qui la chef péquiste «devrait dire qu'elle a compris le message et mettre ça de côté».
Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, a profité de la publication d'un sondage Léger Marketing dans Le Journal de Montréal, démontrant que 44 pour cent des répondants sont en faveur du projet, tandis que 46 pour cent sont contre, pour répéter que le PQ divise la population.
«Je pense que nous en avons une belle démonstration», a dit le ministre, qui a aussi fait allusion à la vive réaction de B'nai Brith.
«Il y a beaucoup de gens qui sont heurtés par le projet de loi de Mme Marois, et qui considère que, s'il devait être adopté, ils deviendraient des citoyens de seconde classe à l'intérieur du Québec.»
Plus tôt dans la journée, le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont a accusé Pauline Marois d'emprunter des sentiers sinueux, rompant ainsi avec une certaine tradition au PQ.
«Dans le passé, les chefs du PQ ont été des remparts contre des militants radicaux qui empruntaient des parcours sinueux en matière d'identité. Quand c'est la chef qui utilise les parcours les plus sinueux, ça c'est inquiétant pour le Québec», a illustré l'adéquiste.
Au cours de la période de questions à l'Assemblée nationale, des membres du gouvernement ont aussi profité de chaque occasion pour écorcher Pauline Marois.
Ainsi, la ministre de l'Immigration, Yolande James, après avoir commis un lapsus alors qu'elle répondait à une question de Mme Marois, a cherché à tourner la chef péquiste en dérision.
«Excusez-moi, ça m'arrive de faire des fautes de français, j'espère que la députée ne voudra pas m'enlever ma citoyenneté», a dit Mme James, provoquant des rires chez ses collègues libéraux.


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